X. Jouet favori.

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– Eloween et moi, on n'y voyait pas d'inconvénient, à condition que tu crèves là-bas. Crache le brun dans ma direction.

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– J'aurais préféré crever il y a longtemps. Je réponds dans un souffle.

Youri a essayé de me retenir après l'aveu que j'avais fait à demi-mot, il ne comprenait pas ce que j'entendais par « la dernière fois ». Je n'ai pas eu l'envie de lui expliquer, j'ai donc prétexté la fatigue et il a compris qu'il ne fallait pas insister. J'entre à pas lents dans ma chambre, le petit chat roux vient directement à ma rencontre en frottant son flanc à ma cheville. Un léger sourire se dessine sur mes lèvres quand je le porte à ma poitrine, son petit cœur chaud bat contre le mien et s'éteint. Si exténué. Sans m'en rendre compte, je m'assois avec lui sur le lit, il descend s'allonger sur mes genoux en ronronnant. Il est si petit, si fragile, si innocent. Sur la table de chevet à ma droite se trouvent les médicaments que m'a prescrit Caleb. Je les avalais rapidement avec une gorgée d'eau.

TW.

Et si j'en prenais un de plus ? ...

Ou deux ? ...

Non.

Ou trois, après tout, j'ai rien à perdre.

Non, je ne veux pas.

Si je veux, j'ai peur.

J'ai du mal à faire taire les pensées sombres qui envahissent régulièrement ma tête comme un bourdonnement incessant. Mais en réalité, elles n'ont pas tort. Je n'ai rien à perdre, Youri se présente comme mon ami, mais pour combien de temps ? J'ai fait confiance trop rapidement, mais malheureusement, c'est mon plus gros défaut. J'ai été tellement meurtrie que quand il m'a accueilli à « bras ouverts », j'ai baissé ma garde. Quant à ce petit chat à qui je n'ai toujours pas donné de prénom, Youri saura très bien s'en occuper, il avait l'air de l'apprécier, à moins que ça ne soit qu'une façade.

La fenêtre ?

Ou les médicaments ?

L'idée de me tailler les veines ne m'a jamais effleuré l'esprit, je ne supporterais pas, surtout maintenant que quelqu'un l'a déjà fait sur ma cuisse. Un frisson désagréable parcourt celle-ci lorsque les souvenirs de cette soirée catastrophique reviennent s'accaparer ma tête. La blessure rouverte a d'ailleurs arrêté de saigner, mais la quantité de sang accumulée sur le bandage ne permet pas à celui-ci de sécher. Un plan malsain s'échafaude petit à petit dans ma tête, avec pour seul objectif :
Ne pas souffrir.

Je pose doucement le chaton, à présent endormi sous mes caresses, sur les draps doux du lit. Et dépose un baisé sur sa tête rousse, c'est un baisé d'adieu. Un haut le cœur me fait mettre la main sur ma bouche en réalisant que c'est le dernier que je donnerais.

- Adieu... Je murmure difficilement dans un souffle.

La bouche sèche Je prends dans ma main tremblante les médicaments les plus forts que Caleb m'a prescrit et me dirige vers la salle de bain. Je remplis la baignoire d'eau chaude et défait le bandage sur ma jambe. Certaines fibres des compresses restent accrochées à mes chairs, me faisant grimacer de douleur. Mes mouvements sont fantomatiques, comme si je n'étais déjà plus là. Cependant, les sueurs froides qui enlacent mon être expriment clairement que ce que je suis en train de préparer est mal, contre-nature.

On ne prépare pas sa mort.

J'avale d'une traite sept cachés et glisse mon corps dans l'eau chaude, habillée uniquement d'un tee-shirt. L'overdose se fait sentir quand les vertiges me prennent, lentement, mes paupières deviennent lourdes, je m'endors, doucement. L'eau transparente du bain se teinte de rouge, un rouge pourpre, un rouge couleur mort. Très vite, je baigne dans mon sang, mais je suis trop shootée pour que ça ait ne serait-ce qu'un semblant d'importance. C'est ça le plan, le plan de ma fin. Dans l'eau, soit la perte de sang, soit les médicaments me feront perdre connaissance. Après ça, je me noierais, doucement, sans aucune douleur, pour une fois.

Nos Ombres Rouges - TOME 1 ( Corrigé )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant