XXV. Case départ

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09 h 30, 14 décembre, HINGHAM.

Ce matin, les rayons de soleil m'ont réveillée, j'étais seule dans mon lit, la place que Milo avait occupée quelques heures plus tôt était vide et froide. Je suis descendu en ressassant le moment plus qu'intime que nous avons partagé. Je l'ai choisi et cela me rend encore plus honteuse. Milo n'est pas là, aucun signe de lui, pas de mot désagréable sur la table de la cuisine, il doit être enfermé dans le salon au deuxième étage.

Qu'est-ce qui m'a pris ?

Qu'est-ce que je croyais ? Que je me réveillerais dans ses bras, et que sa main caresserait ma joue ? Quelle conne. Et lui ? Est-ce qu'il regrette ? Surement, enfin, je ne suis pas dans sa tête pour faire de telles affirmations. Des fois, j'aimerais.

Un chocolat chaud entre mes mains, je sens mon ventre se tordre à l'idée de le boire, la culpabilité me coupe l'appétit, mais il vaut mieux que je me nourrisse. Qui sait ce qui nous attend aujourd'hui ? ..

Soudain, trois coups sont frappés à la porte. Je manque de renverser ma tasse, sortie brusquement de mes réflexions, j'approche de la porte prudemment pour observer l'individu par l'œillet. Le bras de Milo me repousse sans douceur sur le côté, heureusement que je n'avais pas emporté ma boisson. Je ne l'avais même pas entendu arriver. Sans décrocher un mot, le brun s'approche à son tour de la porte et l'ouvre après avoir jeté un œil au judas.

– Enfin ! S'exclame une voix abimée par la cigarette. Laisse-moi entrer.

Milo se décale pour laisser passer l'arrivante, une dame d'une cinquantaine d'années, plutôt grande et élancée, les cheveux brun foncé, de la même couleur que Milo.

– Qui est cette fille ? Demande-t-elle en me jaugeant de haut en bas de ses yeux perçants.

J'observe Milo qui ne m'accorde même pas un regard.

– Une pute. Répond-t-il d'un air détaché. Je l'ai acheté, elle se fait passer pour ma femme.

Une sensation glaciale se répand dans mon abdomen, une pute. C'est ce qu'il a dit ? J'ai bien entendu, ou est-ce que je suis en plein cauchemar ?

– Parfait, je vois que tu te débrouilles bien. J'espère au moins que tu te protèges, ces filles-là, on ne sait jamais où elles ont traîné. Reprend la femme.

— T'inquiète pas pour ça, mère.

Mère ?

– Tu aurais quand même pu trouver mieux, celle-ci ne sait visiblement pas s'exprimer, elle a l'air d'une chienne traumatisée. Continue-t-elle en agitant sa cigarette à moitié consumée pour pointer les parties de mon corps qu'elle ne trouve pas à son goût.

– Choisis mieux la prochaine fois, tu devrais revendre celle-ci ou la descendre, elle ne va pas te rapporter beaucoup. Ricane la femme.

N'était-il pas sincère à ce point hier ? Pour la laisser me pourrir devant lui.

– Qu'est-ce que tu fais là ? Et comment tu sais que je me trouvais ici ?

– C'est la maison familiale, j'ai vu une voiture en passant hier, je me suis doutée que c'était toi. Plus personne ne vient ici. Je suis venu t'inviter à un gala, ton nom est déjà sur la liste et certaines personnes souhaitent ta présence.

– Pourquoi ?

– Un collaborateur, Marshall. Il veut te parler d'affaires et je voudrais te présenter un ami, Isaac Dorokhov. Il est charmant.

Un vertige me prend, je me rattrape de justesse à la commode derrière moi. Isaac

C'est lui, aucun doute, il faut que je me casse d'ici. Leur discussion ne porte plus sur moi, alors je remonte discrètement l'escalier et prend le maximum d'affaires dans un sac à dos que je trouve dans la penderie. La porte claque, signe que la mère de Milo est partie, j'entends d'ailleurs ses pas monter quatre à quatre l'escalier.

Nos Ombres Rouges - TOME 1 ( Corrigé )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant