XV. Punitions.

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Milo gare la voiture dans le parking, évitant le passage auprès du portier, cette fois-ci.
Le trajet n'était pas long, si je m'étais enfui, j'aurais peut-être pu rentrer à l'hôtel.
Comme un fantôme, je sors de la voiture, Milo sur mes talons.
La violence des dernières heures me fait trembler incontrôlablement, me faisant me sentir plus minable que je ne le suis, habillé du peu de tissu que j'ai sur le dos. Ces derniers temps, j'ai pris l'habitude d'être plus couverte. Les hommes de main autour de moi ne cessent de lancer des regards peu furtifs sur mon corps presque complètement dénudé.
Je resserre plus mes bras autour de moi en vain tandis qu'il se rince l'œil.

Connards.

Le brun passe son bras autour de mes épaules en me faisant sursauter et place sa large veste sur moi. Elle tombe en dessous de mes genoux et cache ma petite tenue, la chaleur qui émane me réchauffe un peu. Son geste me surprend et je lève les yeux vers lui, mais sans retour de sa part. Il est fixé sur ses hommes qui ne remarquent rien.
Son bras musclé se tend en un quart de seconde et un coup de feu atteint l'un d'eux en plein cœur, le tuant sur le coup. Un frisson d'effroi me parcours quand son corps s'écroule sur le sol froid du parking dans un bruit sourd.

– Le prochain qui la regarde crève comme lui. Elle est à moi. Ordonne-t-il en désignant l'exemple de son arme encore fumante.

Tous acquiescent sans être choqués de perdre l'un de leurs membres. Milo leur lance un regard noir avant de nous guider jusqu'à l'appartement. Il retire la chaleur rassurante de son bras de mes épaules et se dirige vers le balcon pour fumer une cigarette.
L'ambiance est lourde et le silence est imprégné de la colère de Milo. Je suis furieuse contre lui. Pour la façon dont il me traite et pour les mots qu'il a osés employer lorsque nous sommes sortis de ma prison passagère.

« C'est ta faute si tu t'es retrouvé là. »

Puis qu'il me protège contre ses propres hommes. Il a tué pour moi, ou pour son orgueil de vouloir me garder pour lui seul. Il est comme Nikolaï, comme les autres : dangereux et égoïste.
Je leur appartiens, je n'ai pas mon mot à dire, mais tout cela va changer, tant pis si je crève en essayant de me sauver. Mais si je ne suis pas encore six pieds sous terre, c'est qu'il y a encore quelque chose à faire de ma vie, après tout, je n'ai que vingt-et-un ans.
Il grille sa clope en deux minutes à peine ; le temps de ma remise en question existentielle ; puis en reprend une autre et pénètre dans le salon en remplissant la pièce de son aura aussi menaçante qu'attirante. Il s'assoit nonchalamment sur un fauteuil en cuir, je suis son mouvement en prenant place en face de lui, sans lâcher son visage des yeux. Je grimace en sentant l'odeur de la fumée remplir désagréablement mes narines.

Avec un peu de chance, ça le tuera.

– Pourquoi il t'a enlevé ? demande-t-il soudainement.

Je ne lui dirais que ce que je veux qu'il entende. Je connais d'avance les questions qui tournent dans sa tête d'enfoiré et elles ont toutes le même sujet :

Nikolaï.

– Ils étaient deux, ils m'ont dit qu'ils voulaient retrouver leur fille. Je réponds sur un ton détaché.

– Ça ne répond pas à ma question. Pourquoi toi ? Enchaîne-t-il.

– Ils pensaient que je suis une associée de Nikolaï et que je pourrais leur donner des infos.

– Et c'est le cas ? Demande-t-il plus comme une affirmation.

– La réponse est évidente, non ? Je le provoque.

Les muscles de ses avant-bras se contractent violemment bien qu'il tente de paraître calme.

– Quelles infos ? Continue-t-il en s'appuyant davantage sur le dossier du fauteuil.

Nos Ombres Rouges - TOME 1 ( Corrigé )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant