XVIII. Destination inconnue.

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Vingt heures, seize minutes.

Des heures que nous roulons, a priori sans but précis, Milo refuse de m'en dire plus et ça me rend dingue d'être baladée n'importe où. Il m'avait dit qu'il m'en dirait plus dans la voiture, mais là encore, je n'ai rien obtenu de plus que son silence et ses sourcils froncés.

Faites qu'il ait des rides.

– On roule depuis des heures, arrête-toi, je n'ai pas prévu de crever parce que tu t'endors au volant. Je claque ma langue, de mauvaise humeur.

– T'as raison. Réplique-t-il d'un air contrarié.

Il donne un coup brutal de volant pour entrer sur une sortie d'autoroute que l'on avait déjà presque dépassée. Ma tête cogne violemment contre la vitre de ma portière. Sonnée, je rassemble mes esprits et m'accroche à mon siège. Le compteur indique deux cent kilomètres/heure.

Il va nous tuer.

La peur me prend aux tripes, je lance un regard à Milo qui arbore une expression plus déterminée que jamais.

– Ralenti ! Je lui crie sans masquer mon angoisse.

Sa bouche s'étire en un sourire mauvais et il accélère de nouveau.

— Putain, qu'est-ce que tu fais ? Je m'exclame de nouveau.

– On est suivi. Princesse. Crache-t-il en resserrant ses doigts sur le cuir du volant.

Des frissons désagréables parcourent ma colonne vertébrale, mais je n'ai pas le temps de paniquer davantage. Milo ouvre la boîte à gants devant mes jambes de son bras libre et en sort un Glock. Son Glock, qu'il me tend. Ses yeux vert glacial croisent un instant les miens avant qu'il ne se concentre de nouveau sur la route.

– Au cas où. Dit-il simplement.

J'ose à peine serrer l'arme dans mes mains, de peur de tirer sans le vouloir. Comment j'ai pu m'en servir, la dernière fois...

Vingt-trois minutes plus tard, Milo ralentit l'allure et tourne dans un chemin boisé, l'ombre des arbres offre une cachette plus rassurante que la route à découverte. L'angoisse n'est pas retombée et mon cœur bat à mille à l'heure dans ma poitrine. Mon visage doit être blanc comme un linge. Milo s'arrête au milieu des arbres, là où la voiture n'est plus visible.

– On les a semées ? Je demande tremblante.

– Pour l'instant, oui. Je pensais qu'on aurait plus de temps, mais visiblement non. Nikolaï est accroché à ton cul comme un aimant ! Putain. Souffle-t-il en passant ses doigts entre les mèches brunes qui lui retombent sur le visage.

– Qu'est-ce que tu vas faire ? Je lui demande en sentant que l'ambiance a soudainement changé.

– Va falloir t'enlever cette puce. Maintenant. Répond-t-il la voix tendue.

– Pardon ? Mais tu ne vas quand même pas l'arracher !

– Si tu continues à me faire chier, si. Souffle-t-il agacé.

Il tend sa main sous mon siège en prenant un peu trop son temps à mon goût lorsqu'il passe entre mes jambes. Et en sort une trousse d'urgence rouge qu'il agite devant mon visage avec un sourire arrogant aux lèvres.

Insupportable.

Il sort de la voiture et s'assoit à l'arrière en me faisant signe de le rejoindre. Les bras croisés sur ma poitrine, je hoche négativement la tête.

— Grouille ton cul où ces mecs vont nous trouver. Et si ça arrive, je ne vais pas sauver tes fesses. Tonne-t-il.

À contrecœur, le regard noir, je sors à mon tour de la voiture et viens m'installer sur la banquette arrière.

Nos Ombres Rouges - TOME 1 ( Corrigé )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant