XXI. Quand tout bascule... Ou pas.

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12 décembre, 19 h 00, SPRINGFIELD.

Depuis quatre jours, je suis coincée dans cette chambre d'hôtel. Milo m'a avoué hier que les hommes de Nikolaï avaient perdu notre piste, mais qu'un autre groupe de mercenaires est à nos trousses depuis trois jours.

Il n'a pas voulu reprendre la route, sortir de cet endroit sécurisé, selon lui, pour éviter toute embuscade. Ces hommes sont ceux d'Isaac, c'est limpide pour moi, mais je m'exposerais trop en les révélant. C'est égoïste, je sais, je suis lâche, mais la peur prend le dessus quoi que je fasse.
Depuis notre énième altercation d'il y a quelques jours, je l'évite comme la peste et il fait de même. Heureusement, puisque j'ai envie d'arracher ses yeux verts à chaque fois que je le croise.

Sa voix irritante murmure en boucle dans ma tête la phrase qu'il m'a crachée à la figure :

T'es rien d'autre qu'un objet de pression.

Il l'a finalement dit, à haute voix, après l'avoir sous-entendu pendant près de trois mois.
Je suis un objet pour lui, rien d'autre que ça, et je n'ai plus envie de le faire changer d'avis. Il me dégoûte.

Sa personne me dégoûte tout autant que sa voix, son visage ou que son sourire narquois quand il se remarque la haine que je lui porte flamboyer dans mon regard.

Milo, je te déteste.

Mais ce qui me dégoûte encore plus, c'est que malgré tout, je suis irrémédiablement attiré vers lui, mon obscurité et attiré vers sa noirceur. Et pour cela, c'est moi que je déteste, après tout ce que j'ai pu affronter et subir dans le passé. Je ne sais m'en détacher.

– J'aurais dû venir avec toi, ça t'aurais évité son caractère de con. S'exclame Youri à travers le haut-parleur.

– Je ne dis pas non, ça, c'est clair. Je réponds lasse.

Son visage enfantin me sourit sur l'écran. Il m'a appris à démarrer un appel FaceTime, c'est très utile depuis quelques jours et Dawson a rendu nos téléphones intraçables.

– Pourquoi Milo ne voulait pas que je vous appelle ?

– Parce qu'il est parano. Il a confiance en personne pour ta- pour sa sécurité. Dit-il sur les nerfs.

– Oui, ça doit être ça. Je réponds d'un ton sarcastique. En attendant, je ne l'ai pas revu depuis hier soir.

– Je sais, il m'a envoyé des messages, mais je ne sais pas ce qu'il fout. Il n'a rien voulu me dire.

– Il ne dit jamais rien de toute façon. Je réplique d'un ton cinglant.

– D'ailleurs, tu sais où il m'emmène ? Où pour ça aussi, tu es tenu au secret professionnel. Je mime des guillemets.

Professionnel, mon cul, oui.

- Non... Enfin, oui. Dit-il d'une voix hésitante. Mais tu t'en doutes, je ne peux rien te dire.

– Oui, mais il s'agit aussi de ma sécurité. J'en ai marre qu'on me balade comme une poupée et je n'aime pas que vous preniez autant de risques pour moi. J'explique, la voix sévère.

Youri reste silencieux quelques secondes avant de me faire un sourire compatissant.

- Pardon... Je ne voulais pas m'énerver contre toi... Je souffle.

– C'est rien, t'inquiète pas. Je réagirais comme toi à ta place.

– Ouais.

Le grincement de la porte d'entrée me fait relever vivement les yeux de l'écran. Je bredouille rapidement une excuse à Youri avant de raccrocher sans quitter des yeux la silhouette qui se tient dans l'encadrement de la porte.

Nos Ombres Rouges - TOME 1 ( Corrigé )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant