IV. Harry potter et chocolat chaud.

140 9 6
                                    


Je suis réveillée par un mal de crâne monstrueux. Le soleil est déjà levé, le réveil sur ma table de chevet couleur camel indique neuf heures trente. J'ai dormi plus tard que d'habitude, je n'arriverai pas à me rendormir malgré ma fatigue.

Milo ne doit pas être réveillé, quant à Youri, je ne sais pas s'il a dormi ici, il doit avoir une chambre. Ou peut-être même qu'il habite ici. Honnêtement, ça me rassurerait de ne pas être à la merci de l'homme malsain que j'entends ronfler allègrement jusque dans ma chambre.

Qu'est-ce qu'il respire fort ! Il s'essaye à une imitation du phacochère, ce n'est pas possible ! C'est lui qui doit me donner ce mal de tête !

Puisqu'il dort, j'entre sereinement dans la salle de bain, enfin presque, j'actionne quand même le verrou, ne tentons pas le diable. L'eau chaude réveille mes membres encore endormis et une décharge de douleur me rappelle l'état de ma cheville. Ce n'est pas beau à voir, une boursouflure violacée s'étend de ma malléole jusque sur le dessus de mon pied. Courir et marcher normalement avec ça n'aura pas été la meilleure de mes idées, malheureusement.

Après quelques minutes à me savonner en profitant de l'eau brûlante qui détend mes trapèzes, endolories par le stress, j'éteins avec regret le jet d'eau. La pièce est pleine de buée, s'en est étouffant. Une serviette autour de moi, je sors de la salle de bain, m'apprêtant à remettre le tee-shirt et le tanga que m'avait prêté le ronfleur fou, alias le brun.
C'est donc avec étonnement que je découvre une pile de vêtements sur le fauteuil dans le coin de la chambre. Je me demande qui les a déposés là, ils étaient peut-être déjà là hier. Pourtant, je suis sûr que non.
Tout n'est pas à ma taille, mais je dégote quand même un tanga blanc ainsi qu'un short cycliste beige et une paire de chaussettes blanches qui m'arrivent presque jusqu'aux genoux. Et je me vois obligée de prendre un tee-shirt blanc très large, avec l'odeur du brun dessus.
Son odeur m'angoisse plus qu'autre chose, mais je n'ai pas vraiment le choix. Et de toute façon, j'ai appris à ne pas faire la difficile.
Il est posé sur une pile à part avec six autres hauts, visiblement tous à lui.

Mes cheveux enfin démêlés avec une brosse trouvée dans un tiroir de la salle de bain, je m'aventure prudemment dans le couloir. Mon très bruyant hôte ronfle encore comme s'il était nécessaire de faire fuir toute personne qui tenterait de le cambrioler. La voie est donc libre.

Peut-être que je peux prendre un petit-déjeuner, ça fait des années que je n'en ai pas goûté un vrai. L'image du chocolat chaud et du verre de jus de fruit me réconforte, j'espère qu'il y en a. J'ai l'air très à l'aise dans cette maison avec l'espèce d'animal en haut, mais il ne faut pas s'y tromper : j'effacerais les traces de mon passage dès que je l'entendrai.

La cuisine est grande et spacieuse, je fouille deux, trois, cinq placards jusqu'à enfin trouver celui qui a l'air destiné aux petits-déjeuners. J'attrape difficilement de quoi faire un chocolat chaud, c'est sacrément haut, ainsi que du lait et la brique de jus de fruit dans la porte du frigo. Le micro-onde, lui, n'étant pas dissimulé dans un placard, je le trouve facilement.

Assise sur un des tabourets devant l'îlot de la cuisine, je me délecte de ce que je n'ai pas pu goûter depuis des années. La douceur du lait chocolaté coule dans mon œsophage, et si petite soit-elle, cette sensation me fait un bien fou, me ramenant à des souvenirs lointains et agréables. Tant que j'en oublie de faire attention à l'arrivée du maître.

– Je vois que tu as pris tes aises. Lance une voix rugueuse derrière moi.

Bizarrement, j'entends toujours le ronflement. La perplexité doit se voir sur mon visage puisqu'il répond à mes questionnements avant que j'aie pu les énoncer ou pas.

– J'espère que tu n'as pas cru que c'est moi qui ronfle comme un cochon à l'étage. Tu as trouvé les habits que je t'ai laissés quand tu étais sous la douche, c'est bien. Remarque-il.

Nos Ombres Rouges - TOME 1 ( Corrigé )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant