XI. Le monstre et le chat.

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1er décembre : 06 heures 16 minutes.

Je finis de remplir ma valise pour le voyage. Milo m'a ordonné de préparer suffisamment d'affaires pour deux semaines. Je ne suis pas rassurée à l'idée de quitter cette maison pour une durée aussi longue, sachant qu'encore une fois, je n'ai aucune idée de notre destination.
Je sais seulement que nous serons accompagnés de Warren, Annie, Tarek et Lenny. Youri n'a apparemment pas voulu venir et, au vu du regard que m'a lancé Milo quand il m'en a informé, je devine aisément que c'est de ma faute.
Les autres membres de leur groupe restent sur place. Milo a l'air nerveux depuis ce matin, il n'a apparemment pas prévu de m'en dire plus, mais je ne vais pas me contenter de ça. Notre dernière destination surprise n'avait rien donné de bon et je veux savoir si je serais encore mise en danger ou non.
Le parquet du couloir qui mène à son bureau grince sous mes pas, j'ai peur, peur qu'il me punisse pour avoir écouté aux portes, mais j'ai encore plus peur de ce qu'il prépare.
L'oreille collée aux grandes portes noires, j'écoute attentivement.

– Je l'emmène... Dit Milo.
....
– Je n'ai pas le choix. Continue-t-il après un instant.

Il est au téléphone.

– Non, je ne lui ai pas dit où on allait, sinon je vais devoir la tuer, je ne supporte pas ses crises d'angoisses à la con.

Mon sang se glace. Tuer. Il envisage de me tuer.

– Prépare tout l'équipement et l'appart, on arrivera vers dix heures trente. Et je veux que tout soit prêt. Si tout se passe bien, on prendra l'avion pour Florence le sept à vingt-trois heures.
....
– Oui, un vol de nuit, préviens l'aéroport que le jet restera garé pendant six jours. Histoire qu'ils ne me cassent pas les couilles.

Je m'éloigne à reculons le plus rapidement possible de la porte, sans faire attention au bruit que je fais.

Florence.

Il veut voir Nikolaï. J'allais revoir Nikolaï et sûrement Isaac, il adore cette propriété.

Non... Je ne veux pas. Je ne suis pas prête.

Arrivée maladroitement en haut de l'escalier, j'étends le brun sorti de son antre.

– Ellie ! Appelle-t-il d'un ton calme.

Trop calme.

Mes doigts se cramponnent à la rambarde quand je l'entends prononcer mon prénom. Je suis certaine qu'il sait que j'ai écouté sa conversation. Mes jambes descendent sans que je les contrôle. Je veux fuir. Il m'attend en bas. Juste avant la dernière marche. Mes pieds s'arrêtent trois marches plus haut, je ne veux pas être trop proche de lui, je suis terrorisée, il me terrorise.
La crise d'angoisse pointe le bout de son nez quand je croise son regard d'un vert glacial.

– Tu es prête ? demande-t-il calmement.

Trop calme, le maître était toujours très calme quand il avait une idée malsaine en tête. Il était faussement gentil avant d'annoncer ses plans pour moi.
Ma cage thoracique se recroqueville sur elle-même, emprisonnant mes poumons dans une étreinte étouffante. Je suffoque silencieusement. Il a dit qu'il détestait ça, qu'il voulait me tuer. Ou alors peut-être qu'il allait essayer de me détendre.

Viens, Ellie, chut... Ne t'inquiète pas, je vais te détendre et après, ça ira mieux.

Le visage de mon bourreau remplace un court instant celui de Milo et les larmes que je retenais douloureusement s'échappent de mes yeux pour mouiller mes joues pâlies par l'angoisse.

– Putain, mais t'as pas fini de faire la gamine ? ! Crache-t-il. Alors t'es prête ou non ? Répète-t-il agacé.

Je hoche rapidement la tête, mon cerveau implore à mon corps de reculer, mais il n'en fait rien. Je suis figée, si je pars avant qu'il m'y ait autorisé, il me punira peut-être.

Nos Ombres Rouges - TOME 1 ( Corrigé )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant