CHAPITRE II - 16 : Comforting Talk

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D'habitude, c'est les gens qui toquent à ma porte, pas l'inverse. Mais pourtant, c'est bien moi qui passe l'encadrement de la porte de la chambre de Génésis. Elle a l'air surprise, d'ailleurs, de me voir.

Je suppose que vu qu'elle m'a ignorée hier après nous avoir cherché pour le repas, c'est bizarre que je vienne comme ça. Mais j'ai pas envie de laisser un malentendu s'installer dans cette situation, pas alors que je peux facilement en parler avec Génésis.

Elle me fait de la place sur son lit. Exceptionnellement, ses cheveux ne sont pas attachés en un chignon. Elle n'a pas sa prothèse, sa canne est posée contre la table de nuit.

« Te sens pas obligée de t'expliquer. Je sais qu't'es là par rapport à hier. » Elle ne me regarde pas, et ses mains bougent sans s'arrêter. Je pose ma main sur son épaule et se tourne vers moi, les yeux ronds.

« Je me sens pas obligée. Je pense que c'est une bonne idée, qu'on en parle ensemble.

– ... Si tu veux. Je... Je suis contente, pour vous deux. Vraiment. Je veux pas que tu imagines le contraire à cause de... Voilà.

– Je sais. Tu caches rarement quand t'aimes pas quelque chose. » Elle pouffe un peu et roule ses yeux. « Je veux juste pas que tu penses que je t'aime moins car Morgan et moi on se tourne autour. Tu es mon amie.

– Je sais, je sais. Je sais bien tout ça, et je sais que... Que toi comme moi, on sait que je t'aime en tant qu'amie mais pas que. J'ai pas envie que tu te sentes mal par rapport à ça.

– Je veux dire... En théorie, tu peux essayer de me séduire, je suis polyamoureuse. » On rigole un peu, et elle me donne un coup sur le bras sans me faire mal. « Mais oui, je sais. Je veux juste pas que t'ai l'impression de passer en seconde. Car c'est pas vrai.

– Je sais. Je suis pas une idiote, tu sais ? Je vous donne un peu d'espace exprès, je suppose que je m'attendais juste pas à vous voir vous embrasser aussi vite. J'suis contente pour vous, d'ailleurs.

– Presque s'embrasser, techniquement. Je voulais te parler avant de reparler de ça avec Morgan. Mais ouais, je m'en doutais un peu, de ça. T'es pas aussi discrète que tu le penses.

– Gnagna, regardez qui parle ! » elle me redonne un coup, son rire se remplissant de hoquets. « Nan mais oh, j'espère que tu seras pas comme ça toute la Tuerie, sinon je vais en avoir marre de tenir l'espèce de chandelier qu'il y a entre vous !

– T'exagère !

– Moi ? Jamais. »

Nos rires finissent par remplir la pièce, prenant la place des mots. Elle se pose contre moi, son corps secoué de hoquets alors que je tiens mon ventre comme je peux, l'éclat de rire me causant un point de côté.

Elle finit par se lever, se servant de sa canne pour supporter son poids là où sa jambe ne touche pas le sol, et prend quelque chose sur son bureau, une sorte de balle anti-stress. Je ne sais pas où elle a trouvé ça, mais ça à l'air de grandement l'aider. Elle n'est plus aussi tendue et sur les nerfs qu'avant.

Le mobile nous a tous affectés, vraiment.

Je me lève aussi, mais je préfère me poser contre la porte fermée du placard.

« Ça va ta jambe ? Je crois que c'est la première fois que je te vois marcher sans.

– Elle déconne un peu. J'aurai bien besoin de vérifier le mécanisme mais bon, ici... C'est plus rapide que je me fasse à marcher sans.

– Ah ? C'est un tel problème ?

– On a pas tous l'argent pour des prothèses ultra modernes, malheureusement, alors ouais. Puis, je suis pas comme Van Heel, j'ai pas une super géniale ingénieure qui pourrait s'occuper de la maintenance avec moi.

– Ça fait sens ouais... Si jamais t'as besoin, je peux toujours te porter, maintenant que j'ai pas mon sac ! »

Je vois bien qu'elle prend ma proposition à la rigolade, mais je garde ça en tête. Vu l'escalier qui mène aux chambres, ça serait mieux je pense, de la porter de temps en temps.

Elle finit par s'asseoir, sans doute fatiguant un peu malgré la canne. Le jouet se fait torturer dans sa main, et c'est un silence confortable qui s'installe entre nous.

Je suis en train de jouer avec une de mes tresses quand elle reprend la parole, regardant la fenêtre à moitié condamnée sans réel focus dans ses yeux.

« Dis, y a quelques semaines t'avais demandé les anniversaire de tout le monde, non ? C'est qui le prochain ? Ça pourrait remonter un peu le moral, une fête.

– Laisse moi y réfléchir attends... » J'avais bien sûr noté, les anniversaires. Le soucis ? C'était dans mon sac. Sac qui est confisqué. Mais heureusement, ma mémoire ne m'a pas encore lâchée ! « C'est Morgan, dans six ou sept jours.

– Parfait ! Ça te dis, dans deux jours on prépare tout ça ensemble ? Je suis sûre que ça lui fera plaisir.

– Deal ! »

Je souris, avant de lui tendre la main. Elle sourit elle aussi de toutes ses dents et la serre fermement.

Observing End [LPM]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant