Y a des moments où je me sens vraiment comme une idiote. Et là, c'est un de ces moments.
Ça fait plusieurs jours que je parle d'une absence d'eau la nuit, pas vrai ? Bah faut savoir que je suis quelqu'un qui boit beaucoup la nuit. Et donc, en général j'ai toujours au moins une bouteille pleine voir deux sur ma table de nuit.
Mon sac aidait à m'assurer que j'avais du rab, mais aujourd'hui, il doit bien être, quoi, minuit, et j'ai plus d'eau.
Enfin, je mens un peu, en disant qu'il n'y a pas d'eau la nuit. Y en a juste pas dans les chambres, mais dans la cuisine... C'est con de griller presque trente minutes pour ça, mais bon. Entre ça et mourir de soif, la question se pose pas trop.
Je m'habille un peu, je tiens pas à peut-être croiser quelqu'un en pyjama, récupère une des bouteilles vides qui traînent et sort le plus discrètement possible de ma chambre. Malgré le fait qu'elle ne soit qu'un fin croissant ce soir, la lune éclaire avec une facilité déconcertante le couloir des chambres.
J'essaie d'ignorer les bruits autour de moi. Aussi curieuse que je sois, je suis aussi très consciente que je partage cet endroit avec des gens et qu'à leur place, je voudrais pas qu'une personne me surprenne en plein milieu de la nuit alors que je suis occupée à je ne sais quoi. Berk.
Certaines lumières sont toujours allumées, de ce que je peux voir grâce à cet écart entre le sol et le bas de la porte. Pas très surprenant, mais quand même, il se fait tard et certains feraient mieux de dormir un peu. Surtout Émile et Isla, leurs chambres ne sont pas très loin de la mienne et je passe devant pour atteindre l'escalier.
Je suis encore plus attentive que d'ordinaire. J'ai pas beaucoup de temps, oui, mais ça veut pas dire que je veux tomber et me tuer comme ça. Vous imaginez, le procès ?
Je me tente quelques instants à sortir dehors pour prendre un peu l'air. La lune éclaire toujours le couloir, les immenses fenêtres aidant pas mal. Il n'y a pas de quoi allumer la lumière, dans ce couloir, on se fie entièrement aux astres pour espérer y voir quoi que ce soit.
Dieu que je suis soulagée que les rentrées à Hope's Peak ne soient pas en Septembre.
Je me décide à sortir, l'air de la nuit de mi-mai me frappant. Même en plein milieu de l'océan Pacifique, l'air reste frais, et je peux presque sentir l'odeur de sel venant de la plage de galets sur laquelle nous avons passé une soirée.
Dire que ça ne fait déjà deux semaines, depuis. J'ai l'impression que le temps s'est comme accéléré, depuis l'annonce du mobile. Un manque de choses à faire, peut-être...
Je me rapproche des ruches. Malgré l'absence de Mélissa, on dirait que quelqu'un continue d'en prendre soin, le léger bourdonnement des abeilles endormies me suffit pour m'assurer de la survie des insectes. C'est... Bizarre. De penser que les gens font ça pour une morte. Car je me doute que si Mélissa n'était pas morte ainsi, pas grand monde s'occuperait de ce qu'elle aime.
Les gens prennent rarement soin des choses que ceux qui les ont blessés aiment. Mélissa est morte à cause d'une responsabilité malheureuse sur des insectes qu'elle ne contrôlait pas. Mais si quelqu'un comme Génésis tuait, qui prendrait soin du piano ? Qui s'assurera de la qualité des plats en l'absence d'Abel, qui proposerait un jeu sans Héloïse ou Isla ?
On ne se rend compte de ce qu'on a perdu que trop tard. C'est vrai dans les Tueries aussi, aussi « minimes » les pertes soient. Bien sûr qu'un mort n'est pas minime. Mais qui souffrirait de l'absence des maquillages extravagants d'Eleanor, ou des matinées de nage de Văn Kim ? Pas grand monde.
J'inspire profondément et remplit mes poumons d'air froid, sentant que mes bras sont saisis par une chair de poule. Je lève les yeux vers la lune en mettant ma main qui ne tient pas une bouteille vide dans la poche de mon short.
Et moi, qu'est ce que j'apporte au groupe, exactement ?
Qu'est ce qui manquerait aux gens, dans mes capacités ? Je sais que certains seraient tristes de ma mort, mais qui se rendrait compte d'une chose que j'apportais et qui a disparu avec moi ? Est-ce que cette chose existe, même ?
... J'suis bien ridicule moi, là. Je me prends pour quoi, à philosopher à la lumière de la lune comme ça ? Reprends toi ma belle.
Je rentre dans le couloir, bouteille toujours en main. Le silence est presque perturbant, mais quoi de nouveau ici ? Rien n'est normal. Je serai prête à croire qu'en fait le ciel c'est le ventre d'une baleine peint en bleu.
Bon, pas jusque là.
Je soupire et rentre enfin dans le salon. Contrairement au couloir, c'est à peine si j'y vois quoi que ce soit, et je dois plisser des yeux pour avoir une idée d'où sont les fauteuils et tables ici. Pas de fenêtres pour nous aider.
Je rentre dans la pièce, mais quelque chose attire mon attention. Une forme étrange, derrière l'un des sièges de la partie droite de la pièce. Je ne vois pas bien, mais on dirait... Quelqu'un ?
Je fais un pas, puis deux. Au troisième, je marche dans quelque chose, un liquide.
Bordel de me-
BAM.
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Observing End [LPM]
Mystery / Thriller"Enregistrement premier. Les seize élèves sont bien arrivés, la première commence à se réveiller. Il s'agit de l'ultime cryptozoologiste, Samuel dit "Sam" Carter. D'ici quelques heures au plus, une nouvelle tuerie commencera." Enfermé dans un asile...