Observing End [LPM]

CHAPITRE II - 20 : Pistes glissantes

Eleanor est la première qui commence à chercher. Elle s'approche de l'énorme flaque de sang qui a commencé à sécher par endroits, et plus particulièrement une partie spécifique.

« Dis moi si je perds les boulons, mais on dirait pas que quelqu'un a glissé ici? »

Je me rapproche pour voir ce qu'elle veut dire. Effectivement, une partie du sang a l'air d'avoir séché d'une manière très différente du reste. Et chances sont que les genoux ou les bras de notre glisseur soient un peu écorchés, voire que les vêtements soient tachés de sang aussi.

L'avantage de l'absence d'eau la nuit, c'est que personne n'a eu le temps de nettoyer d'une manière efficace. Morgan et moi on se réveille toujours avant le retour de l'eau dans les chambres, et sans machines à laver les vêtements doivent toujours se trouver quelque part.

C'est une question qui vaut la peine d'être posée, aussi étrange qu'elle puisse paraître.

Je me redresse, et mon attention est attirée vers les deux bouteilles au sol, une à côté de chaque corps. Et je ravale mon envie de vomir pour me rapprocher et prendre d'une manière qui évite à mes doigts de se tâcher de sang l'une des bouteilles.

Des bouteilles d'eau simples, vides.

Elles en avaient toutes les deux une, est-ce que ça veut dire quelque chose ?

Je fais remarquer les objets à Eleanor, et elle marque sur le dos de l'une des fiches ses notes. Ça ne fait pas grand chose ici, j'ai l'impression. Mais maintenant, ma question est « quelle est l'arme du crime ». Rien ici n'est hors de place, rien qui ne soit plus couvert de sang que le sol et les tapis.

Or, pour infliger un coup capable de tuer aussi facilement...

« Eleanor, tu penses qu'on peut aller regarder dans les chambres... ?

– Ouais, ça me semble être une bonne idée. S'il y des vêtements en sang, c'est encore le meilleur endroit pour les cacher... Tu veux que j'y aille pendant que tu fais les interrogatoires ?

– Non, je... Je préfère rester avec toi. » Je lui fais confiance, bien sûr, mais... J'ai un sentiment que voir ce que les chambres ont à m'offrir m'aidera.

Elle me sourit et hoche la tête, ne semblant pas se vexer de ma demande, et commence à sortir la première. Elle me propose que l'on vérifie sa chambre la première, mais je ne pense pas que ce soit nécessaire.

Elle porte une paire de collants transparents, et ses mains sont totalement libres des moindres blessures. Elle m'avait également confié qu'elle se blessait facilement et j'ai pu le constater par moi-même.

Elle n'est pas celle qui a glissé dans cette flaque.

En montant à l'étage, toutes les portes sont ouvertes. Est-ce que Monokuma a décidé de nous faciliter le travail ? Car je suis bien certaine d'avoir fermé la mienne en sortant, juste tout à l'heure.

Mais donc, celle qui nous fait face est celle de nulle autre que Sam. J'inspire profondément et rentre. Même s'il s'agit d'une victime, peut-être qu'on trouvera de quoi nous aider ici.

Son sac est posé sur le lit. Un sac dont elle ne se servira plus jamais.

Une autre bouteille toute aussi vide que celle en bas trône sur la table de nuit, mais malgré nos recherches, Eleanor et moi ne trouvons rien d'autre qui pourrait nous aider. La chambre de Sam est trop pleine de vie, remplie d'un bazar qui témoigne du temps que lae cryptozoologue y passait.

Est-ce que toutes les chambres finiront ainsi, plus vivantes que leurs propriétaires ?

Je ferme la porte derrière moi, et nous passons dans chaque chambre, une à une. En passant dans la mienne, j'en profite pour récupérer un dé de vingt, et faire un lancé.

Huit, est-ce un bon présage ?

Je soupire et rejoint Eleanor qui finit de vérifier la chambre d'Isla, la dernière. Mais rien. Pas un seul vêtement un peu ensanglanté, pas un signe que quelqu'un s'est blessé. Pas un objet qui aurait pu être l'arme du crime.

Bon sang...

Nous redescendons, faute de plus de pistes. Eleanor va chercher Abel alors que je joue avec le dé dans ma main, le faisant rouler entre mes doigts.

Qu'est ce que c'est que cette histoire, bon sang, pourquoi Isla et Sam ? Comment, pourquoi ? Trop de questions à ce stade d'une enquête.

Abel arrive, et me donne un morceau de papier. Les questions dessus libres à moi d'être posées ou non. Je le remercie, et il me dit qu'il m'enverra quelqu'un dans la salle à manger depuis la cuisine.

Mieux vaut éviter d'interroger avec deux cadavres à côté.

Je vais préparer la salle.

Je suis loin d'en avoir fini.