CHAPITRE 25

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REYNA





Le réveil est rude. Comateux. Mes paupières épousent lourdement la courbe de mes yeux et leur poids insurmontable m'oblige à déployer des forces surhumaines pour les faire frémir. Le tremblement est poussif. Douloureux.

Mon regard branlant s'acharne à faire la mise au point parmi les jeux d'ombre et de lumière distordus. Les rayons de la lune m'aveuglent. L'image sans couleur s'assemble de formes indéfinies. Après quelques papillonnements, je parviens enfin à distinguer une table basse dans la pénombre de la pièce. La clarté lunaire met en évidence un tapis brun à poil long et m'expose l'immense baie vitrée menant au jardin.

La bouche pâteuse, je prends finalement conscience que le revêtement moelleux sur lequel je repose est un canapé. Mon corps engourdi et courbaturé se redresse sans mon accord, déclenchant une salve d'étoiles dansantes devant mes pupilles. Désormais assise sur le bord de l'assise, une pointe de douleur aigüe se réveille dans mon épaule droite. Je grogne et grimace. Ma main vient masser la zone endolorie quelques instants, jusqu'à ce que je réalise l'endroit dans lequel je me trouve.

Je reconnais aisément le salon des Carthini, les tons gris et prune s'accordant parfaitement avec le mobilier design. La maison est noire, silencieuse. Seul le souffle de la climatisation vient troubler mon moment de solitude.

Qu'est-ce que je fais ici?

Les souvenirs me rattrapent et torpillent ma conscience avant que je ne puisse les esquiver. Ils percutent mon crâne avec une violence proche de la torture psychique. Le moindre détail, la moindre seconde que j'aurais pu oublier dans les bras de Morphée me revient avec une précision impressionnante. L'amertume m'arrache un soupir tremblant.

Je n'ose pas regarder l'heure. Peut-être suis-je en retard pour la session nocturne ? Au fond, quelle importance ? Je n'ai pas envie de le revoir. Je me sens incapable d'affronter son regard. La honte m'étreint, enserre ma poitrine jusqu'à m'étouffer. Et la colère... Par Athéna, la colère me réduira en cendres dès l'instant où il posera les yeux sur moi.

Lentement, je me lève, fébrile, et m'aide de mes bras pour trouver mon équilibre. Ma tête pèse atrocement sur mes muscles cervicaux et me lance au moindre mouvement. Le sédatif que Seven m'a injecté pour me calmer imprègne encore mon organisme, ralentissant mes facultés motrices et cognitives. Je la cherche. Si elle m'a amenée ici alors elle ne devrait pas être très loin. À moins qu'elle ne soit déjà partie pour The Rule ?

Quand je constate son absence dans les environs, j'abandonne mon entreprise au profit de ma fatigue. Qu'importe. Je n'ai pas besoin d'elle de toute façon. Je ne peux rien lui dire de ce qu'il s'est passé. En repensant à cet acte insensé, je manque d'air. Ma respiration éprouve une résistance dans ma gorge et peine à sortir. Mon cœur s'emballe, menace d'exploser.

J'avance alors, me raccrochant à chaque meuble sur mon passage pour ne pas tomber. Mes jambes flageolantes me portent jusqu'à la baie vitrée qui coulisse lentement pour me permettre de sortir sur la terrasse. J'inspire profondément pour freiner la panique qui m'envahit petit à petit. L'air du soir me fait du bien, m'apaise. De plus en plus en confiance, je décide alors de m'asseoir sur les marches en bois menant au jardin.

Ce baiser est un cataclysme sans nom. Les caméras ont tout filmé de l'abomination qui s'est déroulée ce matin. Des gens vont être au courant, des gens importants qui me demanderont des explications. Les Sénatrices du panel qui m'interrogera demain d'abord, puis Zelda Call. Je ne saurais même pas comment répondre à leurs questions. Comment leur dire que je lui ai sauvé la vie ? Et qu'après il a... que nous avons...

ManipulationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant