CHAPITRE 30 | PARTIE 2

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SHADE





Reyna me repousse de ses deux mains sur mon torse et éloigne vivement sa bouche de la mienne. J'essaye de la suivre, complètement accro à la sensation qu'elle provoque chez moi, mais l'étudiante m'en empêche. Sa respiration saccadée transporte des syllabes aspirées qui me sortent de ma transe.

—   Non... Non, non, non...

Ses lèvres me manquent, mais la fin de ce moment était inévitable. Elle s'agite et j'accède directement à sa demande. Elle m'a donné plus que ce que je ne méritais. Je la lâche un peu brutalement, ses jambes vacillent et Reyna doit se retenir à la porte pour ne pas trébucher. Elle me repousse une nouvelle fois violemment avant de se prendre la tête dans les mains.

Je recule de plusieurs pas pour lui laisser de l'air. Mon cœur bat sous ma langue, mes poumons peinent à se réhabituer à l'afflux d'oxygène. Je suis incapable de la quitter des yeux. Putain de fille... Ses regrets me saignent plus que je ne le voudrais.

—   À quoi tu joues ? crache-t-elle finalement en me torpillant du regard. Quel est ton putain de problème ?

Je lèche ma lèvre dans une tentative vaine de conserver son goût sur ma langue un peu plus longtemps. Sa violence me vole ma voix. Les injures dans sa bouche n'annoncent jamais rien de bon.

—   On ne devrait pas faire ça, caméras ou pas. C'est mal. C'est vraiment, vraiment mal.

—   Permets-moi d'être en désaccord.

J'ai à peine fini ma phrase qu'elle avance furieusement vers moi, un doigt accusateur levé vers mon visage.

—   T'es en train de détruire ma vie ! hurle-t-elle.

Elle me frappe plusieurs fois sur le torse et je ne cherche pas à me défendre. Je la laisse se défouler sans intervenir. Je ne l'avais plus vue aussi en colère depuis la fois où elle m'a planté et pété le poignet. Si je ne peux pas comprendre ce qu'elle ressent, je peux au moins rester passif.

—   Tu sais ce qu'il va se passer si je perds The Rule ? Je vais me faire virer de l'Académie du Sénat ! continue-t-elle ponctuant ses phrases par des coups de poings. Et après ça ? Par Athéna, ma mère me désavouera et me fichera à la porte ! Je ne suis qu'un poids pour elle, si je ne deviens pas Sénatrice alors je ne vaux rien. Est-ce que tu comprends ça ? Est-ce que tu penses que tu peux comprendre ça ?

Je ne réponds rien et ça l'énerve encore plus.

—   Je ne peux pas perdre. Je. Ne. Peux. Pas. Perdre. (Un coup pour chaque mot. Je serre les dents et encaisse sans rien dire.) Si je perds, mon avenir s'effondre. Je n'ai plus rien. Ma mère ne me laissera pas attirer l'opprobre sur notre famille et notre nom ! Elle va me tuer...

Reyna s'éloigne pour reprendre son souffle et passe ses deux mains dans ses cheveux. Ses doigts dégagent ses boucles de son visage rougi et de ses lèvres gonflées. Bordel. Je range mes mains dans mes poches avant d'aggraver la situation.

—   Je sais que c'est idiot de ma part de t'en croire capable, mais si tu possèdes une once de pitié envers moi, arrête ce massacre avant qu'il ne soit trop tard, supplie-t-elle, trop désespérée pour conserver sa fierté. Arrête ce jeu. Arrête ça. C'est de la folie.

Je ne peux pas.

—   Je ne comprends pas ce que tu cherches à faire... Quel est ton but, hum ? Reproduire l'immonde trahison de tes parents ?

—   Quoi ?

—   Je ne te laisserai pas faire. Je te préviens, Shade, je...

—   Nan, mais tu délires complètement, riposté-je finalement. Il faudrait être stupide pour vouloir une chose pareille.

ManipulationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant