45. Assenza

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Néréo

J'ai passé une nuit agitée, laissant mes cauchemars refaire surface de manière violente.

Après m'être douché, j'opte pour mon jogging gris et enfile des chaussettes blanches classiques. Je secoue vivement mes cheveux d'une serviette et sort de ma chambre avec un pressentiment étrange.

Je m'étonne d'abord de voir la chambre de Giulia encore fermée à cette heure-ci, sachant qu'elle est assez matinale.

Ouvrant la porte du couloir, donnant sur la cuisine où s'y trouve Suzie en train de faire des pancakes, d'un chignon haut mal fait, elle lève la tête et me sourit naturellement. Je n'arrive pas à croire qu'elle va être maman...mais je sais à quel point elle sera parfaite.

- Tiens, tu veux bien couper les fraises et les bananes ? Demande-t-elle.

Je passe devant elle, secoue ses cheveux avant qu'elle ne me tape le dos puis j'ouvre le grand frigo. Me penchant légèrement, je sens des doigts effleurer mon dos.

Je me retourne en haussant un sourcil, m'attendant à voir Giulia...

- C'est quoi toutes ces marques rouges sur ton dos, Néréo ?

J'exquise un sourire avant de prendre les fruits d'une main et de les poser sur l'îlot central.

- Rien, je me suis blessé en pratiquant du sport...

Elle rigole et me fout un coup de torchon avant de reprendre son pancake. Nous parlons plusieurs minutes avant que la porte d'entrée ne s'ouvre, laissant Noah et Gabriel rentrer, épuisés d'un jogging matinal.

- Putain, t'es enfin réveillé ? On a hurlé ton prénom pour que tu te joignes à nous, mais t'a pas bougé d'un millimètre !

- Ou peut-être qu'il a passé une nuit mouvementée... Dit Gabriel, en me donnant un coup-de-poing sur l'épaule suivi de Noah.

Non, je n'ai pas osé rejoindre Rosa durant la nuit par peur de...d'être trop collant ? Je ne sais pas. En revanche, ça commence réellement à faire long, elle n'est toujours pas venue nous rejoindre.

Suzie réajuste son débardeur blanc et installe minutieusement la table en y ajoutant tout ce qu'elle a préparé.

- Ne m'aidez surtout pas... Ronchonne-t-elle.

Gabriel attrape son cou, remue ses boucles sur son visage avant qu'elle ne le repousse et lui hurle d'aller se doucher en rigolant. En temps normal, j'aurais sûrement rigolé avec eux, mais mes yeux fixent la porte au fond du couloir. Sa chambre.

Suzie suit mon regard et fixe à son tour la porte fronçant alors légèrement les yeux. Elle me fait signe de discrètement la suivre et passe son bras autour du mien avant d'ouvrir la porte de la chambre.

Rien. Sa baie vitrée grande ouverte, laissant ses rideaux volés et la froideur nous frapper. Nous nous regardons puis c'est fini, le temps s'arrête.

Suzie tente de me raisonner en m'appelant, mais je ne bouge pas. Je n'entends plus rien. "Ça va aller" imite-t-elle d'un geste de la main. Mais non ça ne va pas, on ne peut pas m'en enlever une encore une fois.

Ce n'est pas Giulia qui est partie, car elle n'est pas une lâche et elle va au bout de ses promesses. Je décale Suzie prudemment, rentre dans ma chambre, enfile un t-shirt et des baskets avant de poser mes mains sur le meuble en verre. Tout tourne autour de moi.

Les gars rentrent dans la chambre et m'attrapent par les épaules, me demandant encore une fois de me calmer. Je donne un coup violent contre la table en verre qui se brise. Je ressemble à son père...

Mafia Segreta (première partie réécriture : 01/11) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant