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Giulia

Toute ma vie, il m'a promis que j'étais née pour me noyer dans la souffrance lugubre de l'univers que contient la criminalité. Que j'étais un monstre.

Le monstre. Il inspire la peur, le dégoût voire le mépris. Depuis tout ce temps, en réalité, c'était lui, la définition de ce mot aussi repoussant qu'attrayant. Croire qu'un monstre a un bon fond, nous n'en fait pas un. Voilà la leçon que j'ai comprise et acceptée.

Je préfère nager hors de l'eau et contempler la beauté qu'est le monde, que replonger pour y voir mon lourd passé. Malheureusement, les cicatrices restent gravées à jamais dans nos peaux, mais on peut les enfouir et les panser.

Quelle douloureuse étape. S'obliger à sortir de sa triste bulle. Ressasser le passé, regretter. Tuer son propre père n'est pas une étape facile, même pour une personne comme j'ai pu l'être. Je ne peux plus lui rendre visite, car il a précisément stipulé dans son testament que s'il venait à mourir, il voulait être réduit en cendres.

Pourquoi ? Car il a toujours cru que son animal totem était le phénix.

« Je lègue toute ma fortune à cette grande joueuse, Giulia Pavarotti, ma fille. Car elle a su vaincre, manipuler et tuer le roi. » J'ai décidé de verser cet argent à de nombreuses associations pour la lutte contre la maltraitance animale.

Me voilà au bord d'une falaise, face au soleil qui se couche, laissant le ciel se orner de jaune, d'orange et de rose. Des fleurs blanches dans mes mains. Mes cheveux volent vers la gauche, au rythme du vent.

Je ne te vois toujours pas dans le ciel père. J'ai beau le contempler, ton phénix ne vient pas à ma rencontre. Je dois te laisser le temps de me pardonner, car le pardon est important. Père, je sais bien que vous m'aimiez, mais malheureusement pas comme il le fallait.

Ma main droite balance les nombreuses roses blanches qui vont sûrement atterrir sur les vagues violentes qui frappent contre les rochers, et rejoindre l'horizon. Le soleil est prêt à les accueillir.

Mon corps frissonne chaudement quand sa main se pose sur le bas de mon dos, l'autre remettant correctement en place mes cheveux.

- Ils vont bientôt arriver, Rosa.

Mon corps se tourne pour se mettre face à lui. Ses beaux yeux verts péridots. Ses traits ont un peu plus durci depuis que nous avons débuté notre propre cartel en Italie, sa barbe de trois jours le rend plus... mien.

Ses yeux fixent éperdument les miens, accompagnés d'un éclat que je n'aurais jamais cru apercevoir quand j'ai posé pour la première fois mon regard dans le sien. L'amour tombe quand on s'y attend le moins, c'est terriblement passionnant.

- Ne me regarde pas comme ça, Giulia, ordonne-t-il d'un ton plus froid.

- Pourquoi ? Je souris contre ses lèvres.

- Car cette putain de grande table en verre qui trône dans ce jardin, me donne envie de-

Néréo se fait couper quand on sonne à la porte d'entrée. Je hausse les épaules en signe d'innocence quand il attrape mes hanches et tente de m'embrasser.

- On ne doit pas faire patienter ses invités, c'est la règle d'or, je chuchote suavement.

Un rictus apparaît doucement sur son visage quand il effleure, volontairement, de ses lèvres, mon épaule et remonte sur ma nuque. J'empoigne d'une main ses cheveux quand il rigole et relève sa tête.

- On ne doit pas faire patienter ses invités, règle d'or.

Je lève les yeux au ciel, amusé. Néréo pose sa main sur mes hanches pour me diriger vers la porte d'entrée, sentant son alliance sur le tissu fin de ma robe noire. Une fois mes talons en contact avec le marbre, il chuchote des suggestions affreusement déplacées dans mon oreille avant que je n'empoigne la poignée.

Mafia Segreta (première partie réécriture : 01/11) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant