24. Somiglianza

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Néréo

FLASHBACK : Grèce, 3h07

« Je suis venu rendre visite à ma mère quelques jours. Elle est mal en ce moment. Il s'agirait même d'une dépression. Suis-je fous si l'envie de voler tout le malheur qui baigne dans son corps et son esprit pour en faire mien ? Être souffrant et voir souffrir c'est une douleur différente mais tous deux destructrices.

Ses beaux yeux verts ne s'illuminent plus. Son visage est creux. Ses yeux sont gonflés de violet.

Sourire est une illusion, un souvenir, du passé. Rire est complétement stupide. L'affection est intouchable.

Pleurer est un réconfort. S'enfermer dans une bulle noire est apaisant. Ignorer est la plus belle des manières pour s'exprimer.

Un paradoxe qui n'est qu'un trou noir infini et impossible à boucher tant est-il violent et dévastateur.

Ça fait maintenant quelques mois qu'elle va mal. Quelques mois où elle ne parle plus. Quelques mois, où nous sommes invisibles.

Mon père est parti, il y a bien longtemps. Je ne l'ai même pas connu. Tout ce que je sais, c'est qu'il m'a laissé ses emmerdes. Je dois tout gérer seul... avec mon oncle.

Mon oncle. Quand je parle de lui à ma mère, elle s'effondre. La douleur de la famille. C'est pourtant sa sœur. Je ne comprends pas.

Ma mère est une mafieuse réputée mais elle s'est arrêtée pour maladie, m'a-t-elle dit.

Qui est-elle ? Qui sommes-nous pour ma mère ? Sommes-nous un fardeau pour ses épaules fébriles et son corps fragile ? Ou juste des enfants donc l'inexistence est-elle souhaité ? Sauve-là. Sauvez-nous.

Une boule dans le ventre se forme. J'ai peur comme chaque heure, chaque minute et chaque seconde qui passe. J'ai un mauvais pressentiment.

Je me lève de mon lit et commence à faire les cent pas. J'ai peur. Pour elle et juste pour elle.

Je rentre dans la chambre de ma sœur. Ses yeux bleus se fondent dans les miens. Elle se redresse et m'invite à m'asseoir à côté d'elle.

- Elle ne va pas bien, Néréo, pose-t-elle sa tête sur mon épaule.

Je n'ai pas besoin de lui demander de qui il s'agit, même si j'aimerais rester dans l'ignorance. J'aimerais nier toute ma vie. Être une nouvelle fois bercé dans l'enfance et ne jamais en sortir. Resté couvé et protégé par tes mains chaudes qui sont désormais aussi glacial que nos échanges. Qui t'a fait perdre ta lueur, maman ? Moi ?

Ma sœur s'endort peu à peu sur mon épaule. Je la bouge et l'arrange dans son lit. Je la couvre avec un plaid puis sort de la pièce. Ma sœur est une perle précieuse que je compte bien protéger toute ma vie, elle est mon seul pilier.

M'apprêtant à rentrer dans ma chambre quand je m'arrête nettement. Il n'y a plus aucun bruit. Le silence. L'horrible silence.

Je me tourne lentement vers les escaliers et décide de monter dans sa chambre. Chaque marche est un poids qui se rajoute sur mon dos. À bout de souffle, j'atteins finalement ton étage. Je crains pour toi μαμά.

Une fois que ma main appuie sur la poignée, il fait complètement noir mais j'appuie involontairement sur la lumière avec mon bras et je n'aurais jamais dû.

Je me fige. La terre tourne vite, non ? Est-ce normal ce bruit sourd ? Non.

Est-ce normal de voir flou ? Ce n'est pas possible.

Est-ce normal de te voir sur le sol...les yeux clos ? Tu ne m'as pas fait ça.

Mes genoux lâchent lourdement. Le bruit contre le sol résonne dans la pièce en écho avec le dernier battement de mon cœur. Je hurle à pleins poumons.

Mafia Segreta (première partie réécriture : 01/11) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant