🔦🔦 Chapitre 18

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« Les histoires qui vivent, passionnantes ou passionnelles - cela dépend des degrés de réception - attestent de leurs capacités de passer outre les attentes des personnes concernées, celles qui la lisent, celles qui l'écoutent. »

« Donne à l'écrivain chaque mot qui lui appartient car il puise de sa chair pour te faire rougir. Ne gâche pas sa vie car c'est gâcher sa vie que de voler ses textes et de les utiliser à d'autres fins. Ne change rien de ce qu'il écrit, et si tu veux le critiquer, fais-le en toute lucidité. L'écrivain est celui qui pense aux différents états d'esprit des personnes qui le suivent, il n'a qu'une seule ambition : faire naître un désir ambiant dans la vie de chacun. »

« Les discours impétueux ou présomptueux présentent des singularités qui font que les auditeurs, les téléspectateurs et les lecteurs les personnalisent en fonction de leurs goûts. Aucun d'eux n'arrive à s'universaliser. C'est là que s'astucient certainement les spécificités de ces arts nuptiaux. »

« L'amour serait une kermesse, certains seraient contraints de ne pas jouer au loto. Et même ceux qui s'aventureraient à miser sur une case, fignoleraient leurs espoirs autrement, car ils resteraient persuadés de leur impossibilité de gagner. »

« Le jeu des équilibres est le leitmotiv de toute relation amoureuse. Une relation amoureuse ressemble à un conciliabule. C'est le lieu de floraison des débats contradictoires et des idées parallèles. Ce qui est recherché n'est pas dans des insinuations inertielles encore moins dans des complaisances accidentelles. Ce qui est recherché, c'est l'échange dans la modération et la pondération. »

« L'amour s'est débarrassé des affabulations incendiaires. Il a pris le contre-pied des tâtonnements. Même les libellés stipendiés ne sont plus couverts pas un vocable aussi innocent mais combien dénaturé. »

« C'est l'homme qui doit souffrir des atrocités de l'amour. La victimisation est une qualification identitaire promptement véhiculée par la femme. Celle-ci pense que son cœur peut se briser ou être brisé, seuls ses sentiments sont aux antipodes de la souffrance, seule sa façon d'aimer compte. Les hommes sont accusés à tort. Leurs sentiments s'incendient à cause des tumultes de la vie, des énormités de la déception amoureuse. »

« Les ténors du barreau doivent une bonne fois pour toutes se mobilier pour défendre toutes ces victimes, tous ces hommes qui ont payé les pots cassés de leurs ruptures amoureuses. Ils souffrent en catimini et se réfugient derrière les dures lois du temps pour pleurer. Ils pleurent. Ils étirent leurs glandes lacrymales. Ils n'ont plus de force, car on leur reproche leurs faiblesses. Un vrai homme ne doit pas pleurer. À l'épiphanie du mensonge, cette phrase est placardée à l'entrée. »

« Un autre pourrait retomber amoureux, embrasser de nouvelles lèvres, caresser des poitrines plus généreuses. Cet autre ne s'appelerait pas Samir. Dans les moindres incantations de Samir, restent subliminales les fraîcheurs et les saveurs de son unique et seul amour. Je me corrige tout en correctionnant un mal psalmodié par tous les aèdes, tous les cornemusiers, tous les saltimbanques. Je ferme dix nouvelles pages d'un livre qui ne vient que de commencer. »

Sacré Samir. Il est devenu un autodidacte de la création. L'amour rend fou. On ne croit à cette suite de mots que quand on tombe réellement amoureux.

Nafi entre en furie dans la chambre de Fifi. Elle lui demande de se lever.

- Wa yaw ba diameuh... Koula togn...

- Fifi, je pensais que t'étais mon amie ?

- Tu pensais ? Pourquoi tu as utilisé l'imparfait. Tu es et resteras toujours ma meilleure amie.

- On ne dit pas des absurdités sur son amie.

- Yaw loukhew... Je ne te suis pas. Crache le morceau une bonne fois pour toutes au lieu de tourner autour du pot.

L'université des délires Où les histoires vivent. Découvrez maintenant