Chapitre 6

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Saint Motel – My Type

POV Chris

Alors que je sors dans la rue, Dodger tirant sur sa laisse comme un fou, je repense à la conversation que je viens d'avoir avec Elena. En vérité, je repense à toute la journée d'hier. Ma surprise était de taille en la voyant dans cet amphi. Certes, elle m'avait dit être étudiante en psycho, mais la psycho du développement est un cours optionnel, je ne savais donc pas qu'elle serait là. Donc quand je l'ai vu m'adresser ce petit signe gêné, perdue parmi les nombreuses nouvelles têtes de cette année, j'étais surpris, c'est le moins qu'on puisse dire.

Et hier soir, quand elles sont sorties de leur appartement, prêtes à aller en soirée... Que dire, j'ai cru me retrouver dans une scène de film ou dans un tableau ancien. Je ne pourrais pas me souvenir de la couleur de la robe de son amie (Jess, elle s'appelle Jess, je ne retrouvais plus ce matin), mais je me souviens avec exactitude de chaque boucle de cheveux roux, comment le soleil couchant qui passait à travers la lucarne du toit mettait chaque reflet en valeur.

Je pourrais aussi écrire un poème sur la façon donc ce même soleil passait dans ses yeux bruns, leur donnant une couleur de miel parsemé de pépites d'or.

Mais quand elle m'a regardé, qu'elle m'a enfin adressé la parole, avec ce Professeur, d'un ton si froid, je me suis demandé ce que j'avais fait de mal. Je lui ai certes dissimulé ma profession, mais je ne pensais pas qu'elle le prendrait ainsi. C'est pour cela que la conversation à coeurs ouverts ce matin m'a fait beaucoup de bien.

En revanche, sa petite remarque sur « ma personne » qu'apprécierait les étudiants, était assez piquante, mais je ne sais toujours pas si elle était dirigée contre moi ou contre cette étudiante qui avait crié dans l'amphi le matin même.

J'aime bien cette fille. C'est mon étudiante, donc elle est comme un fruit défendu, et elle s'intéresse sûrement à des hommes plus jeunes que moi de toute façon. Mais j'aimerais au moins en faire mon amie, car elle a une personnalité lumineuse et drôle.

Dodger me ramène à la réalité en tirant sur sa laisse pour pourchasser les pigeons. Je me remets donc en chemin pour le suivre, quand j'entend le bruit familier d'un texto sur mon téléphone. Ce sont mes amis Anthony et Sebastian, qui me posent des questions sur la première semaine de cours ici, prévoyant déjà de me rendre visite au cours de la semaine prochaine. Tous les deux habitent relativement loin, mais il n'ont pas peur de la distance. Je leur répond donc que je serais très heureux de les voir, et qu'il faut caler une date. Puis je range mon portable et laisse mon esprit divaguer vers une étudiante rousse de ma connaissance.

POV Elena

Je suis réveillée par la lumière du soleil qui filtre à travers les rideaux. Je regarde mon portable, j'ai dormi 5 heures. C'est largement assez pour aujourd'hui et j'ai du travail. Avoir Chris comme professeur me donne encore plus envie de me dépasser, de l'impressionner. Je sors donc de ma chambre à pas de loups pour aller me faire un rapide petit dej dans la cuisine, avant de retrouver mon ordinateur et tous mes cours sur la table basse du salon.

Je sirote mon thé en regardant ma liste de tâches pour la journée. Avec un peu d'organisation et de rapidité, je devrais pouvoir finir tout ce travail au cours de l'après midi, me laissant même le dimanche de libre. J'adore le début de l'année !

Je me mets donc au travail, avec mon thé dans une main, faisant défiler mes prises de notes d'hier de l'autre. L'histoire est vite expédiée, je n'ai pris aucune note sur cette lecture de diaporama. Mais j'arrive ensuite au cours de Chris, et c'est à ce moment que mon esprit se met à divaguer...

A-t-il vraiment dit qu'on était ravissantes hier ? Puis je repense à ce matin, ressentant de l'embarras après coup. Ma robe était froissée, j'étais pieds nus sur le sol sale du hall, et mon haleine devait sentir l'alcool... D'un autre côté, Jess était littéralement en train de dormir debout, donc je m'en tire plutôt bien. Jess, qui d'ailleurs est encore au lit. Elle sortira du lit avec un mal de crâne, c'est certain. Si j'étais une bonne amie, je sortirais lui acheter le petit-déjeuner...

Mon cher voisinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant