Chapitre 30

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John Lennon – Happy Xmas

"And so this is Christmas / (War is over)"

Demain, c'est le grand repas de Noël avec toute la famille. Oncles, tantes, cousins... Ma mère reçoit tout le monde chez nous pour faire la fête. Elle est donc plongée dans les préparatifs du repas depuis hier, et nous avons tous appris à ne pas l'embêter lorsqu'elle est dans cet état. Je lui ai proposé plusieurs fois mon aide, mais elle me répète que je dois me reposer pour me remettre de mes nombreuses blessures. C'est donc allongée sur mon lit dans ma chambre d'enfant, les pieds relevés contre le mur que je discute avec Jess.

-Je n'en peux plus de ce cours, s'exaspère-t-elle, je vais arrêter là pour le moment. Au pire, je fais une impasse sur ce partiel !

Je pouffe, sachant très bien qu'elle n'en fera rien. Elle me jette un regard noir depuis la moquette sur laquelle elle est allongée avec son ordinateur.

-Je suis très sérieuse El, je ne comprends absolument rien à ce cours.

-Au moins toi, tu n'as pas raté deux semaines de cours ! je rétorque. Tu sais tout ce que je dois rattraper moi ?

Elle hausse un sourcil et retourne à ses cours. Pensant que j'ai gagné, je saisis moi aussi mon ordinateur, pour relire les notes que m'a envoyé Gabriel. Mais je devrais savoir qu'avec Jess, la future avocate, il est impossible de gagner un débat. Quand elle relève la tête pour me regarder, c'est une lueur de défi que j'aperçois dans ses yeux.

-La carte du coma, c'est trop facile comme argument. Je te rappelle que j'ai aussi loupé des cours pendant tes deux petites semaines de repos, parce que j'étais tout le temps auprès de toi, à m'inquiéter pendant que Madame faisait la sieste.

Outrée, je laisse retomber mes jambes et m'assieds pour lui faire face.

-Est-ce que tu viens vraiment d'appeler les deux semaines de coma suite à l'accident qui a failli me tuer « mes deux petites semaines de repos » ?

-Oui, exactement. Parce que toi, tu dormais. Et qui est-ce qui a dû te veiller ? Qui a dû rassurer ta mère qui nous faisait des crises d'angoisse tous les jours ?

-Excuse-moi ! Mais tu aurais donc dû partir avec le reste de ta famille pour te reposer à l'île Maurice, si veiller sur moi est une tâche si ardue !

Nous nous fixons quelques instants, les yeux dans les yeux, avant d'éclater de rire. Nos disputes ne sont jamais bien sérieuses, et celle-ci n'a aucun sens.

La porte s'ouvre d'un coup, et Lily apparaît, en pyjama et les cheveux en bataille.

-Eh, les deux folles, vous venez de me réveiller !

Je jette un coup d'œil à l'heure sur mon ordinateur. Il est 14h30. J'échange un regard avec Jess et je dois pincer les lèvres pour ne pas éclater de rire. Jess, plus forte que moi en poker face, tourne la tête vers ma petite sœur pour s'excuser.

-Mais, franchement Elizabeth, tu viens seulement de te lever ? questionne mon amie.

Elle nous jette un regard noir et traverse la chambre pour venir s'affaler sur mon lit, m'écrasant les jambes au passage.

-Hum, tu sais que je sors de l'hôpital où on m'a soigné pour une jambe cassée ? je lui glisse subtilement en décoinçant ma jambe de sous ses fesses.

-Ouais, je sais, l'anniversaire le plus déprimant que l'on t'ait souhaité. Encore pire que tes treize ans où t'avais pleuré toute la journée à cause de ta frange ratée.

Jess pouffe et je remercie ma petite sœur d'un coup de pied dans la cuisse qui la fait rire.

-Bref, pour répondre à ta question, ma chère Jessica, oui, je viens de me lever, parce que je me suis couchée à 7h ce matin, j'avais un projet à finir.

Mon cher voisinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant