Mon cher voisin

Chapitre 19

The Goo Goo Dolls – Iris

"And I'd give up forever to touch you"

POV Chris

La journée avait pourtant si bien commencé. Je m'étais réveillé avec l'odeur de noix de coco des cheveux d'Elena, mon café était à la température parfaite et ma chanson préférée était passée à la radio sur le trajet pour me rendre à la fac.

Mais dès que j'étais entré dans mon bureau, j'avais senti un certain malaise de la part de mes collègues. Sylvie m'avait dévisagé longtemps avant de m'ignorer quand je lui ai demandé si la photocopieuse remarchait, et l'un de mes vieux collègues, celui que tout le monde détestait parce qu'il se comportait comme un con avec tout le monde, surtout les femmes, m'avait congratulé d'une tape dans le dos ce matin en arrivant.

Le premier cours que j'avais donné à mes L1 avait aussi été assez compliqué. Plus de la moitié de l'amphi n'était pas venu, et les étudiants présents avaient sur le visage un air de dégoût qui ne m'était franchement pas familier.

C'est pour cela que lorsque j'ai reçu le mail du doyen me demandant de venir le voir à son bureau, je me suis dit qu'il m'expliquerait enfin ce qui se passait. Bêtement, je m'attendais à une bonne nouvelle, comme une promotion, qui aurait expliqué la « jalousie » de mes collègues.

Ce fut donc avec beaucoup de surprise que j'ai découvert Jess dans le couloir devant le bureau du doyen, qui parlait avec quelqu'un au téléphone de droit d'image et de plainte.

J'attends la fin de sa conversation et me mets aussitôt à l'interroger.

-Hey Jess ! Qu'est-ce que tu fais là ?

Elle me regarde, les yeux écarquillés.

-Donc t'as été convoqué aussi. J'avais peur que ce ne soit qu'elle.

-Comment ça, aussi ? Qui elle ? Mais qu'est-ce qu'il se passe ? On me regarde bizarrement depuis ce matin, tu sais quelque chose ?

-Oh mon dieu. Tu ne sais pas.

-Sais pas quoi ?

Elle sort alors son téléphone, ouvre Instagram et me le tend. C'est alors que je vois une vidéo de ce week-end, au bar. Plus précisément l'instant où j'embrasse Elena, devant tout le monde, sans me soucier des répercussions.

Je lui rends son téléphone et lui demande, la voix sévère :

-Elle va bien ? Elle est là-dedans ?

-Oui, le doyen l'a convoquée mais... Chris qu'est-ce que tu fais ?

Je déboule comme un fou dans le bureau du doyen et je l'aperçois, paraissant toute petite, recroquevillée sur elle-même, les yeux et le nez rouges. Je vois qu'elle a pleuré, et ça me met dans une colère noire.

-C'est entièrement ma faute ! Je suis le seul et unique responsable, le seul à blâmer !

-Calmez-vous monsieur Evans. Je parlais justement avec mademoiselle Marchand ici présente de votre situation particulière et elle m'a affirmé qu'elle était tout aussi responsable que vous. Asseyez-vous et nous pourrons discuter, essayer de trouver une solution.

Je m'assieds, et j'essaie de croiser le regard d'Elena, mais elle semble obstinée à m'éviter. La discussion continue, mais je n'en écoute pas un mot. Je suis trop concentré sur elle. Qu'est-ce qu'elle a bien pu subir pour être dans cet état ?
Finalement, je me décide à intervenir :

-Et si vous réaffectiez quelqu'un d'autre à mon poste ?

Enfin, elle me regarde droit dans les yeux, et je vois quelque chose de brisé dans ce regard, mais elle n'a pas l'air décidée à me laisser porter le chapeau.