Chapitre 36

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J'ai passé mon temps à regarder par la fenêtre alors que je sentais le regard pesant de mes parents sur moi.

Je n'arrête pas de penser à Simon, à ce qu'on avait imaginé ensemble tout ça c'est écroulé en une seconde.

Douvres ne restera qu'un souvenir, mais certainement le plus beau des souvenirs.

Je baisse la tête sur mon ventre et le regarde,
qu'est-ce que tu vas devenir toi ?

L'odeur infecte du port vient me chatouiller le nez et me donne envie de vomir.
Je pose ma main sur ma bouche en essayant de me faire passer l'envie, mais rien y fait, l'odeur est horrible.

J'ai juste le temps de passer ma tête hors de la fenêtre et je viens vomir, presque rien vu que je n'ai pas mangé ce matin.

J'entends ma mère souffler si fort qu'elle pourrait faire démarrer les bateaux à voiles.

«Anastasia bordel arrête de vomir c'est très mal vu » dit-elle.

Qu'importe, je continue mon affaire et me calme deux trois minutes après.

Nous arrivons enfin sur les quais et je remarque un grand voilier qui nous attend sagement.

Je vais pour sortir, mais mon père pose son pied et sa main sur la porte alors que je le regarde interrogé.

«Crois-tu vraiment que tu vas repartir en Russie avec ça » s'exclame ma mère en regardant mon ventre.

«Que venons-nous faire ici alors ? » dis-je.

«Te punir » dit-elle.

«Vous ne croyez pas que je suis déjà assez puni comme ça » dis-je alors que le bruit d'une claque retentit et je viens frotter ma joue.

«Un peu plus de respect jeune fille » dit ma mère l'auteur de ma joue rougit.

«Ana ? » s'exclame Maria alors que je la vois dehors avec une seule valise au côté d'Igor, l'homme à tout faire de mon père.

«Igor veuillez la mettre sur un voilier qu'importe lequel du moment que ce n'est pas celui qui se dirige vers la Belgique » dit-il.

«Quoi ? Non» dis-je en essayant de sortir de la voiture, mais je suis empêché par mon père.

«Vous n'avez pas le droit » dis-je en pleine panique.

«Nous avons tout les droits, elle est notre employée et elle est virée » dit-il alors que je regarde Maria dehors en larme.

«Non, pitié » dis-je à mes parents.

«Tu as eu de la pitié pour nous en t'envoyant en l'air avec un bon à rien » dit-il.

«CE N'EST PAS UN BON À RIEN » dis-je en hurlant.

«Oh voyez-vous ça » dit ma mère en venant à mes côtés pour enlever mes cheveux de mon visage qui sont mouillés à cause de mes nombreuses larmes.

«Elle est tombée amoureuse » dit-elle en riant.

«Vous n'avez pas le droit » dis-je en voulant sortir par la fenêtre, mais ma mère vient presque à m'arracher le bras pour que je reste assise.

«Au revoir Maria, nous tâcherons de dire à tes parents que tu es morte en chemin, la mer ne pardonne pas » lui dit ma mère.

«Non» dit-elle en pleurant.

«Je suis désolé Maria » dis-je à travers la fenêtre «Pardonne-moi».

«ANA » s'exclame-t-elle alors qu'Igor la prend par le bras et l'emmène de force je ne sais où.

Je la regarde partir alors qu'elle ne cesse de se retourner vers moi en pleure tandis que je suis dans le même état qu'elle.

Elle finit par disparaître de mon champ de vision et je viens taper l'intérieur de la voiture jusqu'à me blesser en criant de rage.

«Quelle idiote » dit ma mère «Nous ne sommes pas au cirque me semble-t-il » dit-elle à mon père.

Je finis par me calmer et je les regarde à tour de rôle.

«Bien voilà un problème réglé, le suivant ne va pas tarder » dit mon père «en route » tape-t-il au carreau.

Nous reprenons la route alors que je n'ai plus de force pour faire ou dire quoi que ce soit
je suis vidé de toute énergie.

«Tu ne demandes pas où l'on va ? » s'exclame ma mère dans un rictus alors que je la regarde blasé.

«Eh bien je vais te dire où l'on va » dit-elle «Nous nous rendons dans la campagne de Brighton, chez une amie lointaine qui nous débarrassera de ce vilain truc » dit-elle alors que je pose ma main sur mon ventre.

«Et si je n'ai pas envie »dis-je vide d'émotion en regardant dehors.

«Tu n'as pas le choix Anastasia » dit mon père «Une fois libre, nous retournerons en Russie et tu épouseras le neveu du Tsar et tout rentrera dans l'ordre » dit-il alors que je ferme les yeux et souris vaguement.

Tout rentrera dans l'ordre pour eux, moi je ne serais plus jamais la même après tout ça.

Je ne sais pas combien de temps dure le trajet, mais nous finissons par arriver à Brighton.

Je constate une seule chose, c'est que la mer ne va pas me quitter pour maintenant puisque je la vois et elle est d'un bleu éclatant à l'inverse de cette journée qui restera la journée la plus sombre de ma vie.

Je viens de perdre ma famille, mon amie, mon bien-aimé et je vais perdre mon enfant.

Tout ça pour quoi ? Pour une vulgaire couronne sur la tête, un mariage malheureux, un époux tortionnaire et des enfants qui seront élevés par des nourrices.

Nous quittons finalement la côte pour nous rendre dans une campagne bien profonde, très loin des regards.

Nous arrivons devant une allée qui débouche sur un lointain domaine en pierre, pas très entretenu.
Je me demande quel genre d'amie est-ce ?

La voiture s'immobilise et ma mère sort la première et vient frapper à la porte puis entre dedans comme si c'était chez elle.

«C'est pour ton bien tout ça » dit mon père.

«Vous ne savez rien de ce que je veux vraiment » dis-je alors qu'il se met à souffler.

Une quinzaine de minutes plus tard, ma mère sort avec son amie dehors et nous fait signe à mon père et moi de sortir, signe qu'elle lui a expliqué le problème.

Voilà le chapitre 36, j'espère qu'il vous a plu ?
J'attends vos retours avec impatience :)

Anastasia Petrova et Simon Basset Où les histoires vivent. Découvrez maintenant