Chapitre 38: Je suis assez

305 18 2
                                    




Carla

M'a-t-il abandonner, était une question que je me posais de plus en plus souvent. Je n'arrivais pas à l'oublier et sa réponse me terrifiait, elle me hantait. S'il l'avait fait, alors la douleur que je ressentirais face à cette trahison serait indescriptible, mais s'il ne l'avait pas fait et qu'il n'était toujours pas là, alors je ne ferais pas que souffrir, j'agoniserais. Je ne savais pas ce que je ferais si je le perdais à jamais et je ne voulais même pas le savoir, ni même l'imaginer. C'était trop douloureux.

Je ne voyais rien et n'entendais rien dans cette vaste chambre. Mes rideaux étaient sans cesse fermés et il m'était impossible de les ouvrir à cause des gros barreaux d'acier qui l'entravaient. Les murs étaient insonorisés et vu que personne n'entrait jamais dans ma chambre, j'étais laissé à moi-même. J'étais sourde et aveugle, ce qui était un assez gros désavantage.

Dans la salle de bain, il n'y avait pas de miroir et tous les meubles étaient en acier ou en métal pour ne pas pouvoir me servir d'arme. Rafael était un homme rusé et très intelligent. Les erreurs de débutant aussi bêtes que celle-ci n'étaient pas pour lui. Ce n'était pas à sa hauteur, pas digne de lui.

Je me laissai tomber sur le dos, contre le matelas du lit et je lâchai un long et bruyant soupir. Je n'en pouvais plus d'être enfermé ici, telle une princesse prisonnière d'une bête monstrueuse. Je voulais voir mon bourreau, lui que je connaissais si bien et depuis si longtemps. Je voulais de la compagnie, n'importe qui. Enfin... juste pas eux.

Pour la premier fois depuis sept jours, la porte s'ouvrit. Cette inconnu le fut à une lenteur provocante, ce qui me laissa bien assez de temps pour me relever. Je plantai mes pieds dans le sol, au centre de la pièce, et je relevai la tête pour le toiser d'un regard mortel. Étonnement, ce fut Rafael que je vu entrer dans la pièce et non un de ses hommes, comme toutes les autres fois d'avant.

J'avais mentis, je n'avais pas été complètement abandonné ses derniers jours. Tout de même, les seules fois où je n'avais pas été entièrement seule dans cette grande pièce, c'était pendant un quart de seconde le temps qu'un de ses hommes me lance un bol de nourriture dégoûtant.

Tout mon corps se figea immédiatement, tel un automatisme, me souvenant de ses mains se baladant sur mon corps comme si c'était hier. Un sourire fier orna son visage en voyant ma réaction. Ils l'étaient tous, une fois qu'ils réalisaient qu'ils ne me faisaient pas simplement peur, mais qu'ils m'avaient traumatisé à vie. Il s'avança vers moi à petit pas, prenant son temps pour laisser la pression et la peur monter en moi. Allait-il le refaire de nouveau? Bien sûr que oui, il faudrait vraiment que je sois naïve pour penser le contraire. Il le fera toujours.

- Tu peux te calmer, je suis bien trop fatigué ce soir et en plus, j'attends Eden.

- La fatigue ne t'arrêtait pas avant, affirmai-je calmement. On dirait bien que tu t'affaiblis.

Rafael leva les yeux au ciel et s'approcha lentement de moi. Je le laissai faire, me contentant de fixer ses sombres iris alors que la distance qui nous séparait rapetissait chaque seconde. Je n'avais plus peur de lui, plus peur de ce qu'il pouvait me faire ou de ce que je pouvais ressentir. Je n'avais plus peur de rien.

- Ne t'inquiète pas, je peux toujours le faire si c'est ce que tu désires, rétorqua-t-il en glissant ses mains contre mes hanches.

Il ne me fallu qu'un quart de seconde pour refouler mes habitudes et heureusement, il ne sembla pas remarquer que c'était rendu un automatisme chez moi de me crisper à son toucher, de cesser de respirer chaque fois qu'il s'approchait ou de rester paralyser en sa présence. Même s'il ne me faisait plus peur, il l'avait fait si longtemps que c'était devenu une habitude, une simple chose banale et normale que je faisais désormais sans m'en rendre compte.

Son retourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant