Héritière malgré elle

Chapitre 6

On est vendredi et lorsque j'arrive au café, je vois que Zachary est tout seul. Je lui fais un grand sourire. Je ne dirais pas que nous sommes amis, mais vu que nous nous voyons tous les jours, nous sommes quand même passés au tutoiement. C'est plus simple comme ça.

Moi : Bonjour, lâché tout seul dans le grand bain ?

Zachary : Bonjour. Oui, Josh est coincé au lit avec la crève. Un grand macchiato caramel avec supplément de mousse à emporter.

Au moment où il dit ça, un éclair zèbre le ciel. Il était déjà menaçant quand j'ai quitté l'appart, mais là. La seconde d'après, des trombes d'eau tombent du ciel. J'ai bien pris un parapluie, mais vu le déluge, je ne suis pas sûre que ça suffise. Je ne commence les cours qu'à 10h aujourd'hui. Je devais retrouver mes copines sur le campus parce que c'est l'anniversaire de Caroline. C'est une très bonne amie depuis le lycée, elle est en droit. Par contre, je crois que je vais plutôt attendre que l'orage se calme.

Moi : Euh, je vais le prendre sur place ce matin...

Zachary : pas envie d'affronter la pluie ?

Moi : Il ne pleut pas, le ciel nous tombe sur la tête carrément. Et puis mes cours ne commencent pas tout de suite, j'ai un peu de temps.

Zachary lâche un petit rire et m'indique une table, je vais m'y installer et peu de temps après, il m'apporte ma boisson. Je suis la seule cliente à croire que les gens n'ont pas osé mettre le nez dehors avec le temps. Du côté de Benji, il n'avait pas de cours ce matin alors, il doit encore être en train de ronfler bien au chaud sous sa couette.

Je sors mon portable pour appeler Caroline et la prévenir que je ne serais pas tout de suite sur le campus. Elle, elle vit sur le campus, elle est dans une sororité.

Caroline : salut ma belle, t'arrive bientôt, parce que tu sais que j'en ai que pour deux minutes pour me rendre à la bibli.

Moi : C'est pour ça que je t'appelle. Vu ce qui tombe, je me suis réfugiée dans le petit café ou je fais un arrêt tous les matins.

Caroline : Accro à la caféine !

Moi : J'assume complètement ! Je sais pas à quelle heure je vais arriver sur le campus alors, je crois que c'est mieux si on fait sauter le rancard de ce matin. Tu m'en veux pas ?

Caroline : Bien sûr que si ! Non, je déconne, je soufflerai mes bougies ce soir.

Moi : Ouais, on se voit ce soir au Macumba.

Caroline : Oui et ce même s'il fait un temps de chien.

Moi : sans faute. On se dit devant l'entrée à 23h

Caroline : ça roule.

Je raccroche et range mon portable dans mon sac. Au passage, j'attrape un stylo et commence à griffonner sur ma serviette en papier tout en buvant mon café. Le silence n'est rompu que par les coups de tonnerre. Je sursaute à chaque fois. J'ai jamais aimé les orages, je pense que c'est plus ou moins lié à la profession de mes parents. Les vols en pleines tempêtes, c'est pas une mince affaire.

Le déluge ne semble pas vouloir s'arrêter et pourtant, il va falloir que je me décide à bouger si je ne veux pas être en retard à la fac. La station de métro est à trois cents mètres et vu le vent ça ne sert à rien que j'ouvre mon parapluie. J'ai pas envie de jouer les Mary Poppins... je soupire et là mon portable sonne. C'est Benji.

Benjamin : Bi, ça va, t'es bien arrivé à la fac ? L'orage m'a réveillé.

Moi : Ben, je suis pas à la fac, je suis au café. La fin du monde a commencé alors que je commandais mon café et très honnêtement, j'ai pas encore eu le courage de sortir, mais il va falloir, j'ai cours dans une demi-heure.