Chapitre 10

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Quand j'arrive à la fac, j'essuie un paquet de regards curieux ce qui n'est pas étonnant vu ma tête. Heureusement que j'ai réussi à camoufler mon énorme bleu sinon j'imagine même pas ce que ce serait. Bon dans mon malheur, j'ai de la chance, j'aurais pu avoir un œil au beurre noir et là, je ne serais carrément fait dévisager.

En cours de gestion, j'ai beaucoup de mal à me concentrer. C'est déjà loin d'être ma matière préférée, mais là les murmures de mes camarades à mon sujet n'aident pas. J'ai pu entendre "t'as vu, on l'a frappé, c'est sûr ?" "putain, elle a passé un sale quart heure" Enfin des trucs de ce genre. Je ne suis pas mécontente de quitter l'amphi pour me rendre au réfectoire. Lorsque j'arrive, les filles ont déjà tout à table. Cassidy laisse tomber sa fourchette sur son plateau.

Cassidy : Putain Billie qu'est-ce qu'il t'est arrivé ?

Je m'attendais à cette question et j'ai pas forcément envie de tout leur raconter. Elles n'ont jamais vraiment su ce qu'il s'était passé avec Stéphane. J'avais trop honte pour en parler.

Moi : je suis tombé dans les escaliers... Un roulé-boulé du tonnerre.

Caro : Ma pauvre et t'as pas trop mal au moins ?

Ouf, je suis contente qu'elles croient à mon histoire.

Moi : ça va.

Alicia : Comment t'as fait ton compte ?

Moi : je descendais avec les draps à la buanderie de l'immeuble et je me suis pris les pieds dedans...

Putain, je ne me connaissais pas ce talent de menteuse. Les filles ne cherchent pas plus loin et ça m'arrange.

Mon aprem se passe bien, j'ai dessin pendant quatre heures. Ça peut paraitre long comme ça, mais une fois que j'ai le nez sur ma toile, je ne vois pas le temps passer. Je laisse à mes doigts de soin de représenter ce qu'ils veulent, je suis beaucoup sur les motifs floraux ou paysage en ce moment. L'autre jour au café, j'ai esquissé une fleur de frangipanier sur ma serviette en papier. C'est une fleur tout ce qu'il y a de plus simple avec cinq pétales qui se chevauche doucement, dont la couleur varie, mais elle est toujours plus intense en son centre et se dégrade doucement, offrant une palette de teinte incroyable.

Là, c'est l'image du pont Doré qui me vient. Il est situé au Vietnam. Mes parents et moi y avions passé une semaine pendant les grandes vacances de mes 12 ans. Ces deux énormes mains en pierre qui semblaient soutenir le pont, c'était magnifique. J'ignore pourquoi je pense à ce pont-là, maintenant. peut-être à cause de la bouffe asiatique au réfectoire, en tout cas, je m'attelle à le reproduire sur le papier sous l'œil, je crois admiratif, du prof.

Prof : Une grande carrière vous attend Mademoiselle Mitchel.

Moi : je l'espère...

Prof : Est-ce le pur fruit de votre imagination ?

Moi : Non, un souvenir de voyage.

Prof : je vois. J'aurais préféré que ce soit une projection de votre esprit créatif, mais votre trait de crayon est précis. Vos lignes sont fines et appuyées comme il faut et votre ombrage est très réussi. C'est de l'excellent travail.

Moi : Merci Mr.

À l'appart, Benji est déjà là, il est installé sur la table du salon et tape sur son Pc portable à toute vitesse avec un petit sourire en coin. En général, quand il sourit comme ça, c'est qu'il a une fille en vue. Je m'approche doucement dans son dos et je vois qu'il est sur un tchat de rencontre.

Moi : Comme si tu avais besoin de ça pour te trouver une copine.

Il sursaute et je pouffe de rire.

Héritière malgré elleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant