À tâtons, je vois Zachary avancer, la cabane est plongée dans le noir. Il peste en se cognant le pied contre, je ne sais quoi, puis il allume une sorte de lampe tempête. Il fait le tour de la pièce, il y a une petite table et deux chaises en bois. Devant la cheminée, il y a un canapé. Et dans un coin de la pièce, des étagères avec du matériel de pêche, des bouteilles d'eau et une de vodka. Nous sommes trempés jusqu'aux os et je tremble de froid.
Zachary : je vais casser une chaise pour faire un feu.
Il explose une des chaises au sol et place les morceaux d'âpre. Ça nous fait un peu de lumière et de chaleur. Il y a deux fenêtres, mais ouvrir les volets en bois avec la tempête dehors n'est pas l'idée du siècle. Pour ma part, je suis toujours adossée au mur vers la porte, je fuis le regard de Zachary qui cherche désespérément à capter le mien. Il se contorsionne pour tenter de voir sa blessure. Il saigne vraiment beaucoup. Je le vois ensuite fouiller dans le matériel de pêche.
Il attrape du fil et un hameçon. Il prend aussi la bouteille de vodka. Il en verse une bonne dose sur l'hameçon et s'assied sur la chaise avant de verser de la vodka sur sa plaie. Puis je le vois planter l'hameçon dans son bras, il tente de se recoudre, j'y crois pas. Il serre les dents et peste qu'il ne voit rien. À cloche pied, je le rejoins et lui prends le matériel de suture improvisé des mains. Je lui en veux, mais je ne peux pas le laisser faire ça à l'aveuglette. Et s'il meurt, je vais retrouver toute seule dans cette galère. Et soyons honnête, c'est pour me protéger qu'il a cette balafre.
Le plus délicatement possible, je referme sa plaie. Mes mains tremblent un peu, je n'ai jamais fait ça, je n'ai même jamais reprisé quoi que ce soit. Je ne pensais pas que mon galop d'essai serait sûr... sur quoi en fait ? Mon coloc ? Mon petit ami ? Mon garde du corps ? Quand j'ai fini, je pose tout à côté de lui sur la table et souffle sur mes doigts que je ne parviens pas à réchauffer. Je suis congelée.
Zachary : Merci.
Je ne prends même pas la peine de répondre, je suis encore furieuse contre lui. Soudain, il arrache les rideaux au deux fenêtres.
Zachary : Déshabille-toi, il faut faire sécher nos vêtements ou on va tomber malade.
Il me tend un des rideaux et me tourne le dos. Je m'assieds sur la chaise parce que j'ai assez joué les équilibristes en le recousant et mon pied est trop douloureux si je le pose. Puis je retire mon pull et mon t-shirt qui me colle à la peau. Je les pose à plat sur la petite table et déboutonne mon jean. Je me lève en prenant appui sur la chaise et le retire avec mes baskets et mes chaussettes. Je m'enroule dans le rideau et sans crier gare, Zachary me serre dans ses bras et m'entraîne vers la cheminée. Il me serre si fort que mes pieds ne touchent presque plus terre et je suis sûre qu'il le fait exprès sachant que j'ai mal.
Zachary : Avec la chaleur corporelle et celle du feu, tu devrais vite de réchauffer.
Lui et moi à moitié nu devant un feu de cheminée, dans d'autres circonstances, j'aurais été aux anges.
Zachary : Parle-le-moi Billie.
Moi : Qu'est-ce que tu veux que je te dise Zachary ?
En l'appelant pas son prénom complet, je veux mettre de la distance entre nous. Du moins sur le plan émotionnel parce que niveau physique l'éloignement n'est pas de mise.
Moi : Si j'avais pas aussi froid, je ne serais déjà plus dans tes bras. Tu veux que je te dise que je me sens comme la dernière des connes ! Que je t'ai raconté ma vie alors que tu savais déjà tout de moi ! Que je te déteste parce que j'ai l'impression que tous nos rapprochements étaient seulement pour que je te lâche encore plus d'info à mon propos ! Que je t'en veux de m'avoir menti ! Que je voudrais que tout ça soit une vaste blague de mauvais goût !
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Héritière malgré elle
RomanceBillie Mitchel est une jeune femme passionné d'art qui ne rêve que d'ouvrir sa galerie. Sa vie va être bouleversée quand son père biologique se met en tête de la retrouver pour qu'elle lui succède à la tête de son entreprise.