Chapitre 50 : Carnage

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RAKHEID !!!!!

Ce seul nom en tête, Natsu repartit en remontant à toute allure l'enfilade de voitures. Il n'accorda aucun regard aux alentours. Il n'observa même pas l'exploit qu'était en train de réaliser son agresseur bleuté. Il s'en moquait... éperdument même ! Sa priorité, c'était son frère.

Rakheid !!!

Le perdre, c'était impossible ! Rakheid ! Il le trouverait et il le sauverait ! Ensemble, ils étaient indestructibles.

RAKHEID !!! Il hurla dans la nuit.

Le silence lui répondit. Funeste. Pesant.

Ce silence, pas à pas, commençait à détruire ses barrières psychiques. Il prenait tout l'espace dans son crâne, tout l'espace dans ses pensées. Il s'insérait petit à petit dans son âme. Ce lien particulier, qui unissait les deux frères, s'effilochait à vue d'œil et pour Natsu, c'était insupportable. Il avait mal. Sa poitrine était tiraillée. Son corps s'asséchait, se ratatinait de l'intérieur. Pourtant, le garçon aux cheveux roses poursuivait sa course, rien ne pouvait l'arrêter.

L'espoir vibrait...

Encore.

Toujours.

Une fine touche d'espoir dans un horizon bien sombre.

Natsu cavalait comme un fou hanté par l'absence, le cœur suffoquant, muselé. Son corps pendant ce temps était parcouru par diverses éclats lumineux. Intenses. Grandioses.

De minuscules étincelles se solidifiaient au bout de ses doigts. Des flammèches prenaient naissance sur sa peau. Des vagues ocres et orangées prenaient racine dans son corps et s'étendaient vers l'atmosphère. Il irradiait. Mais, le garçon aux cheveux roses ne les voyait pas, il ne les sentait pas ! Son Etherious, comme l'avait appelé Zeleph, sa magie en somme, grouillait si fort à l'intérieur de lui qu'elle avait besoin de se déverser. Alors..., elle débordait, visible dans ses yeux passant du mauve au rouge.

Rakheid !

Vite !!! Natsu devait le retrouver. D'abord la voiture. Une voiture beige !

L'accident s'étendait sur plusieurs dizaines de mètres ; une bonne vingtaine de voitures étaient déjà retournées, encastrées les unes dans les autres. Des masses informes craquelaient. Quelques silhouettes hagardes erraient au milieu des voies.

Natsu serpentait à toute vitesse au milieu des décombres. Il ne percevait rien, il n'entendait pas. Sauver Rakheid ! C'était son unique obsession.

Où était-il ?

Le silence lui répondit.

Irrémédiablement, le lien particulier qui unissait les deux frères s'évaporait.

Et si...

L'autoroute n'était plus que cris, râles et crépitements. Les voitures à l'arrêt faisaient penser à des Lego abandonnés à la va-vite. Quelques roues, çà et là, avaient oublié de s'arrêter. Elles trônaient vers le ciel, les pneus filant au vent, les passagers inconscients retenus tête en bas.

Il y avait des monceaux de tôles partout, des morceaux de caoutchouc, de la ferraille, des éclats de verre, du sang aussi... Il y en avait partout. L'Enfer sur terre.

Des grands phares allumés et des warnings clignotants donnaient à la scène un air de fête. Une fête de mort... une veillée funèbre peut-être. On ne voyait pas grand-chose, on devinait surtout. L'odeur était exécrable. Elle piquait les yeux, elle soulevait les cœurs. Un mélange de fumée, de plastique cramé et d'essence. Ça prenait à la gorge, ça obscurcissait la vue.

Un Idéal - PARTIE 1: Les SélectionsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant