Chapitre 32

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En ce matin du 10 octobre, il y eut de la pluie qui s'abattit sur la ville de Konoha humidifiant la terre et particulièrement celle du cimetière. Les gouttelettes d'eau ricochaient sur les parapluies noires perçant ainsi le silence mortuaire du territoire de la mort. Face à la tombe commune deux silhouettes étaient présentes, tandis que l'une se tenait droite l'autre avait les épaules voûtées secouées par l'émotion. Une main empêcha un cri de douleur de retentir, mais pas celle interne. La première silhouette était blonde comme son homologue, à la différence que ses cheveux avaient la couleur du blé au contraire des siens qui avaient une couleur plus claire. L'une était plus grande que l'autre, un homme et une femme, un jeune homme ayant perdu à jamais ses parents et une femme au cœur brisé par la disparition de l'amour de sa vie. Deux âmes en pleurs qui se languissaient des êtres chers qui leur avaient été enlevés brusquement.

Les sanglots de la femme devinrent plus sonores, déchirant le silence et dont les échos emplirent le cimetière. C'étaient des larmes de tristesse, de douleur malgré les années qui s'étaient écoulées. Le jeune homme sentit les larmes lui monter aux yeux, ému par sa détresse, mais il ne les laissa pas couler, restant fort pour elle, pour la soutenir.

Un parapluie qui s'en va au loin et des genoux s'enfonçant sur le sol boueux, un nouveau cri bien plus fort, des cheveux devenant lourds à cause de la pression de l'eau, des paumes de main sur du ciment froid et un désespoir évidant. Et puis un autre parapluie que l'on jette, une silhouette qui s'agenoue aussi, deux bras qui encerclent un corps pour lui donner de la chaleur, des mots de réconfort et une promesse que tout ira bien. Et la pluie se confondant aux larmes.

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Silencieux, Naruto observait les remoues de son thé, la pluie faisait toujours sa loi dehors. Il releva les yeux, Tsunade était face à lui, elle aussi perdue dans les tréfonds de ses pensées, peut-être dans ceux de ses souvenirs. Autour d'eux des rires et des conversations joyeuses provenant des autres tables du café où ils avaient trouvé refuge. Encore un peu frissonnant à cause du bain froid précédent, il resserra ses doigts autour de sa tasse dans le but de se réchauffer. Le lieu était chaleureux et vivant, tout leur contraire qui eux revenaient du sanctuaire de la mort. Ils faisaient tache dans ce cadre plein de vie.

Reportant son attention sur la vitre juste à côté de lui, ses yeux bleus détaillèrent les silhouettes des passants qui circulaient en dépit du mauvais temps. Il était morose et nostalgique en ce jour de fête, il venait d'avoir vingt-quatre ans, pourtant il n'en tira pas tant de satisfaction. Il repensa à sa mère, il essaya de se remémorer le son de sa voix qui hélas s'effaçait de sa mémoire avec les années, à cette façon qu'elle avait de le border, à ses colères et à ses sourires. Puis il pensa à son père, il se souvenait de ses longs cheveux blancs, de son visage toujours souriant, des glaces à l'eau qu'ils partageaient à chaque été, des interminables balades qu'ils faisaient. À leur maison, leur foyer, à sa chaleur, à leur vie à trois. Aux nuits blanches de son père travaillant sur un nouveau roman, sa maman lui avait interdit la lecture de l'un d'eux un jour alors qu'il avait demandé à son papa de lui lire ce qu'il écrivait. À celles de sa mère lorsqu'il tombait malade, à l'inquiétude sur ses traits et la douceur de ses soins. À leur vie modeste, mais heureuse. Et à l'accident... Au jour où il avait tout perdu, à la vie à l'orphelinat, aux foyers où il ne restait jamais longtemps, à la solitude qui l'avait assailli, à ses larmes, aux appels qu'il avait formulé moulte fois à l'adresse de ses parents. Au départ de Tsunade. Et à la peur de rester seul.

Il se souvint aussi de ce garçon qu'il avait un jour retrouver assis contre son arbre, de son mauvais caractère, mais aussi de sa solitude. Ce fut la première fois qu'il eût l'impression d'être compris. De leur amitié, ensuite de leur amour, de son départ, de la peur qui avait refait surface. Et puis, il y'eut un homme, tenace et borné, son mari qui ne lui refusait jamais rien, une petite fille qui devint sa sœur, des amis fidèles malgré les difficultés.

We will meet againOù les histoires vivent. Découvrez maintenant