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Les yeux braqués sur mon écran, je le regarde sans vraiment le voir. Une fois de plus, son souvenir revient me tourmenter.
Je cligne des paupières, tentant de faire disparaître cette ombre sinistre qui virevolte sans cesse autour de moi, mais déjà, un frisson désagréable remonte le long de mon épine dorsale, se propage dans mon corps, me glaçant jusqu'aux os.
Son rire sadique, devenu presque démoniaque dans mon esprit, se répète à l'infini dans mes tympans et fait dangereusement accélérer les battements de mon cœur.
Je connais la suite et je l'appréhende.Chacunes de mes cicatrices me brûlent, mon cuir chevelu devient lancinant, comme si sa main empoignait encore mes cheveux.
Je ressens, revis, chaque morsure, chaque coup, comme si cinquante-trois jours ne s'étaient pas écoulés depuis que l'enfer s'était abattu sur moi.
Chacunes de mes respirations me sont soudain douloureuses, presque suffocantes, alors je me lève difficilement du lit et rejoins, titubante, la salle de bain.
Aussi vite que mes membres tremblants me le permettent, j'ôte le sweat d'Ewen et mon legging, puis mes sous-vêtements et rentre dans la douche, sans même attendre que l'eau soit chaude.
Tout mon corps n'est que douleur.
Pas au sens propre du terme, puisque chaque blessure qui m'a été infligée est maintenant parfaitement guérie, mais son souvenir ne me quitte plus, tel un spectre qui semble vouloir me hanter, me rappeler encore et encore ce qu'il m'a fait subir. Sans compter la honte, le dégoût et la culpabilité qui étreignent tant mes organes vitaux, que j'ai la sensation de m'asphyxier.
J'ai l'immonde sentiment qu'ils pourrissent, viciés par un poison nommé Andress.
Il a souillé mon corps, dorénavant mon âme et mon esprit semblent suivre le même élan dévastateur, destructeur.Je tente désespérément de garder la tête hors de l'eau, de ne pas céder aux appels répétés des abysses, en me noyant dans le travail.
J'essaie de toutes mes forces de me persuader que je suis plus forte que je ne le ressens, mais chaque regard sur mon reflet me renvoit une femme soumise qui a abdiqué bien trop vite, une femme effrayée qui a cessé de lutter bien trop tôt.Je déteste chaque parcelle de ma personne pour ça.
J'ai été faible.
Et Ewen a assisté à ma renonciation.
Comment peut-il continuer à m'aimer en ayant vu mon manque de résistance?
Comment peut-il encore vouloir de moi alors qu'il a assisté à mon abdication, mon absence totale de lutte?
Comment peut-il ne serait-ce que me regarder, alors que je ne peux plus le faire moi-même?
Chaque jour à faire semblant est plus douloureux que le précédent.
Chercher au fin fond de moi le peu de dignité qu'il me reste devient une torture mentale, parce qu'il est impossible de retrouver ce qui n'est plus.Chaque sourire que je me force à afficher, crée un trou de plus en plus béant dans mon âme.
Je suis entourée, aimée, soutenue, par chaque membre de ma famille, et je me déteste d'autant plus de leur mentir aussi éhontément, de leur infliger autant de douleur et d'inquiétude.
Je devrais leur dire dans quel gouffre je m'enfonce.
Je devrais me libérer de mes maux.
Dire à l'homme que j'aime à quel point son toucher m'est douloureux, qu'il est tel de l'acide qui imprègne mes pores, mais malgré tout, j'en ai besoin. Je le réclame même.Une infime partie de moi sait encore, que c'est lui qui me sauvera des méandres de l'obscurité qui ne cessent de m'attirer.
Alors, je tiens bon, je m'y oblige, continuant de lutter, pour lui. Pour nous.
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The Erebe's Sons MC Tome 1 - Ewen
Narrativa generaleCertains tentent de déplacer des montagnes, d'autres de décrocher la lune. Et vous? Que seriez-vous prêts à faire par amour? Certains passages de cette histoire ne conviennent pas au jeune lectorat, y figurent des scènes de violence et de sexe expli...