Partie 8 - La forêt.

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1er août 1991.

« Aurél !! Aurééél !! »

Il était en train d'appeler son petit frère en vain, une inquiétude monstre apparaissant en lui à mesure que les minutes défilaient. Aujourd'hui, c'était son anniversaire et Aurélien avait neuf ans. Leurs parents avaient organisé une fête d'anniversaire à l'extérieur, près d'une petite forêt, et après le gâteau, ils avaient lancé une partie de loup. Ils jouaient depuis bien quarante minutes et là, c'était son tour de compter. Il avait petit à petit trouvé tous les enfants que son frère avaient invité plus son meilleur ami à lui, Claude, mais Aurélien était resté introuvable quant à lui. Il avait alors prévenu ses parents qu'il n'arrivait pas à trouver son frère et ceux-ci s'étaient rajouté à lui afin de le chercher. En vain. Jusqu'à ce qu'il l'aperçoive enfin, allongé par terre en contrebas près d'une petite rivière, et ne descende le talus pour le rejoindre du plus vite qu'il le pouvait.

« Aurél ! Aurél !! »

Le plus petit semblait évanoui et quand il tomba à genoux à ses côtés, il le secoua pour le réveiller. Il vit qu'il semblait saigner de la tempe – du côté où son visage était en contact avec le sol – et il appela ses parents en le secouant de plus belle.

« Papa ! Maman ! Je l'ai trouvé ! »

Il entendit alors Aurélien pousser un petit gémissement de douleur et il se retourna vers lui à ce son.

« Aurél ?? Mon chat, tu m'entends ?? »

Aurélien ouvrit les yeux doucement et il força un sourire rassurant sur ses lèvres :

« Oui, c'est bien... Ouvre les yeux, Aurél.

— Gui...llaume...? bredouilla le plus petit et il hocha la tête vivement alors qu'il entendait ses parents courir vers eux dans son dos.

— Oui, c'est moi. Je suis là. Ton grand frère est là. Tout va bien. »

Aurélien essaya de se redresser, mais il le vit faire une grimace de douleur en ramenant son bras droit à lui et il l'attira à lui en comprenant qu'il devait s'être fait mal à cet endroit. Son petit frère se mit alors à pleurer et il allait lui demander si c'était son bras qui le lançait autant, complètement paniqué, quand ses parents les rejoignirent.

« Aurélien !

— Mon cœur, mais qu'est-ce que... »

Son père essaya de prendre Aurélien dans ses bras, mais il le repoussa aussitôt, ne voulant pas qu'il l'éloigne de lui.

« Non... Je crois qu'il s'est fait mal. Très mal. Je l'ai retrouvé évanoui par terre, expliqua-t-il à ses parents et ceux-ci lui lancèrent un regard inquiet avant de se tourner vers le plus petit dans ses bras.

— Aurélien, mon ange, tu te souviens de ce qu'il s'est passé ? demanda sa mère au plus petit et celui-ci hocha la tête contre lui.

— Je suis tombé... Je voulais traverser la rivière mais... mon pied a cogné contre une pierre que j'avais pas vue et je suis tombé. Ma tête a cogné contre le sol et je suis tombé sur mon bras. Après, je sais plus... Mais j'ai mal... Très mal...

— Il faut l'amener à l'hôpital...! Tout de suite ! » s'exclama-t-il en entendant Aurélien dire ça et ses parents hochèrent la tête.

Il se leva sans jamais lâcher Aurélien et quand il se tourna pour lui présenter son dos afin qu'il monte dessus, il vit son père faire un mouvement dans sa direction, comme pour lui dire de faire attention. Mais Aurélien accepta sans rien dire et monta sur son dos. Son père les regarda d'un air hésitant un instant avant de se remettre en marche quand il lui lança un regard confus. Trop bizarre. De quoi est-ce qu'il avait donc peur ? Il les suivit donc à travers la forêt jusqu'à la voiture pour amener Aurélien à l'hôpital, les pleurs de ce dernier dans son dos lui brisant le cœur.

***

« Tout va bien, Aurél... T'es en sécurité maintenant, je suis là... »

Il était devant la télévision avec le plus petit blotti contre lui, leurs deux corps collés l'un contre l'autre sous la couverture pour se réchauffer. Ils venaient de rentrer de l'hôpital et Aurélien arborait maintenant un petit plâtre tout blanc au bras droit. Il s'était vraiment cassé quelque chose au final. Il caressait distraitement la taille de son petit frère de ses doigts sous son tee-shirt ainsi caché sous la couverture afin de l'apaiser et lui faire oublier qu'il avait mal. Il pensait à quand il l'avait déshabillé pour le mettre en blouse d'hôpital comme lui avait demandé l'infirmière et qu'Aurélien avait paniqué quand il avait voulu lui enlever son pantalon après son tee-shirt. Ça l'avait surpris. Après tout, c'était pas comme si c'était la première fois qu'il le voyait quasiment à poil, non ? Il se rappela alors de ses parents qui avaient demandé à Aurélien s'il préférait qu'ils sortent ou qu'au contraire, lui, il sorte, et Aurélien avait alors hoché la tête à ça. Son frère avait voulu qu'il s'en aille. Alors que depuis le début, c'était lui qui s'occupait de lui, s'assurait qu'il n'avait pas trop mal, le rassurait... Mais en observant ses parents lui enlever son pantalon dans l'entrebâillement de la porte, il avait compris pourquoi Aurélien n'avait pas voulu qu'il reste. Il avait vu du sang couler sur sa jambe droite depuis sa cuisse où il devait s'être ouvert en tombant et sa mère s'était dépêchée d'essuyer ce sang en retenant avec peine un juron. Il n'avait pas bien compris pourquoi, mais ce sang était de toute évidence ce qui avait fait paniquer son frère et même ses parents avaient paru blêmir à sa simple vue. Ensuite, l'infirmière était venue chercher Aurélien et quand ce dernier était revenu, il avait un plâtre autour du bras. Il sortit de ses pensées en voyant son père s'approcher de lui et celui-ci lui sourit doucement avant de faire un signe de tête en direction du plus petit dans ses bras. Il s'arrêta alors de caresser sa taille et soupira avant de hocher la tête, lui disant qu'il pouvait le prendre. Aurélien devait aller dormir, il était ko. Son père prit ce dernier dans ses bras du plus doucement qu'il le pouvait afin de ne pas le réveiller et il se leva à son tour, délaissant la couverture derrière lui. Il suivit son père jusqu'à la chambre de son frère et quand celui-ci fut dans son lit, il se pencha vers lui pour déposer un petit baiser sur sa joue fraîche. Il prit son lapin en peluche pour le lui glisser dans les bras et quand il se tourna vers son père, celui-ci lui sourit tendrement.

« C'est bien, mon chéri. On va dormir maintenant ? »

Il hocha la tête à la question et s'éloigna du lit de son frère en glissant sa main dans celle de son père. Aurélien allait bien. Tout allait bien. Il n'avait pas à s'inquiéter.

Fiction OrelxGringe - Protecteur.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant