Partie 14 - Le doute.

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Trois mois plus tard.

« Guillaume...? »

Il lâcha son portable du regard et se redressa sur son lit en entendant son petit frère l'appeler en ouvrant la porte de sa chambre. Celui-ci apparut, faiblement éclairé par la lumière de la lune qui perçait à travers la fenêtre de sa chambre, et il se demanda pourquoi il n'avait pas allumé la lumière du couloir. Pour ne pas réveiller leurs parents peut-être ? Aurélien lui lança un petit regard hésitant en voyant qu'il était réveillé et il haussa les sourcils d'un air surpris :

« Aurél ? Qu'est-ce qu'il y a ?

— Je... J'arrive pas à dormir...

— Tu as fait un cauchemar ? demanda-t-il aussitôt, pensant aux dernières fois où ça lui était arrivé dans l'année et Aurélien hésita un long moment avant de hocher la tête. Oh, Aurél...

— Je peux... Je peux venir avec toi ? l'entendit-il alors lui demander d'une voix suppliante. S'il te plaît, Guillaume... J'ai peur de me rendormir tout seul... »

Il jeta un regard inquiet à son petit frère avant de se tourner vers son ami Claude qui dormait à côté de lui, du côté mur. Celui-ci ronflait fortement, indiquant à quel point il dormait profondément, mais il se demanda si c'était tout de même sans danger. Ne risquait-il pas de se réveiller dans la nuit à cause d'un besoin quelconque ? Ou bien de se réveiller en sentant le matelas se creuser sous le poids d'Aurélien ?

« Guillaume... » l'appela son petit frère depuis la porte de sa chambre et il releva la tête en entendant des sanglots dans sa voix.

Le plus petit semblait complètement désespéré, les larmes aux yeux, alors il repoussa les draps de par-dessus son corps et lui fit un petit signe de tête :

« Viens-là, mon chat. Bien sûr que tu peux dormir avec moi. »

Une petite lueur d'espoir fit son apparition dans les prunelles sombres de son frère à ça et il lui fit un autre signe de la tête lui signifiant de s'approcher en voyant qu'il restait figé dans l'entrebâillement de la porte de sa chambre. Il mit son index devant sa bouche pour lui dire de pas faire de bruit et Aurélien se glissa à ses côtés dans le lit du plus silencieusement qu'il le pouvait. Il rabattit alors les draps sur eux, Aurélien à présent près de lui, et il lui sourit tendrement :

« Viens, approche-toi un peu... »

Il amena Aurélien à se rapprocher de lui en passant un bras par-dessus sa taille et celui-ci se blottit contre lui, enfouissant son visage dans son cou. Il le sentit agripper faiblement son tee-shirt de pyjama sous les draps et il sourit doucement :

« Aurél, mon chat... Tu veux me dire de quoi tu as rêvé ? lui demanda-t-il en passant une main sur son dos pour le réconforter et il le sentit frissonner à ça.

— N-Non... Ça fait trop peur... bégaya en réponse son frère.

— Qu'est-ce qui fait trop peur, Aurél ? Ce que tu as vu dans ton cauchemar ? »

Aurélien hocha la tête lentement et quand il l'entendit se mettre à pleurer contre lui, il déplaça sa main de son dos à son visage afin d'essuyer ses larmes :

« Shh, Aurél... Ne pleure pas, tu vas réveiller Claude... Dis-moi juste... est-ce que c'est tout le temps la même chose que tu vois dans tes cauchemars ? demanda-t-il en se rappelant qu'Aurélien lui avait parlé d'une personne de son passé la dernière fois où il était venu le trouver après un cauchemar. Est-ce que c'était encore la même personne ? »

Aurélien resta silencieux un long moment avant de hocher la tête et il l'amena à le regarder à ça :

« Eh, Aurél. Écoute-moi bien. Cette personne de ton passé... Je sais pas qui c'est, mais elle peut plus rien te faire, ok ? Et tant que je suis près de toi, je laisserai personne te toucher. Tu es en sécurité ici, compris ? lui dit-il d'un air assuré en plongeant son regard dans le sien et Aurélien sembla fouiller dans ses yeux comme pour s'assurer qu'il disait la vérité.

— Compris... répondit alors ce dernier d'une petite voix avant de le dévisager d'un air timide. Guillaume... tu peux m'embrasser ? »

Il hésita un moment avant de se pencher vers Aurélien et de déposer un petit baiser sur sa joue trempée de larmes. Quand il se recula, celui-ci avait les sourcils légèrement froncés en confusion, et il lui jeta un regard surpris :

« Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ?

— Je voulais dire... un baiser, Guillaume. Sur la bouche...

— Ah... Aurél, Claude est juste à côté, je sais pas si...

— S'il te plaît... Claude dort là, vu ses ronflements... Il verra rien. J'ai besoin de toi... »

Il sentit son cœur le serrer en l'entendant lui dire ça d'un air si sincère et il hocha la tête. La seconde d'après, il se penchait afin de l'embrasser véritablement cette fois et il sentit Aurélien se blottir plus encore contre lui au baiser :

« Merci... T'es le meilleur grand frère que j'aurai jamais pu avoir, murmura Aurélien contre ses lèvres quand il se recula et il haussa les épaules, gêné.

— Mm... Si tu le dis... Allez, dors maintenant. Bonne nuit, Aurél. Tu ne risques plus rien avec moi.

— Je sais, Guillaume... C'est pour ça que je t'aime autant... »

Il l'entendit murmurer ça d'une petite voix fatiguée et déjà, Aurélien s'endormit contre lui. Il n'avait pas fait long feu. Et lui, maintenant seul avec ses pensées, se sentit soudain infiniment coupable. C'est pour ça que je t'aime autant, lui avait dit Aurélien. Parce qu'il le faisait se sentir en sécurité. Parce qu'apparemment, auparavant dans sa vie, quelque chose s'était passé qui lui avait fait tellement peur qu'il ne sentait plus en sécurité nulle part. Mais quoi ? Et pourquoi avait-il ce besoin à chaque fois qu'il l'embrasse ? Ce n'était pas normal, non, entre frères ? Est-ce qu'il faisait bien de rentrer dans son jeu, même si c'était pas pour lui déplaire ? Mais après tout... Aurélien était encore petit. L'an prochain, il rentrait au collège, et là, peut-être que ce jeu étrange entre eux prendrait fin ? Il n'avait plus qu'à attendre de voir. Dans son dos, Claude ronflait toujours.

Fiction OrelxGringe - Protecteur.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant