Un mois plus tard.
Il avait un frère. Aurélien avait eu un autre frère avant lui. C'est ce que ses parents lui avaient expliqué quand il les avait obligé à lui en dire plus sur la famille qui l'avait adopté avant eux. C'était une famille de deux hommes, bien sous tout rapport au premier coup d'œil, et ceux-ci avaient déjà un fils. Un fils de quatorze ans. Il s'arrêta de faire ses lacets en pensant à ça. Quatorze ans. C'était l'âge qu'il allait avoir dans moins d'un mois. C'était donc pour ça que ses parents avaient soudain pris peur en les voyant encore dormir ensemble alors qu'il allait avoir quatorze ans ? Mais... Lui, il n'était pas comme ça garçon. Même s'il ne savait rien de lui, il en était sûr. Si ce garçon – qu'Aurélien considérait comme son frère à l'époque – lui avait fait le moindre mal, alors ils n'avaient rien de semblables. Lui, il avait passé les trois dernières années à veiller sur lui, à le protéger. Comment ses parents pouvaient-ils penser une seconde qu'Aurélien les rapprocheraient dans son esprit ? Il ne ferait pas ça, n'est-ce pas ? Il sursauta violemment en sentant une main s'abattre sur son épaule et en se retournant, il vit son meilleur ami, Claude.
« Bon, ma biche. J'ai vérifié, Aurél est bien dans les tribunes, là où tu l'as amené s'asseoir tout à l'heure. T'es prêt, toi ? »
Il soupira et hocha la tête. Oui, il était prêt à jouer au foot. Mais il n'avait pas du tout le cœur à ça.
***
« Oh...! Stop...! Stop ! »
Ses amis le regardèrent d'un air étrange quand il cria ça en plein milieu de la partie et il se tourna brusquement vers les tribunes, cherchant son frère du regard. Là, cet homme qu'il avait vu du coin de l'œil venir lui parler alors qu'il avait la balle, qui c'était ? Il sentit son cœur rater un battement en voyant qu'il n'avait effectivement pas rêvé et que ce dernier tenait à présent son frère par l'avant-bras alors que lorsqu'il avait crié à ses amis de s'arrêter, celui-ci l'avait seulement effleuré de sa main. Il vit à quel point Aurélien semblait terrifié et il se mit alors à courir dans sa direction :
« Aurél !! »
L'homme lâcha son frère en l'entendant l'appeler en criant et Aurélien s'enfuit en courant sans attendre une seconde de plus. L'homme le regarda lui, puis se mit à courir derrière son frère et à ça, il sentit son cœur s'arrêter de battre un instant. Mais qu'est-ce qu'il lui voulait, bordel ?? Qui était ce type ?! Il se mit alors à sa poursuite, priant tous les dieux afin de pouvoir rattraper son frère avant cet homme. Pitié.
***
« Aurél ? Aurél, c'est moi. C'est Guillaume... Est-ce que tu es là ? »
Il s'approcha des cabines de toilettes à tâtons, ayant entendu des petits sanglots en sortir. Ceux-ci s'arrêtèrent aussitôt à l'entente de sa voix et il tendit l'oreille pour écouter plus attentivement. Rien.
« Aurél, je t'en supplie. C'est moi, je suis là pour te protéger. Il ne te touchera plus. Ok ? »
Une des portes s'ouvrit dans un grincement et il se précipita vers cette dernière, impatient de revoir son frère. Et en effet, celui-ci était là, le visage trempé de larmes et semblant terrorisé. Ce tableau lui fit mal au cœur et il se laissa tomber à ses côtés sur le sol froid pour le prendre dans ses bras.
« Tout va bien, Aurél. Je suis là, ton grand frère est là...
— N-Non... Julien... Julien, il voulait me forcer à venir avec lui... s'écroula en pleurs le plus jeune contre lui en tremblant et il le força à s'éloigner pour pouvoir prendre son visage dans ses mains.
— Julien ? C'est comme ça qu'il s'appelle ? Cet homme... Tu le connaissais ?
— Je voulais pas, Guillaume... C'est lui. Lui qui m'a fait du mal quand j'étais petit...
— Quoi ? Tu veux dire que c'est lui ton... grand frère ? dit-il, comprenant alors pourquoi Aurélien avait refusé qu'il dise cela un peu plus tôt. C'est ça, Aurél ?
— Il a dit qu'il m'avait fait une promesse, celle de m'enlever un jour et de s'en aller loin avec moi. Mais je ne veux pas. Je ne veux pas partir. Je veux rester là, avec toi.
— C'est... C'est quoi cette promesse, Aurél ? Tu t'en souviens ? lui demanda-t-il doucement, essayant ainsi de le calmer en voyant à quel point il semblait paniqué.
— Quand... Quand on habitait ensemble... Il... Il me forçait à l'embrasser, bégaya le plus jeune qui semblait avoir du mal à réguler sa respiration et il comprit soudain d'où ce besoin de l'embrasser devait venir. J-Je t'ai menti... Ça venait pas d'un jeu de l'école... C'était lui. Il m'a... Il m'a habitué à ça... et après... il a vu ses parents... ce qu'ils me faisaient... il m'a expliqué qu'ils faisaient pareil avec lui avant, il m'a dit qu'il allait m'apprendre à les satisfaire et... en même temps, il me disait qu'il ne pouvait pas les laisser me faire ça sans rien dire... Il disait qu'il allait m'amener loin d'eux, que je serais en sécurité avec lui...
— Mais il ne l'a jamais fait, n'est-ce pas ? dit-il à sa place, la gorge sèche. Aurél, en vérité... il n'en a jamais eu l'intention, mon chat...
— Je... Je sais... Je l'ai compris... Il me disait ça seulement pour que je lui fasse confiance à lui et que j'accepte ce qu'il me faisait, lui, parce que je le voyais comme mon sauveur... Celui qui me sortirait de cet enfer... C'est pour ça que je t'ai dit... que je pensais que c'était normal d'embrasser son frère si c'était la personne qu'on aimait le plus au monde... Et... Et toi, tu l'es...! Pour de vrai ! Guillaume, je t'en supplie, crois-moi... Je ne me souvenais même plus de lui.
— Oui, mais il était dans ton inconscient. Alors... t'as juste fait une transposition de lui à moi... murmura-t-il en sentant ses forces le quitter.
— Non, je te jure. Guillaume... »
Son petit frère s'écroula en sanglots contre lui et il se contenta d'entourer sa taille de ses bras pour le maintenir contre lui. Ce garçon... venait de tout foutre en l'air. Tout ce en quoi il croyait jusqu'ici. Il le haïssait.
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Fiction OrelxGringe - Protecteur.
FanfictionLorsque les parents de Guillaume adoptent un petit garçon et qu'il devient grand frère, il tombe aussitôt sous le charme de ce dernier.