Fiction OrelxGringe - Protecteur.

Partie 23 - La crise.

Une semaine plus tard.

« Aurélien, mange mon cœur. »

Il releva la tête de son assiette pour regarder son frère en face de lui. Celui-ci n'avait pas touché à son repas, la tête baissée en direction de son assiette pleine, et il sentit son cœur se serrer dans sa poitrine en le voyant dans cet état. Ce matin, la police avait appelé ses parents pour qu'ils viennent reconnaître Julien avec lui. Il les avait accompagné afin d'être là pour son frère et quand celui-ci avait vu son ancien grand frère, Aurélien avait voulu s'enfuir hors de la salle. Son père l'avait alors pris dans ses bras et Aurélien avait enfoui son visage dans son cou alors qu'il le serrait contre lui. Julien, 19 ans. Les mots du commissaire résonnèrent en lui alors qu'il avait les yeux rivés sur son frère. Aurélien avait refusé de regarder Julien, comme s'il avait peur que celui-ci ne lui fasse du mal à nouveau si jamais il posait les yeux sur lui. Il n'avait rien dit. Aurélien se mit alors à pleurer, ses larmes ricochant sur sa nourriture, et sa mère fut à ses côtés en un clin d'œil.

« Viens avec moi, mon ange. On va se reposer, ok ? »

Il la vit entraîner son frère avec elle hors de la cuisine et il les suivit des yeux, le cœur vide. Il se sentait si vide.

« Est-ce que tu crois... que je dois partir ?

— Quoi ? »

Il ne s'était pas rendu compte qu'il avait posé cette question à haute voix et il se tourna vers son père, le cœur battant la chamade dans sa poitrine. Celui-ci le regardait d'un air fortement inquiet et il secoua la tête avant de froncer les sourcils :

« J'ai dit... est-ce que tu crois que je dois partir ? Pour Aurél ? Pour un temps...? Genre... dans un internat ou quoi ? »

Son père fronça les sourcils à son tour en l'entendant dire ça et il le vit se lever pour venir s'asseoir à ses côtés :

« Guillaume... non. Est-ce que tu crois vraiment que c'est ce dont a envie Aurelien ?

— Envie... peut-être pas. Mais besoin ?

— Guillaume, je pense surtout qu'il va avoir besoin de toi, hein. Pas de ton absence à ses côtés.

— Mais... C'est vous même... balbutia-t-il, perdu. C'est vous même qui vouliez qu'on mette de la distance tous les deux...! Parce qu'on était trop proches, je cite...! Vous ne pensez plus que je peux être néfaste pour lui ?!

— Guillaume, mon grand, on a jamais pensé ça, lui dit son père et il secoua la tête, refusant de le croire. On avait peur, c'est vrai, qu'en arrivant à l'âge qu'avait son frère, tu lui fasses penser à lui. Et qu'il se sente obligé... ou fasse des choses inappropriées avec toi... Mais on t'a toujours fait confiance...

— Et bien vous n'aurez pas dû ! Parce que vous y avez pensé trop tard ! s'emporta-t-il soudain en se levant. Aurél et moi, on s'est déjà embrassés, si vous voulez tout savoir ! C'est lui qui a commencé, mais c'est moi qui me suis laissé faire ! Et c'est encore moi qui suis tombé fou amoureux de lui ! Sauf que maintenant je sais qu'il faisait ça sûrement en écho à ce que le forçait à faire son connard de frère ! Aurélien ne m'a jamais aimé ! Il le pensait juste ! Je vous déteste tous ! »

Il s'enfuit en courant de la cuisine et se dirigea vers la porte d'entrée de la maison qu'il claqua fortement en sortant. Puis, il se mit à courir, une destination en tête. Claude. Il fallait qu'il voie son meilleur ami. Il fallait qu'ils parlent tous les deux et que celui-ci trouve les mots justes. Sinon, il avait trop peur de faire une connerie. Sa vie venait de voler en éclat juste devant ses yeux.