Fiction OrelxGringe - Protecteur.

Partie 20 - La méfiance.

Guillaume... Guillaume !

Il se redressa en un bond dans son lit en entendant quelqu'un l'appeler et il se tourna sur sa droite en sentant quelque chose sur son épaule. Une main. Et en suivant cette main... son père, accroupi à ses côtés. Ses deux parents étaient près de lui et il vit sa mère le regarder d'un air fortement inquiet, debout quant à elle, avant de se rendre compte qu'elle portait Aurélien dans ses bras. Il écarquilla les yeux à ça et se tourna vers son père pour plonger son regard dans le sien.

« Qu'est-ce qu'il se passe ?

— À toi de nous le dire, Guillaume. Qu'est-ce qu'Aurélien faisait dans ton lit ?

— Hein ? Il... Il avait seulement du mal à dormir alors il est venu dormir avec moi.

— Guillaume, tu deviens un peu grand, tu ne crois pas, pour ce genre de choses ?

— Quoi ? Mais qu'est-ce que tu racontes ? Aurél est petit encore. C'est mon petit frère, je dois veiller sur lui.

— Aurélien... n'a pas besoin de ça, mon chéri, dit alors sa mère et il se tourna vers elle. Il est encore petit, oui, mais il est bien plus avancé que tu ne le crois dans certains domaines. Malheureusement. On veut pas que ça réactive un traumatisme en lui.

— Hein ? Mais de quoi vous parlez ? On dormait juste ensemble.

— Non, Guillaume. Vous ne dormiez pas seulement. Il était collé à toi. Il dormait sur toi. C'est mauvais pour lui, tu ne comprends pas...

— Mais bien sûr que je comprends pas, vu que vous me dites rien ! Ça fait trois ans que je dors comme ça avec lui, pourquoi maintenant ?

— Mais parce que tu deviens grand, Guillaume, lui dit doucement son père. Chérie, ramène Aurélien dans sa chambre, tu veux ? Je vais lui expliquer. »

Sa mère hocha la tête et il la vit tourner les talons pour sortir de sa chambre, Aurélien dans ses bras. Il tenta de faire un geste dans sa direction, mais son père le retint et il lui lança un regard noir, ne comprenant pas pourquoi il faisait ça.

« Guillaume, Aurélien est trop précoce pour son âge. À cause de tout ce qui lui ait arrivé avant qu'il n'arrive chez nous. On te dit ça pour le protéger, autant que toi.

— Je ne comprends pas. Qu'est-ce que ces gens lui ont fait ? Pour que vous pensez que c'est si mal qu'on dorme ensemble ?

— Ce n'est pas mal, à proprement parler. Mais tu es en train de changer, je suis sûr que tu t'en es rendu compte, non ? Physiquement, oui, mais aussi... là-dedans, dit son père en ébouriffant ses cheveux. Tu vas commencer à avoir des envies... d'ados de ton âge.

— Attends, attends... Je crois que je vois où tu veux en venir mais quel rapport avec Aurél ? Vous croyez... quoi ? Que je vais lui sauter dessus ? »

Son père resta muet un moment et il fit les gros yeux, choqué :

« Non, mais... vous êtes sérieux ? C'est mon petit frère, bordel !

— Oui, et on sait à quel point vous êtes proches, Guillaume. On sait combien Aurélien t'aime et on sait que ce qu'il y a entre vous c'est pas tout à fait platonique. 

— Qu-Quoi ? bégaya-t-il et il resta bouche-bée, sous le choc.

— Guillaume, on vous a vu grandir, hein. Et puis... quand on est venus vous chercher le mois dernier chez Claude et qu'Aurélien était en pleurs... Qu'il ne t'adressait plus la parole ensuite... On a réussi à lui faire dire ce qu'il s'était passé à cette soirée. Il est devenu trop dépendant de toi, Guillaume. C'est pas bon. Tu as vu dans quel état ça l'a mis de voir une fille t'embrasser ? »

Il se mordit fortement l'intérieur de la bouche en entendant son père dire ça. Ok, il ne semblait pas au courant pour eux au moins. Mais il ne comprenait toujours pas.

« Du coup... Qu'est-ce que vous voulez que je fasse ? Que je le tienne à distance ? Parce que je te le dis tout de suite, je n'en ai pas envie.

— Non, mon chéri... Mais... je ne sais pas, il faut que tu fasses gaffe avec lui. Pour toi, comme pour lui. Il a déjà trop souffert, ok ? Agis juste... comme un véritable grand frère avec lui. Ne va pas trop loin. »

Il était complètement perdu. Pourquoi il ne lui disait pas tout simplement pourquoi il devait agir différemment avec Aurélien maintenant qu'il devenait plus grand ? Ils avaient peur qu'il ne comprenne pas ? Qu'il soit encore trop immature ? Et puis, qu'est-ce que ça voulait dire ça trop précoce pour son âge ? Est-ce que c'était pour ça qu'Aurélien l'embrassait ? Est-ce que ça ne venait pas tout simplement du jeu de sa cour d'école ? Et son père avait vraiment peur qu'il lui fasse quelque chose ? Comment il pouvait rien que penser ça ? Il ne lui faisait pas confiance ? Après tout... s'il savait qu'ils s'embrassaient déjà, peut-être serait-il horrifié. Il fallait à tout prix qu'il discute avec Aurélien. Et le plus tôt possible.