Partie 26 - Je t'aime toujours.

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Trois ans plus tard. 1er août 1997.

« Trouvé... »

Aurélien sursauta en le sentant refermer ses mains sur ses yeux alors qu'il était en train de se cacher derrière un buisson. Ils étaient en train de jouer au jeu de la Sardine dans leur jardin pour son anniversaire et Aurélien avait été celui qui faisait la sardine. Une sorte de loup à l'envers. Il avait souri en le trouvant et en voyant qu'il était encore tout seul à se cacher, il avait décidé de lui faire peur. Il enleva ses mains de devant ses yeux et Aurélien se retourna pour le regarder, un air hésitant sur le visage.

« Ah, Guillaume... C'est toi... Bien joué. »

Le plus jeune esquissa un petit sourire intimidé qui le fit fondre intérieurement et il vint s'asseoir à ses côtés pour se cacher à son tour. Il posa sa main par terre pour mieux se placer et leurs doigts se frôlèrent, ce qui fit remonter un long frisson le long de sa colonne vertébrale. Quand il se tourna vers Aurélien, il fut amusé de voir qu'une jolie couleur pourpre avait fait son apparition sur ses joues, et il prit avec délicatesse sa main dans la sienne :

« Eh, Aurél...? Je peux te dire un secret ? »

Aurélien lui lança un regard surpris, puis hocha la tête et il sourit doucement :

« Je te trouve toujours aussi adorable. Et je suis toujours aussi amoureux de toi qu'il y a trois ans. Si ce n'est plus. »

Aurélien écarquilla les yeux à cette déclaration sortie de nulle part et il le vit devenir rouge écrevisse avant que celui-ci ne vienne se blottir contre lui. Cette phrase – Je suis toujours amoureux de toi – c'était Aurélien habituellement qui la lui disait. Lors de son anniversaire, mais aussi du sien. Mais cette fois, il avait voulu être celui qui rassurait l'autre sur ses sentiments toujours bien présents. Pour marquer le coup, on va dire. Il avait dix-sept ans, bientôt dix-huit et Aurélien quinze aujourd'hui. Il savait qu'Aurélien voyait cette différence d'âge là comme une étape importante. En effet, dans six mois à peine, il serait majeur. Et lui non. Et il savait qu'Aurélien appréhendait ce moment. Ils n'avaient absolument rien fait depuis trois ans, si ce n'était des câlins et des bisous sur la joue, et il voyait bien que leurs parents avaient compris malgré cela qu'ils étaient toujours aussi amoureux l'un de l'autre. C'était dur, c'était vrai, mais s'il fallait en passer par là pour avoir le droit de l'embrasser plus tard jusqu'à la fin de sa vie, le jeu en valait la chandelle. Lui-même voulait qu'Aurélien profite de son enfance sans aller trop vite et brûler les étapes.

« Je t'aime tellement... » l'entendit-il alors murmurer contre son tee-shirt et il amena Aurélien à se redresser contre lui avant de prendre son visage dans ses mains.

Celui-ci avait les larmes aux yeux et il caressa avec tendresse sa peau de son pouce, se doutant du combat qui devait faire rage à l'intérieur de lui à cet instant précis.

« Vraiment ? Encore ? murmura-t-il dans un sourire et Aurélien hocha la tête.

— Guillaume, je n'ai jamais triché sur mes sentiments pour toi.

— Je sais, c'est pas ce que j'ai voulu dire, mon chat... Mais... sincèrement, j'avais peur qu'ils évoluent en quelque chose d'autre avec le temps. Tu deviens grand, à la rentrée tu entres au lycée. Déjà... J'ai du mal à m'y faire. Tu n'es plus le petit garçon qui avait besoin de son grand frère à chaque étape du chemin...

— Ne dis pas n'importe quoi, rit doucement Aurélien. J'aurais toujours besoin de mon grand frère. J'aurais toujours besoin de toi.

— Je crois... que le lycée ça me fait un peu peur, avoua-t-il alors en caressant la joue du plus jeune. Et si tu rencontrais quelqu'un là-bas qui te plaisait plus que moi...?

— Qu'est-ce que tu racontes ? rit doucement Aurélien et il se sentit fondre en voyant de petites pattes d'oies apparaître au coin de ses yeux. Jamais. Tu m'entends ? Jamais je ne tomberais amoureux de quelqu'un d'autre que toi. C'est sûr et certain ça. Et... Guillaume...?

— Mm ? marmonna-t-il avant de froncer les sourcils en voyant Aurélien se mordre la lèvre d'un air hésitant. Aurél, qu'est-ce qu'il y a ?

— Je sais qu'on est pas censés mais... est-ce que tu pourrais m'embrasser s'il te plaît ? Parce qu'après... trois ans... c'est encore long à attendre. Surtout que tu seras majeur... »

Il jeta un regard inquiet en direction de la maison pour s'assurer que leurs parents n'étaient pas dans les parages, puis se pencha vers le plus jeune pour l'embrasser avec passion. Trois ans, bordel, qu'il n'avait pas fait ça. Et encore trois ans à attendre après ça. Alors il fit en sorte que le baiser dure le plus longtemps possible, même après qu'Aurélien se soit laissé tomber sur le dos au sol, l'entraînant avec lui en entourant sa nuque de ses bras.

« Et ben mes salauds. »

Il sursauta brusquement en entendant la voix de Claude s'exclamer ça dans son dos et il se redressa précipitamment. Merde, le jeu. C'est vrai qu'ils n'étaient pas seuls.

« Bah, commença Claude en leur offrant un large sourire, je croyais que vous aviez fait voeu de chasteté jusqu'à... jusqu'à quand d'ailleurs ? Ça y est, vous en pouvez plus ? C'est les hormones ? Vous voulez un peu d'intimidé ?

— Non ! »

C'était Aurélien qui s'était écrié ça en voyant Claude déjà sur le point de s'en aller et son ami haussa les sourcils, étonné :

« C'était juste... une seule fois. Maintenant, je jure qu'on sera sages comme des images. »

Son petit frère se blottit contre lui avant de sourire à Claude et celui-ci exhala un rire amusé tandis qu'il venait entrelacer leurs doigts ensemble :

« Tu sais, la crevette, moi je m'en fous, hein. Je trouve ça même un peu idiot votre sois-disant promesse d'enfants. Qu'on me dise pas que t'es pas assez grand pour réfléchir par toi-même maintenant. À onze ans, ok, mais maintenant... Ça se voit comme le nez au milieu de la figure que t'aime Guillaume. Et oui, c'est bel et bien de l'amour. Pas de la fascination. J'suis pas aveugle et si moi je peux le voir, tout le monde le peut. D'ailleurs, tout le monde le sait. Ablaye, Matthieu... Au fait ils sont où ces cons ? Ils vont nous chercher toute la journée ou quoi ?

— C'est gentil, Claude, murmura Aurélien dont la tête était à présent posée contre son épaule. Mais on veut être en accord avec la loi, et que nos parents n'aient rien à nous reprocher. Alors on va faire comme ça. Tu sais, trois ans qu'est-ce que c'est ? Comparé à la certitude d'avoir Guillaume ensuite toute ma vie près de moi ? »

Il vit son ami hausser les sourcils d'un air surpris avant d'exhaler un petit rire amusé et il déposa un baiser sur le cuir chevelu d'Aurélien. Oui, trois ans qu'est-ce que c'était quand il avait la certitude d'avoir enfin le droit de l'aimer au grand jour ensuite ? En vérité, il ne savait pas ce que leurs parents voulaient dire quand ils avaient dit assez grand à Aurélien, mais maintenant, instinctivement, c'était ça qu'ils avaient décidé. Les dix-huit ans d'Aurélien. Et il le savait déjà d'avance, à cet âge, il l'aimerait toujours autant.

Fiction OrelxGringe - Protecteur.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant