Fiction OrelxGringe - Protecteur.

Partie 10 - La tente.

20 février 1992.

« Guillaume, tu dors ? »

Il rouvrit les yeux dans le noir en entendant son petit frère lui demander ça. Aujourd'hui, c'était son anniversaire. Il avait invité Claude à la maison et ils avaient prévu de dormir la nuit dans le jardin, sous une tente, afin de finir cette journée aventuriers comme il se doit. Toute la journée, ils l'avaient passé dans le jardin à fabriquer leur camp de naufragés.  Le coucher dans la tente, c'était juste l'apothéose. Aurélien, bien sûr, avait dit que s'il dormait dehors, lui aussi voulait dormir avec lui, et bien que ses parents avaient hésité un moment, ces derniers avaient accepté. Voilà donc pourquoi ils étaient tous les trois – Aurélien s'étant rajouté au dernier moment – en train de dormir sous la même tente. Enfin, étaient censés. Claude, il en était sûr à ses ronflements, dormait profondément lui.

« Non, pas encore. Et toi ? Pourquoi tu dors pas ?

— J'y arrive pas. J'ai froid... répondit Aurélien d'une petite voix et il sourit doucement dans le noir en l'imaginant grelotter sous son duvet.

— Ah oui ? Tu veux dormir avec moi, Aurél, pour que je te tienne chaud ? »

Il avait dit ça en rigolant, persuadé qu'Aurélien comprendrait que c'était une blague, mais un petit silence se fit dans la tente à sa question.

« Aurél ? demanda-t-il, soudain inquiet de son silence et il entendit son frère claquer des dents.

— Oui, s'il te plaît. J'ai vraiment très froid, Guillaume. »

Il resta bouche-bée en l'entendant lui répondre ça avant de se rappeler que c'était son petit frère, là, qui semblait transi de froid.

« Viens là, Aurél. Viens me voir, mon chat. »

Il entendit le plus petit ouvrir son duvet pour en sortir et il le sentit marcher à genoux jusqu'à lui. Il sentit sa main à un moment donné rencontrer son visage et Aurélien s'excusa précipitamment avant de baisser cette dernière. Il ouvrit alors son duvet et l'aida à y entrer à ses côtés en se décalant.

« Désolé, Guillaume... je voulais pas te réveiller, bredouilla le plus petit en s'allongeant à ses côtés. Mais j'avais trop froid...

— Tout va bien, Aurél. Ça me dérange pas. T'es mon petit frère après tout, dit-il dans un sourire alors qu'il commençait à frictionner un de ses bras afin d'essayer de le réchauffer. Ça va un peu mieux ?

— Mm... marmonna Aurélien avant qu'il ne le sente se rapprocher légèrement de lui dans le duvet. Est-ce que... je peux me rapprocher un peu ?

— Euh, je... Oui, bien sûr... Aucun souci. »

Aurélien se colla à lui à son autorisation de se rapprocher et il passa un bras par-dessus sa taille pour pouvoir passer une main sur son dos et essayer de le réchauffer un tant soit peu. Il le sentit grelotter imperceptiblement contre lui et il déposa ses lèvres sur son cuir chevelu afin de déposer un petit baiser sur ces derniers. Aurélien poussa un petit soupir de bien-être au contact et il ne sut pas bien pourquoi mais ce soupir de sa part fit apparaître une sensation de chaleur en lui alors qu'il le sentait agripper son tee-shirt doucement de ses doigts sous le duvet.

« Ça va mieux ? demanda-t-il de nouveau dans un murmure. Tu as un peu moins froid maintenant ?

— Mm... répondit Aurélien dans un petit soupir fatigué, ce dernier paraissant sur le point de s'endormir, à présent réchauffé. Ça va... beaucoup mieux... Tu es chaud, ça fait du bien... Tiens-moi... contre toi...

— D'a-D'accord... Pas de problèmes... bégaya-t-il et alors il arrêta de frictionner son dos afin de le serrer délicatement contre lui, le cœur battant la chamade dans sa cage thoracique.

— Et j'oubliais... Bon anniversaire, Guillaume... Je suis content... que tu sois mon grand frère... Vraiment très content... »

Il sentit les larmes lui monter aux yeux en l'entendant lui dire cela alors qu'il le savait être sur le point de succomber au sommeil. Oui. Lui aussi, il était content d'être son grand frère. Il était si content de l'avoir dans sa vie. C'était inimaginable à présent à ses yeux une vie sans Aurélien à l'intérieur. Jamais plus il ne voulait connaître ça.

***

Il se réveilla le lendemain en entendant quelqu'un pouffer à ses côtés et quand il ouvrit les yeux, il aperçut son ami Claude, hilare.

« Claude... râla-t-il en levant les yeux au ciel, encore fatigué. Je peux savoir ce qui te fait rire comme ça ?

— Votre position, répondit son ami en lui souriant exagérément. Aurél t'a rejoint pendant la nuit à ce que je vois ? Il te lâche plus le gamin, on dirait... Fais attention à toi...

— Mais qu'est-ce que tu racontes encore ? T'en as pas marre de dire des âneries ? »

Son ami rit bruyamment avant de tourner les talons pour sortir de la tente et dans ses bras, il sentit Aurélien faire un léger mouvement. Il baissa les yeux pour le regarder, mais ce dernier ne se réveillait pas, il avait seulement les sourcils froncés. Il se rallongea alors et glissa une main dans ses cheveux pour les lui caresser tendrement. Faire attention...? Mais faire attention à quoi ? De quoi devait-il faire attention avec Aurélien ? C'était complètement idiot comme remarque.