20 février 1994.
Clac.
Il écarquilla les yeux en sentant la claque que venait de lui donner son petit frère. Ça faisait maintenant trois semaines qu'il était chez Claude, deux semaines de cours et une de vacances. Trois semaines où il avait tout fait pour éviter son frère. Et ok, il se doutait bien que Aurélien lui en voudrait de se tenir éloigné comme ça de lui, mais lui, il en avait eu besoin. Pour ne pas complètement péter les plombs. La mère de son ami avait appelé ses parents dès le premier soir pour leur faire savoir qu'il était chez elle et quand ses parents s'étaient excusés et lui avaient dit qu'ils venaient le chercher tout de suite, la mère de son ami leur avait fait comprendre que ça vaudrait mieux qu'il reste chez elle pour un temps. Juste le temps que chacun réfléchisse de son côté. Ses parents avaient eu du mal, mais ces derniers avaient fini par accepter parce qu'ils lui faisaient confiance. Après tout, Claude était comme le frère qu'il n'avait jamais eu avant qu'Aurélien n'arrive dans sa vie. C'est pour ça que quand il avait vu ses parents sur le pas de la porte quand ça avait sonné pour son anniversaire, il avait été étonné. Ils lui avaient tellement manqué. Et c'est là qu'il avait aperçu Aurélien, entre ses deux parents, et que celui-ci s'était avancé jusqu'à lui pour lui asséner cette claque.
« Aïe, bordel...! marmonna-t-il en se retournant vers son frère et il plongea son regard dans le sien alors qu'il frottait sa joue endolorie de sa main gauche.
— Idiot ! C'est ce que tu es Guillaume, j'espère que tu le sais ! lui cria Aurélien et il se rendit alors compte qu'il avait les larmes aux yeux.
— Aurél, attends, je...
— Tais-toi. »
Aurélien lui sauta dans les bras et il le sentit enfouir son visage dans son cou alors que ses bras venaient entourer sa nuque. Il resta figé un long moment, ne sachant pas comment réagir, avant de croiser le regard malicieux de sa mère sur lui. Il lui jeta un regard interrogateur et à ses côtés, son père fit un petit signe de tête en direction d'Aurélien qu'il comprit comme un ordre à lui rendre son câlin. Ce qu'il fit immédiatement. Il referma ses bras autour de la taille du plus jeune et quand celui-ci frissonna dans ses bras, il ferma les yeux. Il était tellement heureux à cet instant précis. Enfin, Aurélien était près de lui. Enfin, ils étaient ensemble.
***
« Alors... comme ça c'est Claude qui t'a invité ? lui demanda-t-il près de dix minutes plus tard en entrant dans la chambre de son ami, son frère sur ses talons.
— Oui, lui répondit Aurélien et il se retourna pour le regarder, adossé contre la porte à présent fermée. C'est ton anniversaire, Guillaume. J'avais envie de te voir.
— Vraiment ? Tu dois me détester pourtant, non ?
— Te détester ? Non, pourquoi tu voudrais que je te déteste ?
— Aurél, arrête... Ça fait trois semaines que je t'évite. Que je ne suis pas rentré à la maison. Tu vas pas me dire que ça ne t'a fait ni chaud ni froid... »
Aurélien sembla hésiter avant de se mettre à marcher dans sa direction et il fit un pas en arrière en le voyant s'approcher de lui.
« Aurél...
— Bien sûr que ça m'a fait mal. Ça m'a fait de la peine... Beaucoup de peine même, dit Aurélien en s'arrêtant devant lui et il tressaillit en le sentant soudain glisser une main dans ses cheveux courts. Mais... te détester ? Non. Je t'en ai voulu de me laisser tout seul. De m'abandonner... murmura le plus jeune et quand il ouvrit la bouche pour rétorquer, celui-ci hocha la tête. Si, Guillaume. C'est comme ça que je l'ai ressenti, même si c'est pas ce que tu voulais, je le sais. Mais ensuite... J'ai essayé de me mettre à ta place. De te comprendre. J'en ai beaucoup parlé avec papa et maman et... Je suis tellement désolé... Bien sûr que je t'aime. Je ne veux pas que tu penses que ce que je ressens pour toi c'est faux.
— Tu as onze ans, Aurél. Tu ne sais pas ce que tu dis. Et avec ton frère...
— Ça n'a jamais été mon frère. Il ne s'est jamais comporté comme tel, toi si. Et pourtant c'est toi que j'aime. Je te le jure. Je le leur ai dit.
— Aux parents ? Tu l'as dit aux parents ? demanda-t-il, le souffle court, et Aurélien hocha la tête. Purée, Aurél... soupira-t-il. Et qu'est-ce qu'ils ont dit ?
— Ils ont dit qu'ils avaient peur que je ressente un sentiment biaisé. Que je crois être amoureux de toi, mais que cela soit faux. Ils ont dit que j'étais trop jeune et que ça devait sûrement être de la simple fascination pour toi, parce que tu es mon grand frère et que tu as toujours tout fait pour me protéger.
— Tu vois... Je suis pas le seul à le penser. Ils ont raison, Aurél...
— Non, l'interrompit le plus jeune. Parce que moi, je sais que c'est vrai ce que je ressens pour toi. Guillaume, je n'ai jamais ressenti ça pour Julien, je te le jure. Lui, il me faisait peur. Je me sentais obligé de l'écouter et de faire ce qu'il me disait. Toi... tout ce que j'ai jamais fait, c'est parce que j'en avais envie. Et c'est ce que j'ai dit aux parents. Alors... ils m'ont dit que si plus tard, quand je serais plus grand, je ressentais toujours ça pour toi... si mes sentiments étaient toujours les mêmes... alors ils seraient d'accord.
— Hein ? Mais d'accord pour quoi ?
— D'accord pour accepter notre relation. Pour qu'on sorte ensemble, dit Aurélien et il le vit rougir à ça avant de baisser la tête. Mais pour ça... il faut aussi que tu le veuilles... Que tes sentiments à toi restent les mêmes...
— Parce que tu penses... cela possible que je me réveille un jour et me rende compte que je ne t'aime plus ? murmura-t-il et il releva le menton du plus jeune avec délicatesse pour lui sourire. Vraiment, mon chat ?
— À toi de me le dire... dit timidement Aurélien. Peut-être que... le fait d'être loin de la maison t'a fait réfléchir ? Et comprendre que tu m'aimais seulement comme un petit frère ? Pas plus...
— Non, loin de là... C'était les semaines les plus longues de ma vie sans toi, mon chat. Et au contraire, ça m'a renforcé dans mes convictions. Je t'aime plus que tout au monde. Et de toutes les manières.
— Du coup... tu crois que tu pourras m'attendre ? Tu y arriveras ? Pour papa et maman...
— Dis-toi bien un truc, Aurél, c'est que je t'attendrai toute ma vie s'il le faut. Tu es la seule et unique personne avec qui je veux la passer. »
Aurélien lui lança un regard implorant à ça et il ne résista pas à l'envie de l'embrasser. Sur la bouche. Après tout, c'était la dernière fois qu'il pouvait faire ça avant très très longtemps s'il avait bien compris le plus jeune. Il ne savait pas exactement jusqu'à quand, mais quand il se recula d'Aurélien, celui-ci lui sauta dans les bras pour se blottir contre lui et il plongea ses doigts dans ses cheveux pour les lui caresser tendrement. Tout irait pour le mieux. Ses sentiments ne changeraient pas avec le temps. Il en faisait la promesse.
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Fiction OrelxGringe - Protecteur.
FanfictionLorsque les parents de Guillaume adoptent un petit garçon et qu'il devient grand frère, il tombe aussitôt sous le charme de ce dernier.