Partie 16 - Le cours.

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Septembre 1993.

Il se réveilla en sursaut en entendant Aurélien crier dans la chambre voisine et se redressa contre son oreiller. Il resta immobile un moment, le temps de reprendre ses esprits et de se rappeler d'où il était, avant de se lever afin de voir ce qu'avait son petit frère. Il s'arrêta dans l'entre bâillement de la porte de sa chambre lorsqu'il vit son père sortir de sa propre chambre en refermant son peignoir par-dessus son pyjama, afin que ce dernier ne le voie pas. Puis, il se dirigea vers la chambre d'Aurélien à tâtons. Quand il fut derrière la porte entrouverte de son petit frère, il se pencha pour regarder à l'intérieur de sa chambre et vit que ce dernier pleurait dans les bras de sa mère. Son père, lui, passait une main se voulant réconfortante sur son dos et il sentit son cœur se serrer en voyant ce triste tableau. De toute évidence, Aurélien avait encore fait un cauchemar.

« Calme-toi, mon cœur, rien ne peut t'arriver ici, murmura sa mère à l'intention du plus petit, mais assez fort qu'il l'ait entendu. T'es en sécurité. Les méchants ne sont plus là, ils ne pourront plus jamais rien te faire... »

Il fronça les sourcils en entendant sa mère parler de méchants et à ça, Aurélien sembla se mettre à pleurer plus fort encore. Il se demanda si par méchants, sa mère voulait parler des grandes personnes qui lui avaient fait du mal avant qu'il n'arrive chez eux.  Ces même grandes personnes à cause de qui il savait qu'Aurélien était terrifié des adultes à présent. Même s'il ne savait toujours pas ce que ces gens lui avaient fait précisément. Il ne savait même pas s'il voulait le savoir.

« Guillaume... Je veux Guillaume... l'entendit alors dire dans un sanglot et ses parents se regardèrent d'un air inquiet avant que son père ne vienne glisser une main dans ses cheveux noirs.

— Mon ange, ton frère dort là... Il est juste à côté, dans sa chambre. Ce serait pas très gentil de le réveiller, non ? Mais si tu veux, tu peux rester avec nous ce soir. »

Il vit Aurélien secouer la tête et se remettre à appeler son nom à travers ses sanglots alors que ses parents le regardaient d'un air inquiet, se demandant que faire.

« Je... Je suis là, dit-il alors en entrant dans la chambre, se montrant à ses parents. Je ne dors plus. Et si... si Aurél veut que je reste avec lui, ça ne me pose pas de problèmes. »

Ses parents lui lancèrent un regard surpris, puis il s'approcha jusqu'au lit où se trouvait son petit frère. Son père se décala pour lui laisser de la place et sitôt qu'il fut assis aux côtés du plus petit, il attira celui-ci à lui en l'enlevant des bras de sa mère.

« Viens-là, Aurél... Ton grand frère est là... Je suis là... Je ne te laisserai pas.

— Désolé... Désolé de t'avoir réveillé, sanglota le plus petit dans ses bras et il secoua la tête avant de venir embrasser son cuir chevelu.

— Non. Je ne veux pas que tu t'excuses pour ça. C'est tout à fait normal que je sois là pour te rassurer si tu as fait un cauchemar. Comme à chaque fois, hein. Je suis là. »

À ses côtés, il sentit son père se lever du lit et celui-ci déposa un petit baiser sur son cuir chevelu :

« T'es un super grand frère, Guillaume. » murmura ce dernier et il hocha la tête d'un air sérieux.

Bien sûr qu'il était un super grand frère. Il prenait son rôle très au sérieux. Ses parents s'en allèrent sans faire de bruits et avant de refermer la porte derrière elle, il vit sa mère lui sourire doucement. Mais il y avait aussi quelque chose de triste dans son sourire, comme si elle comprenait soudain que malgré tous ses efforts, le seul qui pourrait jamais réconforter Aurélien tout à fait à présent, et ben c'était lui.

« Viens, allonge-toi dans ton lit, Aurél, murmura-t-il en amenant ce dernier contre son oreiller et il sentit son frère agripper son tee-shirt fortement.

— Me laisse pas. Guillaume, me laisse pas.

— Non, bien sûr que non... Je vais rester avec toi, je te l'ai dit. Toute la nuit s'il le faut.

— D'a-D'accord... bégaya son frère et il s'allongea à ses côtés, avant de l'attirer à lui.

— Est-ce que tu veux me dire de quoi tu as rêvé ? Toujours des même personnes que tu voies dans tes rêves ?

— N-Non... J'ai rêvé que j'étais à l'école... Avec les profs...

— Au collège ? dit-il, étonné, puis il se dit que ce changement soudain d'environnement devait perturber en effet le plus jeune. Ça se passe mal, Aurél ?

— N-Non, pas vraiment... Mais... On a tellement de professeurs... À l'école, on avait qu'une seule maîtresse et elle était gentille. Elle prenait le temps, parce qu'elle nous avait toute l'année... Mais là... J'ai l'impression qu'ils ont pas le temps pour nous. Ils ont trop d'élèves à s'occuper en même temps. Et... ça me fait peur. Je n'arrive pas à les apprécier, ils sont trop. »

Il resta silencieux un long moment, essayant de comprendre ce que lui disait son petit frère. En primaire, comme il avait la même maîtresse pendant toute une année, il arrivait facilement à se lier à elle. Il arrivait à donner sa confiance. Mais là, avec une dizaine de profs différents avec qui il avait à tout casser quatre heures grand max par semaines, il n'arrivait pas à se sentir en sécurité. Ça le rendait triste.

« Mon chat, je suis désolé. Je comprends ce que tu veux dire. Mais malheureusement, il n'y a pas de solutions à ça, dit-il en glissant ses doigts dans ses cheveux emmêlés. Tout ce que je peux te proposer c'est d'être là le plus souvent pour toi. D'accord ? »

Aurélien hocha la tête lentement contre son oreiller face à lui avant qu'il ne le voie se mordre fébrilement la lèvre inférieure. Il savait ce que ça voulait dire, mais il resta immobile, attendant qu'Aurélien ne décide que faire, lui. Alors le plus petit s'avança de lui et il le regarda se redresser doucement sur ses coudes avant de le voir se pencher doucement vers lui. Aurélien l'embrassa et il ferma les yeux, se laissant totalement faire et essayant de se concentrer seulement sur la sensation que ce baiser faisait naître en lui. Il sentit une grande chaleur faire son apparition au creux de ses reins ainsi que dans sa poitrine et il repensa au cours d'éducation sexuelle qu'ils avaient eu au début de cette année scolaire. Le consentement. Est-ce qu'il était consentant ? Est-ce qu'Aurélien, lui aussi, l'était ? C'est vrai qu'aucun des deux n'avaient jamais repoussé l'autre mais... il avait appris que ça ne se faisait pas entre deux membres de la même famille – même s'il s'en doutait déjà très fortement. Et puis, est-ce qu'Aurélien savait même ce qu'il faisait ? Il était beaucoup trop jeune pour faire des choses comme ça, surtout que ça avait commencé quand il avait eu dix ans, même s'il lui avait dit que c'était un simple jeu auxquels les enfants jouaient dans la cour de récréation. Il ne pensait pas que c'était un simple jeu entre eux encore maintenant. Surtout que dernièrement, vu qu'il grandissait, ces baisers commençaient à faire réagir son corps de manière un peu bizarre. Maintenant, il avait toujours envie de plus. Aurélien, bordel, pensa-t-il en posant une main sur le dos de son frère qui était encore penché par-dessus lui. Mais qu'est-ce que tu me fais ?

Fiction OrelxGringe - Protecteur.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant