1er août 2000.
« Vous avez fait quoi ? »
Il regardait ses parents qui venaient de s'écrier ça en même temps, se forçant à ne pas rigoler. C'était vraiment pas drôle en plus. Mais leur expression l'était. Un mélange de stupéfaction et de confusion. Aurélien venait de leur dire qu'il était encore amoureux de lui.
« Co-Comment ça vous avez fait quoi ? bégaya le plus jeune à ses côtés sur le canapé. Je vous l'ai dit, on a rien fait du tout. Juste... je suis encore amoureux de Guillaume.
— Et moi d'Aurél, dit-il en levant la main d'un air amusé.
— Non mais... ça on le sait, Aurélien. Guillaume, dit son père en venant se frotter le front d'un air abasourdi. Mais ce qu'on voulait dire par là c'est... quoi ? Vous allez quand même pas nous dire que vous vous êtes forcés jusqu'ici à... je sais pas... garder vos distances l'un de l'autre ?
— Ben... si, c'est précisément ce qu'on a fait, répondit-il en fronçant les sourcils. Fin, on est restés sages quoi, dit-il en réutilisant l'expression d'Aurélien de ce jour-là dans leur jardin face à Claude. On voulait que vous voyiez qu'on était réellement amoureux l'un de l'autre et que ce n'était pas juste des lubies d'enfants. Que vous nous fassiez confiance. Me fassiez confiance avec Aurél, dit-il enfin et le plus jeune se tourna vers lui quand il dit ça.
— Mais... Guillaume, on t'a toujours fait confiance...! Comment vous avez pu croire qu'on voulait vous tenir éloignés l'un de l'autre jusqu'à ce que tu sois majeur, Aurélien ? s'exclama sa mère et Aurélien se tourna vers elle pour la regarder d'un air inquiet.
— Je... sais pas... Vous m'aviez dit assez grand et... comme je ne savais pas ce que vous vouliez dire par là...
— Aurélien ! s'exclama son père à son tour et il retint avec difficulté un rire de s'échapper de sa bouche.
— Non, mais c'est bien... Au moins je risque pas de me faire coffrer par la police maintenant qu'il est majeur !
— Guillaume ! » s'exclama sa mère et Aurélien eut un petit soubresaut à ses côtés avant de se mettre tout à fait à rire.
Ce dernier rigola tellement qu'il se mit à rire à son tour, emporté par son rire, et quand Aurélien se laissa tomber sur lui, il le sentit entourer sa taille de ses bras, hilare. Alors, il posa une main doucement sur le haut de son dos et se tourna vers ses parents, un air amusé dans les yeux.
« C'était dur... Tellement dur... laissa échapper le plus jeune contre lui alors que son rire s'éteignait petit à petit et il vit ses parents le regarder d'un air inquiet. Mais maintenant... J'ai le droit ? D'aimer Guillaume ? S'il vous plaît... »
Leurs parents ne répondirent rien un long moment, bouche-bée, et lui-même sentit son cœur se serrer dans sa poitrine à cette demande si poignante.
« Mais... bien sûr, Aurélien. Si on avait su vos doutes plus tôt, on vous l'aurait dit avant ! s'exclama son père en se levant pour les rejoindre. Regarde-moi, mon ange. On pensait juste... que vous vous cachiez de nous...
— Non, jamais... Enfin, si... Une fois, à mes quinze ans. On s'est juste embrassés.
— Ohlala... Mais mes amours... Quelle histoire ! s'emporta sa mère en les rejoignant à son tour et il la sentit les attirer à elle brusquement. Venez-là. Donnez-moi un gros câlin. Et écoutez-moi bien. Votre père et moi, on vous aime de tout notre cœur. Et oui, effectivement on avait peur quand vous étiez petits que vous fassiez une bêtise... Que tout ça soit dû à ton passé mouvementé, mon petit cœur, dit sa mère en forçant Aurélien à la regarder et celle-ci vint déposer un petit baiser sur son front. Mais jamais on aurait pu imaginer que vous nous ayez pris littéralement au mot. Et oui, Aurélien. Tu es assez grand pour savoir ce que tu veux maintenant. Et si c'est toujours Guillaume que tu veux, alors bien sûr que vous avez notre bénédiction ! Merde quoi ! »
Il rigola en entendant sa mère pester ainsi et il secoua la tête avant de se blottir de nouveau contre elle, Aurélien serré tout contre lui et son père les enlaçant de même. Aujourd'hui était le plus beau jour de sa vie. Enfin, après celui où Aurélien était arrivé dans sa vie, son foyer, son cœur. Et jamais il ne le laisserait s'en aller de ces trois endroits.
***
Alors les amoureux ? Ça y est, on a fini par succomber à la tentation charnelle ?
Il retint avec peine un rire en lisant le texto qu'il venait de recevoir de Claude. Contre lui, Aurélien poussa un petit soupir frustré dans son sommeil et il reposa précipitamment le portable sur sa table de chevet après avoir envoyé un clin d'œil pour toute réponse à son ami. Succomber à la tentation... Après toutes les années qu'ils avaient patienté pour avoir enfin le droit de s'aimer en plein jour, c'est vrai que la tension accumulée en eux avait un tout petit peu demandé à sortir là, tout de suite. Il se rappela en souriant de la soirée qu'ils venaient de passer dans son appartement – leur appartement maintenant, ce dernier n'attendant que la majorité d'Aurélien pour avoir enfin droit à son deuxième occupant officiel – pour l'anniversaire du plus jeune. Ils avaient beaucoup bu, beaucoup ri, bien mangé... et à un moment donné, alors qu'il était perdu dans le regard d'Aurélien, Claude avait décrété que c'était l'heure pour Matthieu, Ablaye et lui de se casser. Aurélien avait tourné la tête pour jeter un regard confus à son ami et Claude lui avait simplement fait un clin d'œil, faisant rougir de gêne Aurélien au sous-entendu. Dix minutes plus tard, ils étaient déjà dans sa chambre – leur chambre – à se déshabiller d'un air fiévreux tout en s'embrassant. Ils avaient fait l'amour passionnément – avec tendresse bien qu'il y avait une petite part d'animalité après tout ce temps à désirer l'autre en silence – et quand Aurélien avait joui contre lui dans un gémissement licencieux, il n'avait pas pu se retenir de venir à son tour dans un grognement rauque. Il se tourna vers Aurélien déjà profondément endormi contre lui et caressa sa joue de ses doigts pour dégager une mèche de cheveux blanche de son visage avant d'y déposer un petit baiser, fortement attendri. Qu'est-ce qu'il était adorable. Sous le drap, il posa sa main sur sa peau nue pour le rapprocher de lui et Aurélien poussa un petit soupir fatigué en se blottissant dans sa chaleur. Ils avaient réussi leur pari. Ils avaient réussi à s'attendre l'un l'autre. Et maintenant, il était le plus heureux des hommes. Il était né pour le rencontrer, le protéger, l'aimer. Et c'est ce qu'il allait continuer de faire toute sa vie durant. C'était une promesse qu'il se faisait à lui-même.
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Fiction OrelxGringe - Protecteur.
FanfictionLorsque les parents de Guillaume adoptent un petit garçon et qu'il devient grand frère, il tombe aussitôt sous le charme de ce dernier.