Partie 9 - Le baiser.

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Un mois plus tard.

« Oh, tu le touches pas ! »

Il repoussa fortement le garçon qui s'en était pris à son frère et ce dernier tomba au sol. Dans son dos, Aurélien était immobile, son bras cassé tout contre lui et il se retourna pour lui faire face :

« Aurél, ça va ? Il t'a fait mal ce débile ? »

Son frère secoua la tête en lui lançant un regard inquiet avant qu'il ne le voie écarquiller les yeux de peur, semblant regarder quelque chose dans son dos. Il n'eut pas le temps de lui demander ce qu'il avait qu'il sentit une main se poser sur son épaule, et quand il se retourna il se prit un coup de poing dans le ventre. Il hurla de douleur et se plia en deux, avant de se reprendre et de se jeter sur le garçon qui l'avait frappé. Le garçon qui s'en était pris à son frère. Il déconnecta alors du temps présent avec comme seule pensée en tête celle de se battre pour le protéger. Ça allait pas plaire à ses parents ça, mais tant pis.

***

Il regardait d'un air soucieux Aurélien qui l'observait en silence, sa main gauche dégageant quelques mèches de ses cheveux afin de pouvoir voir le pansement que l'infirmière venait de lui mettre sur la tempe. Il le sentit ensuite descendre sa main sur sa joue pour caresser sa peau légèrement rougie à cause d'un coup qu'il s'était pris dans la bagarre et il attrapa sa main à ça, son toucher le faisant frissonner inexplicablement.

« Aurél, tu-

— Je suis désolé, l'interrompit son frère et il haussa les sourcils, surpris.

— Hein ? Attends, pourquoi t'es désolé ?

— Parce que... si tu m'avais pas défendu... tu serais pas blessé. Tu te serais pas battu donc...

— Donc quoi ? Tu crois que je l'aurais laissé s'en prendre à toi ? T'es mon petit frère, je te rappelle. C'est mon rôle de te protéger. »

Aurélien baissa la tête à ça et il fronça les sourcils, confus de sa réaction.

« Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ? Aurél...? l'appela-t-il en plaçant une main sous son menton pour lui faire relever la tête.

— Il a dit... qu'il savait que j'étais pas ton frère. Que c'était obligé que c'était faux... bredouilla Aurélien et il écarquilla les yeux en l'entendant dire ça.

— Hein ? Mais faut pas que tu l'écoutes, ce débile. Tu es mon frère. Adopté ou non. C'est compris ? »

Aurélien hésita un moment avant de hocher la tête, et il lui lança un regard malicieux en voyant qu'il y avait quelque chose qu'il semblait hésiter à dire :

« Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ?

— Je... Tu peux... Tu peux me faire un câlin ? Je me sens... un peu triste... »

Il l'attira à lui pour le prendre dans ses bras quand il l'entendit dire ça, faisant attention à ne pas faire de pression inutile sur son bras cassé, et il déposa un petit baiser sur son cuir chevelu.

« T'es mon petit frère, Aurél. T'es la personne la plus importante à mes yeux, ok ? Donc personne a le droit de te toucher sans mon accord. Et je laisserai personne te toucher. C'est compris ? »

Aurélien hocha la tête dans son cou et il le sentit refermer ses doigts sur son tee-shirt dans son dos. Personne ne te fera plus de mal à présent, pensa-t-il, se faisant la promesse silencieuse de toujours être là pour son frère. Toujours.

***

Son père l'avait à peine engueulé pour s'être battu quand il lui avait expliqué qu'il avait seulement cherché à protéger son frère, comme il se l'était toujours promis. Il lui avait dit ce qu'Aurélien lui avait rapporté des paroles de l'autre garçon et ses parents avaient alors eu une petite discussion avec Aurélien, à propos du fait qu'il était adopté. Après cette discussion, Aurélien avait paru soulagé et il avait été content de voir qu'il semblait plus serein. Il l'aimait tellement.

« Guillaume ? »

Il se retourna dans le couloir en entendant son frère l'appeler alors qu'il se dirigeait vers sa chambre après s'être lavé les dents et haussa les sourcils en le voyant dans l'entrebâillement de la porte de la sienne. Son frère était déjà en pyjama, vêtu de son éternel tee-shirt blanc – qui lui appartenait par ailleurs – et de son short délavé. Il fit marche arrière pour voir ce qu'il lui voulait et Aurélien lui offrit un petit sourire embarrassé en le voyant s'approcher de lui.

« Aurél ? Tu ne dors pas encore ?

— Non... J'arrivais pas à dormir. Et puis... Je voulais te remercier pour tout à l'heure. Je me suis rendu compte que je l'avais pas fait.

— Hein ? Me remercier ? Mais c'est normal, hein...

— Pe-Peut-être, mais... Je... Enfin... Tiens... » bredouilla son frère qui semblait ne pas savoir comment faire passer son message et alors, il le vit se hisser sur la pointe de ses pieds pour pouvoir se mettre à sa hauteur.

Il bugua un instant, ne sachant pas ce qu'il avait en tête, puis il sentit un petit baiser atterrir sur sa joue à l'endroit où les lèvres d'Aurélien se posèrent sur sa peau. À cet instant précis, plus aucune pensée cohérente n'était présente dans son esprit. Seule une phrase tournait en boucle dans ce dernier : il m'a embrassé. Aurélien l'avait embrassé, putain. Et il ne savait pas pourquoi il en faisait tout un monde, mais ce qu'il savait c'était que ce simple baiser venait de réveiller quelque chose en lui qu'il ignorait jusqu'à présent et sur lequel il n'arrivait pas encore à poser de mots. Comme une... sensation de bien-être ultime. Mélangée à... autre chose. Une envie, non, un besoin, qu'il recommence. Qu'il repose sa bouche sur lui. Il n'eut pas le temps de réfléchir plus en profondeur à ça car Aurélien se détacha de lui.

« Merci, Guillaume. D'être toujours là pour moi. Bonne nuit. »

Il resta les yeux rivés sur le plus petit qui lui souriait d'un petit air intimidé jusqu'à ce qu'il ait refermé la porte de sa chambre derrière lui. Il remonta alors sa main sur sa joue, à l'endroit où il l'avait embrassé, et il resta songeur devant sa porte. Aurélien l'avait embrassé. Et c'était la meilleure sensation au monde.

Fiction OrelxGringe - Protecteur.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant