Fiction OrelxGringe - Protecteur.

Partie 12 - Un truc d'adulte.

Deux mois plus tard.

Depuis la dernière fois où Aurélien l'avait embrassé dans sa chambre, il avait essayé d'instaurer une petite distance entre eux. Mais, il le voyait bien, cette distance faisait souffrir son frère. De plus, cette année encore, ils n'étaient pas à l'école ensemble. Lui, il était maintenant en cinquième, alors qu'Aurélien n'était encore qu'en Cm2. L'année dernière, Aurélien n'avait rien dit, mais là, étrangement, cette année, il avait l'impression que ça lui était plus compliqué. Il resserra sa main autour de la sienne en rentrant à la maison après leur tour dans le voisinage pour demander des bonbons et Aurélien ne réagit pas. Il se tourna vers lui et l'observa dans son petit déguisement d'ange, son auréole trônant au-dessus de sa tête. Il n'avait tellement pas besoin de déguisements pour ressembler à un ange.

« Eh, mon chat... Ça va ? » lui demanda-t-il alors, perdu dans sa contemplation du plus jeune qui paraissait triste, et ce dernier se tourna vers lui.

Aurélien le fixa un long moment avant de secouer la tête et il eut l'impression à cet instant qu'une sirène se mettait à sonner dans son cerveau. Aurélien n'allait pas bien. Et peut-être que c'était de sa faute.

« Quoi ? Aurél, on rentre et tu me racontes tout, ok ? Si ça va pas, il faut que tu me le dises, c'est important. » dit-il et Aurélien ne répondit rien, se contentant de le dévisager en silence.

Il vit cependant ses yeux se border de larmes et il paniqua de plus belle intérieurement. Alors il ouvrit la porte de chez eux et entraîna Aurélien jusqu'au salon. Leur parents étaient sortis pour la soirée donc il savait qu'ils seraient tranquilles pour discuter. Il prit le panier à bonbons des mains du plus jeune et le fit s'asseoir sur le canapé avant de s'asseoir à ses côtés, terriblement inquiet :

« Aurél, qu'est-ce qu'il se passe ? Qu'est-ce que tu as ? »

Aurélien resta silencieux un long moment avant qu'il ne le sente se blottir tout contre lui en tremblant, le faisant sursauter au contact inattendu.

« Tu me manques, Guillaume... l'entendit-il lui dire dans un sanglot. Pourquoi tu t'es éloigné ?

— Hein ? Qu-Quoi...? »

Il referma ses bras autour de la frêle silhouette de son frère en l'entendant s'effondrer en larmes contre lui et il glissa sa main sur sa nuque pour caresser cette dernière avec délicatesse dans le but de l'apaiser.

« Aurél, mon chat... De quoi tu parles ? Tu le sais que je suis au collège maintenant... Que je peux pas être tout le temps avec toi...

— Mais je parle pas de ça, Guillaume... pleura Aurélien dans ses bras. Est-ce que tu m'en veux pour quelque chose ? Est-ce que j'ai fait quelque chose ? sanglota-t-il avant de laisser passer un petit silence. Pour le baiser, peut-être, le lendemain de mon anniversaire ? Je sais que ça t'a déplu. C'est à cause de ça que tu me tiens éloigné ?

— Hein ? Le baiser ?

— Ne fais pas l'idiot... dit Aurélien en se redressant contre lui pour pouvoir plonger son regard dans le sien. Je sais que t'as pas aimé. Que t'as trouvé ça bizarre. Mais c'est pas ma faute... C'est un jeu a l'école...

— Comment ça un jeu ? tiqua-t-il et il fronça les sourcils.

— À l'école, ils appellent ça jouer au papa et à la maman. Ils font comme s'ils étaient ensemble quand ils jouent et après, ils s'embrassent.

— Qui ça, Aurél ? Tu y as déjà joué toi ?

— Non... Les autres enfants. J'ai jamais voulu y jouer, non. Mais quand tu m'as demandé ce que je voulais en échange, j'ai pas réfléchi et j'ai pensé à ça. Tu m'en veux ?

— Hein ? Mais non, pas du tout. Je t'en veux pas le moins du monde, mon petit chat, dit-il en venant essuyer les joues trempées de larmes de son petit frère. Mais il faut que tu me promettes de ne jamais participer à ce jeu, hein ? Je veux pas que tu embrasses n'importe qui. C'est un truc d'adulte, ça.

— Non... Pas n'importe qui. Juste toi, Guillaume. Parce que tu me fais me sentir bien. Pas les autres. Tu comprends ?

— Bien sûr que je comprends. Mais- »

Il n'eut pas le temps de finir sa phrase qu'Aurélien l'embrassait de nouveau. Sur la bouche. Il se laissa faire, l'esprit complètement verrouillé de toute pensée si ce n'était celle-là : il m'embrasse. Encore. Quand Aurélien se recula de lui, il resta un moment immobile, ne sachant que dire ou que faire, avant de le prendre dans ses bras et de se laisser tomber en arrière dans le canapé. Un truc d'adulte. Il pouvait sentir les mains d'Aurélien reposer doucement sur son tee-shirt, essayant de mettre le moins de pression possible sur lui, et il tourna la tête pour embrasser son cuir chevelu. Pourquoi ? Pourquoi est-ce qu'Aurélien faisait ça ? Et puis, plus important encore, pourquoi se trouvait-il incapable de le repousser et lui expliquer que ça ne se faisait pas ? Pourquoi est-ce qu'il aimait ça ? Pourquoi, Aurélien, pourquoi ?