Partie 19 - La veille.

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24 décembre 1993.

« Merci, Guillaume... Il est très joli ton bracelet... »

Son petit frère s'avança vers lui et il retint sa respiration quand il se pencha vers lui pour l'embrasser. Sur la joue. Bien entendu. Leur parents étaient là aussi. Il sourit à Aurélien et entoura son poignet délicatement de ses doigts :

« C'est une gourmette, Aurél. Tu veux que je te l'accroche au poignet ?

— Oui, s'il te plaît. »

Il caressa distraitement le creux du poignet de son petit frère et il sourit en le sentant frissonner à la caresse. Sa peau était si douce. Qu'est-ce qu'il lui manquait. Il se reprit en sentant le regard de ses parents sur lui et il vint entourer le poignet d'Aurélien de la gourmette argentée qu'il lui avait achetée pour Noël. Il y avait son nom écrit dessus, ainsi que sa date de naissance. Quand celle-ci fut autour de son poignet, Aurélien lui offrit un petit sourire timide et il le lâcha doucement. Qu'est-ce qu'il l'aimait, bordel.

***

Il lâcha sa gameboy des yeux en entendant trois petits coups sur la porte de sa chambre. Qui est-ce que ça pouvait bien être à cette heure-là ? Aurélien était censé dormir déjà, non ?

« Oui ? » dit-il et comme personne ne lui répondit, il se leva pour aller voir qui c'était.

Il ouvrit la porte et haussa les sourcils en tombant nez à nez avec son petit frère. Aurélien. Celui-ci le regardait d'un petit air hésitant et il ne put s'empêcher de se dire qu'il avait un peu l'air effrayé aussi. Aurélien tenait son lapin en peluche serré contre lui, sa gourmette bien visible sur son poignet gauche, et il fondit à ce tableau adorable.

« Aurél ? Qu'est-ce qu'il y a, mon chat ? Tu n'arrives pas à dormir ? lui demanda-t-il et Aurélien secoua la tête. Tu veux entrer ? »

Aurélien hésita un moment avant de hocher la tête et il se décala pour le laisser entrer dans sa chambre. Il le vit s'avancer lentement vers son lit, puis s'arrêter et se retourner pour lui jeter un regard hésitant, et il le rejoignit en quelques pas à peine.

« Aurél, qu'est-ce qu'il y a ? »

Aurélien resta muet, baissant la tête, et il glissa sa main dans ses cheveux pour lui demander de le regarder silencieusement :

« Eh... Mon petit chat... Il y a quelque chose que tu aimerais me dire ? »

Le plus jeune plongea son regard dans le sien et il se rendit alors compte qu'il avait les larmes aux yeux.

« Aurél... Parle-moi, je t'en supplie, dit-il en caressant de son pouce sa peau afin d'essuyer ses larmes avant qu'elles ne coulent sur sa joue. Arrête de me tenir à l'écart, ça me fait de la peine...

— Je voulais... m'excuser... bredouilla alors Aurélien en se mettant à pleurer et il haussa les sourcils de surprise.

— T'excuser ? Mais pourquoi ?

— Pour avoir agi... comme je l'ai fait ces dernières semaines... Je te demande pardon, Guillaume. Je ne voulais pas te faire de la peine en te tenant à l'écart... J'essayais juste de comprendre... ce que je ressentais vraiment pour toi.

— Et... Et alors...? T'en es venu à quelle conclusion ? demanda-t-il, le cœur battant la chamade dans sa poitrine.

— Je ne savais pas... que c'était... que c'était réservé à son amoureuse. Les baisers, sanglota Aurélien et il eut tout le mal du monde à se retenir de le prendre dans ses bras à ce moment précis. Je savais que c'était pour les gens qu'on aime, oui. Comme une amoureuse, ou... un amoureux... Mais je pensais... que ça pouvait aussi se faire pour les gens de la famille. Ça me paraissait naturel. C'est pour ça... que j'ai pas compris pourquoi ça t'avait surpris la première fois et pourquoi t'avais mis de la distance.

— Non, mon chat... C'est réservé à la personne qu'on aime le plus au monde... La personne avec qui on veut rester toute sa vie, expliqua-t-il et il vit Aurélien froncer les sourcils en confusion.

— Mais... C'est toi, ça, pour moi, Guillaume. C'est avec toi que je veux rester toute ma vie. Parce que c'est avec toi que je me sens le mieux...

— Mais Aurél, je suis ton frère, dit-il alors qu'il sentait son cœur rater un battement dans sa poitrine à sa déclaration. Est-ce que tu imagines la réaction des parents si jamais ils apprennent qu'on s'est déjà embrassés ?

— Pou-Pourquoi ? Ils... Ils vont m'en vouloir ?

— Je suis désolé, Aurél. J'aurais dû t'arrêter dès le départ. Parce que ça se fait pas. On ne s'embrasse pas sur la bouche entre personnes de la même famille. C'est de quelqu'un d'autre que moi que tu dois tomber amoureux. »

Aurélien lui lança un regard implorant, lui indiquant qu'il ne comprenait pas du tout ce qu'il lui racontait, et lui-même avoua qu'il était complètement perdu.

« J'ai pas le droit ? Je ne comprends pas...

— Non. On est pas censés le faire, Aurél, entre frères. Mais... pour tout te dire, je m'en moque un peu. Moi aussi... j'en ai envie. Tu m'as rendu addict à tes baisers.

— Vraiment ?

— Oui, viens-là. Viens m'embrasser. »

Il attira son frère à lui en entourant sa taille de ses bras puis il entoura son visage de ses mains pour l'amener à le regarder. Aurélien lui lança un regard mi-hésitant mi-inquiet et il lui sourit pour le rassurer. Alors, il se pencha vers lui pour l'embrasser et quand ses lèvres se posèrent sur les siennes, il sentit son corps entier prendre feu. Cette sensation lui avait tellement manquée. Comment il était censé le repousser quand il aimait tellement le goût de ses baisers ? Il en était bien incapable.

Fiction OrelxGringe - Protecteur.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant