« Gui... Guillaume...! Guillaume, attends-moi ! »
Il s'arrêta de nager en entendant son frère l'appeler dans son dos et il se retourna pour lui jeter un regard étonné :
« Aurél ? »
Ce dernier tentait tant bien que mal de nager dans sa direction pour le rejoindre et en voyant qu'il avait du mal à le faire – le plus petit avalant la tasse toutes les deux secondes et se faisant repousser par la force des vagues – il nagea jusqu'à lui. Aurélien s'agrippa à lui à la seconde même où il fut à ses côtés et il le sentit entourer son cou de ses bras fortement, comme s'il avait peur de couler s'il le lâchait.
« Eh, mon chat... Je suis là... murmura-t-il en entourant la taille de son petit frère pour le maintenir hors de l'eau et il déposa un baiser sur sa tempe en sentant à quel point son palpitant battait rapidement contre le sien, ainsi collé l'un contre l'autre. Mon petit chat... Pourquoi t'es là ? Je croyais que tu préférais rester bronzer sur la plage ? C'est pas ce que tu m'as dit tout à l'heure ? » dit-il en revoyant dans son esprit le moment où il avait demandé à Aurélien s'il voulait venir se baigner avec lui et ses amis et qu'il lui avait répondu qu'il préférait plutôt profiter du soleil.
Aurélien ne répondit rien un long moment avant qu'il l'entende renifler dans son cou :
« J'ai menti... J'ai dit ça parce que je sais pas nager en fait. Mais vous êtes tous partis et... ça m'a fait peur. Je voulais pas rester tout seul...
— Tu ne sais pas nager ? demanda-t-il d'un air surpris, étonné de ne pas s'en être rendu compte en quasiment trois ans, et Aurélien secoua la tête dans son cou Je ne savais pas, Aurél... Puis pourquoi tu dis que t'étais tout seul, mon chat ? Il y avait les parents de Matthieu avec toi, non ?
— Oui mais c'est... c'est des adultes, Guillaume... Et ça me fait peur les adultes... Tu le sais... »
Il balaya la plage du regard pour voir les parents de son ami et vit ces derniers en train de discuter tandis qu'ils bronzaient au soleil. Ceux-ci avaient eu la gentillesse de les amener lui, Aurélien, leur fils et leurs amis à la plage aujourd'hui. Mais c'est vrai, Aurélien avait peur des adultes. Et eux, et bien il ne les connaissait pas encore.
« C'est vrai que tu as peur des grandes personnes... dit-il d'un air un peu ailleurs avant de se retourner vers son frère. J'avais oublié. Excuse-moi, tu veux bien ? »
Aurélien le regarda d'un petit air confus, comme s'il se demandait pourquoi il s'excusait pour ça, avant qu'il ne le voie hocher la tête doucement.
« Et puisque tu ne sais pas nager... ça te dit de monter sur mon dos ? Je serais ton cheval des mers, hein ? Qu'est-ce que tu dis de ça, mon chat ?
— Sur ton dos...? Mais... je ne vais pas te couler ?
— Me couler ? Toi ? Allez, ne dis pas de bêtises plus grosses que toi, Aurél. T'es une brindille. »
Son frère rougit à ça et il rit, fortement attendri, avant de se tourner – sans jamais le lâcher – et il lui présenta son dos.
« Allez. Monte. Allons rejoindre les gars. »
Aurélien s'exécuta et, comme le jour où il s'était cassé le bras en tombant dans la rivière, son frère vint entourer son cou de ses bras. Celui-ci se colla à lui et il le sentit enfouir son visage dans ses cheveux, le faisant inconsciemment retenir sa respiration :
« Merci, Guillaume... l'entendit-il lui murmurer à l'oreille. T'es vraiment le meilleur grand frère au monde. »
Il ne répondit rien, un mot résonnant en boucle dans son esprit depuis l'instant où Aurélien l'avait prononcé : grand frère. Oui, il était son grand frère. Et ce qu'il ressentait en lui à chaque fois qu'Aurélien lui souriait ou le serrait dans ses bras, se dit-il, ce n'était définitivement pas ce qu'il était censé ressentir pour lui en tant que grand frère. Quelque chose n'allait vraiment pas chez lui.
***
« Je t'avais dit de faire attention par rapport à lui. »
Il se tourna vers son ami Claude en l'entendant lui dire ça alors qu'il caressait le dos de son petit frère, frôlant les marques encore visibles sur sa peau de ses doigts, ce dernier s'étant endormi sur le ventre à ses côtés. Son ami était allongé à leurs côtés, mais sur le dos, et lui était assis sur sa serviette de bain. Matthieu et Ablaye étaient encore en train de jouer dans l'eau et les parents étaient partis faire quelques brasses dans la mer en les voyant revenir.
« Pardon ? dit-il presque en chuchotant, ayant peur de réveiller son frère.
— Aurél. T'as vu comment t'agis avec lui ?
— Ouais, et ben ?
— Ben tu le couves littéralement, Guillaume, lui répondit son ami sans se redresser sur sa serviette. On dirait un amoureux transi là.
— Qu'est-ce que tu racontes comme âneries ? rétorqua-t-il, aussitôt piqué au vif en l'entendant dire ça. C'est mon frère, c'est normal que je fasse attention à lui, non ?
— Mais mon gars, y a des limites...! rigola Claude et il se mordit l'intérieur de la bouche en l'entendant se moquer de lui. Ça fait deux fois que je vous retrouve en train de dormir dans les bras l'un de l'autre, hein ! À ton anniversaire l'an dernier et quand je suis venu dormir chez toi l'autre fois.
– La première fois, il avait froid, et la deuxième il avait fait un cauchemar... marmonna-t-il sans s'arrêter de caresser le dos d'Aurélien et Claude exhala un petit rire à ses côtés.
— Arrête... Bien sûr que tu te comportes comme un grand frère, Guillaume. Mais il y a quelque chose en plus entre vous. Je le sais.
— Qu-Qu'est-ce que tu veux dire par là ? bégaya-t-il, effrayé qu'il soit au courant pour les bisous.
— Je sais pas. Je suis juste persuadé que tu l'aimes plus que comme un simple petit frère, quoi. C'est tout. Après tout, il l'est pas vraiment, ça peut se comprendre.
— Aurél est mon petit frère. Je le considère comme tel, hein. Y a aucun débat sur ça.
— Ouais, ouais... P't'être bien. Mais tu m'enlèveras pas de l'idée que t'es bizarre avec lui. En tout cas tu dois être content qu'il passe enfin en sixième pour pouvoir être avec lui toute la journée comme quand on était en primaire.
— Quoi ? Me dis pas que t'es jaloux ? Ça te saoulait qu'il reste avec nous ? dit-il en haussant un sourcil et Claude secoua la tête.
— Non, non, pas du tout, se défendit ce dernier en plaçant ses mains devant son torse. Je l'aime bien le gosse. Juste... je me pose des questions sur vous, quoi. »
Il ne sut pas quoi répondre à ça, le regard scrutateur de son ami sur lui. Bizarre ? Il savait bien que la relation qu'il entretenait avec son frère était bizarre, mais il ne se doutait pas que celle-ci pouvait être perçue comme telle aussi par ses amis. Après le premier baiser, il avait pris le parti de mettre de la distance avec Aurélien avant de se rendre compte que son comportement rendait triste ce dernier, alors il avait décidé de l'accepter comme il était. D'accepter de lui donner ces baisers qu'il semblait tant vouloir recevoir de lui sans qu'il en comprenne la raison. Il se disait qu'avec l'âge, ça lui passerait. À la rentrée, Aurélien allait entrer en sixième, alors peut-être que ça disparaîtrait, petit à petit. Allez savoir.
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Fiction OrelxGringe - Protecteur.
FanfictionLorsque les parents de Guillaume adoptent un petit garçon et qu'il devient grand frère, il tombe aussitôt sous le charme de ce dernier.