3. origines - septembre 2020

1.6K 81 40
                                    

Mattia Binotto avait beau retourner le problème dans tous les sens, il ne voyait pas de solution. Après Lewis Hamilton, un autre pilote était prêt à dominer le monde de la Formule 1: Max Verstappen. Un petit con au talent indéniable. Son avènement ne signifiait qu'une seule chose pour le patron de Ferrari: la Scuderia pouvait se préparer à de nouvelles années de disette. Mattia regrettait d'avoir tout misé sur Charles Leclerc.

Le Monégasque ne manquait pas de talent, mais il ne tenait pas la comparaison. Tout simplement trop tendre sur la piste. En revanche, il était ingénieux. Quand il s'agissait de manigancer, personne ne lui arrivait à la cheville. C'était lui qui avait proposé de faire appel à Sofia Cacciola. Il avait entendu parler de la jeune femme lors d'une soirée à Milan. On lui avait décrit une espionne sulfureuse que les plus riches engageaient pour faire tomber leurs rivaux. Charles avait immédiatement pensé à Max. En écartant le pilote Red Bull, le Monégasque était assuré de dominer.

Le jeune pilote avait donc pris contact avec cette Sofia Cacciola pour savoir de quoi elle était capable. Par peur d'être enregistrée, elle avait refusé de s'exprimer par téléphone. Il l'avait donc rencontrée à Milan dans l'arrière-salle d'une obscure trattoria. Charles avait l'impression de tourner un mauvais film d'espionnage en arrivant dans le restaurant. Les serveurs l'avaient à peine saluer. Ils s'étaient contentés de lui indiquer une porte dérobée. En apercevant la jeune femme, le Monégasque avait immédiatement compris. Il avait été surpris par sa beauté naturelle. Dans d'autres circonstances, il aurait pu tenter de la séduire. Il lui avait tendu sa main pour se présenter, mais elle ne l'avait pas serrée. Elle était allée droit au but détaillant ses conditions et ses tarifs. Charles avait demandé des garanties. En entendant la liste des politiciens et autres sportifs qu'elle avait côtoyés, ses doutes s'étaient envolés.

Convaincu de son idée, le jeune homme avait appelé Mattia Binotto en sortant du restaurant. Il lui avait tout expliqué. L'Italien l'avait écouté en silence. Légèrement agacé, il avait pensé: "si tu mettais autant d'énergie dans le simulateur, tu n'aurais pas besoin de te lancer dans de pareilles combines". Mais il n'avait rien dit et s'était contenté d'écouter. Sa curiosité avait été piquée. Le directeur de Ferrari était tout aussi désespéré que son pilote. Il était prêt à tremper dans l'illégalité pour renouer avec le succès.

Une après-midi de septembre 2020, Sofia avait donc été invitée à Maranello pour une première rencontre. Pour ne pas éveiller les soupçons, elle avait retrouvé Mattia et Charles dans une villa de la campagne italienne. La chaleur de l'été indien était écrasante. À l'abris des épais murs de pierre de la maison, le trio avait commencé par partager une bouteille de Pinot Grigio. Histoire de détendre l'atmosphère. Et à cause de la température, la jeune femme avait senti sa tête tourner. Elle était loin d'imaginer que ce rendez-vous conditionnerait le reste de sa vie. L'Italienne avait lancé les hostilités:

- À qui est-ce qu'on s'attaque?

- Max Verstappen.

Mattia et Charles avait dévoilé l'identité de la cible en même temps. Sofia avait remarqué l'étincelle qui avait illuminé leurs yeux en prononçant le nom du Néerlandais. Un nom que l'Italienne n'avait d'ailleurs jamais entendu. Le Monégasque avait pris le relais:

- C'est mon principal concurrent. Il pilote pour Red Bull. Il n'a pas de faiblesses.

- Vous vous trompez. Tous les hommes sont faibles.

La réponse de la jeune femme, mais surtout sa détermination, avait impressionné Mattia. Le directeur de Ferrari s'était penché instinctivement, comme pour montrer son intérêt. Entre deux gorgées de Pinot Grigio, il avait encouragé sa compatriote à continuer. Elle s'était exécutée:

Mission Ferrari // Max VerstappenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant