Mission Ferrari // Max Verstappen

2. retrouvailles - décembre 2021

Sofia débarque à Abou Dabi avec une valise qui contient pratiquement toute sa vie: quelques habits, des chaussures et des produits de beauté. Une fois encore, elle a tout laissé derrière elle. C'est devenu une habitude. Lucia l'a pourtant exhortée à rester à Milan, mais rien ne retient plus l'Italienne dans son propre pays. Elle a toujours été une nomade, peut-être parce qu'elle n'a pas de racines et pas de famille qui l'attend anxieusement. Elle ne sait pas de quoi demain sera fait. Tout ce qu'il lui importe, c'est de revoir Max. Vêtue d'une combinaison en jean, des lunettes à soleil posées sur son nez, elle passe inaperçue. Elle patiente en fumant une cigarette. La voiture qui doit passer la prendre à l'aéroport a du retard. Ça ne l'étonne même pas.

Elle profite de ces quelques minutes d'attente pour se préparer mentalement. Que dira-t-elle quand elle reverra enfin Max? Osera-t-elle lui parler ou se contentera-t-elle d'un discret signe de la main? Elle espère que le temps a fait son œuvre et qu'il ne se braquera pas complètement, mais elle n'y croit pas trop. Elle connaît bien le Néerlandais. Elle le sait rancunier.

Un berline noire se gare devant elle. La vitre arrière se baisse. Le visage souriant de Charles Leclerc apparaît. Sofia ne peut s'empêcher de frissonner à la vue du Monégasque. Elle aussi est rancunière. Elle n'a pas oublié ce qu'il lui a fait subir. Seulement voilà... il est le seul qui ne la déteste pas et qui peut lui permettre d'assister au dernier Grand Prix de l'année. C'est un mal pour un bien: se farcir Charles pour se rapprocher de Max. L'Italienne a évidemment prévu de ne pas dévoiler les vraies raisons de sa venue. Pendant que le chauffeur s'occupe de sa valise, elle feint un sourire poli en s'installant dans la voiture:

- Merci d'être venu me chercher.

Charles ne contient pas sa joie. Il est extatique. La veille, quand Sofia l'a appelé, il n'y a d'abord pas cru. Il a pensé à une mauvaise blague. L'Italienne a toutes les raisons de le haïr et pourtant, quand elle a eu besoin de lui, elle a mis sa fierté de côté pour le contacter. Le Monégasque a accepté de la faire venir à Abou Dabi pour une simple et bonne raison: parader à ses côtés dans le paddock. Il jubile déjà en imaginant les visages choqués des autres pilotes et surtout le regard détruit de Max. Charles ne refuserait jamais une occasion d'écraser un peu plus encore son rival. Il doute néanmoins des motivations de Sofia et le fait savoir:

- Je ne comprends toujours pas pourquoi tu as tenu à venir.

- Comme je te l'ai expliqué hier soir, je cherche un travail. Comme tu n'as pas d'assistante, j'ai pensé que je pouvais me rendre utile.

- Ne me prends pas pour un con... tu aurais pu travailler partout ailleurs et pour quelqu'un qui n'a pas complètement détruit ta vie.

Sofia se redresse, alors que la voiture démarre. Il est temps d'user de son meilleur jeu d'actrice. Elle adresse un sourire triste à Charles en se lançant dans un discours qui n'est pas complètement inventé:

- Je vais être parfaitement honnête. Je te déteste et chaque seconde passée en ta présence est une torture. Mais je déteste encore plus ma vie. Je ne me supporte plus. Je ne veux plus arnaquer des hommes riches pour payer mon loyer. Et tu n'es pas sans savoir que je n'ai pas fait d'études et que ma seule expérience professionnelle se résume à avoir été serveuse dans un restaurant minable. Tu me dois bien un job...

- Tous ces grands discours pour ne pas avouer que je t'ai manqué!

Sofia lève les yeux au ciel. Elle fait mine d'être agacée, mais elle sourit intérieurement. Son petit speech semble avoir fait mouche. Il reste tout de même un dernier détail à régler. Charles va droit au but:

- Et Max dans tout ça? Je te préviens... je ne laisserai pas mon assistante personnelle frayer avec l'ennemi. Je suis du genre possessif.

- Max... c'est du passé. Je stresse un peu à l'idée de le revoir, je veux bien l'avouer. Mais je n'ai pas l'intention d'essayer de le récupérer.