15. blessure - avril 2022

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Lovée dans le sofa de sa chambre d'hôtel, Sofia a passé plus de trente minutes le regard rivé sur l'écran de son téléphone. Elle a pesé le pour et le contre jusqu'à conclure que Max n'était pas la solution. Une réalité qu'elle peine encore à accepter. Elle aimerait tant l'appeler. Il lui suffit de poser son doigt sur le petit téléphone qui s'affiche à côté du nom de "Maxie". Le problème, c'est qu'elle a peur qu'il ne réponde pas. Qu'il l'ignore. Qu'il la repousse. D'une certaine manière, il l'a déjà fait le matin même, alors pourquoi est-ce qu'il agirait différemment quelques heures plus tard? Elle ne croit plus en lui. Il est trop occupé. Trop distant. Trop  pris par Emma. Ces excuses, car ce sont bien des excuses auxquelles l'Italienne se raccroche, sont suffisantes pour qu'elle se contente de regarder son téléphone en silence.

Immobile, Sofia est encore sous le choc. Sa tête la lance, sans parler de sa lèvre qui ne cesse de gonfler. La douleur est omniprésente. Elle a fait quelques recherches sur internet pour arriver à la conclusion qu'elle souffre très certainement d'une commotion. L'hôpital n'est pas une option. Les médecins posent trop de questions. Elle ne veut pas dénoncer Charles. Pourquoi? Elle ne le sait pas vraiment. Peut-être parce qu'elle n'est pas encore prête à se venger du Monégasque. Elle a peur aussi des retombées médiatiques. Loin de Milan et de Lucia, la seule à la soutenir dans sa guerre secrète, elle craint d'être aspirée dans un tourbillon qu'elle ne saura pas maîtriser. Pour le moment, elle a besoin de repos. Et peut-être aussi d'un désinfectant et de sparadraps.

Le personnel de l'Hermitage n'a rien dit quand Sofia et Charles ont poussé les portes du luxueux hôtel. Ils ont tous détourné le regard en voyant le visage de tuméfié de la jeune femme. Ils se sont contentés de sourire en lui tendant les clés de la suite. La discrétion, c'est leur fort. L'Italienne a décidé de passer trois nuits dans ce refuge. Le tout aux frais du Monégasque. C'est le moins qu'il puisse faire. Elle s'est promis de ne pas quitter sa chambre. C'est trop risqué. Elle a déjà eu beaucoup de chance de ne pas croiser de paparazzi en rejoignant l'hôtel, assise sur le siège passager de la Pista de Charles. Ici, elle est en sécurité.

Sofia quitte le sofa pour s'aventurer sur la terrasse. Le soleil de plomb qui brille au-dessus de la Principauté tranche avec sa tristesse. En plissant les yeux pour observer l'horizon, elle ne peut retenir un petit cri de douleur. C'est son visage tout entier qui la fait souffrir. Aussi étrange que cela puisse paraître, elle n'a pas encore pleuré. À vrai dire, elle en est incapable. Elle aimerait pourtant laisser ses émotions s'exprimer. Se libérer de la tragédie qui l'a frappée le matin même. Mais rien ne sort. Comme si son cœur s'était arrêté.

Sofia retrouve l'intérieur de sa suite. Tout est trop paisible. Comment peut-on passer du chaos le plus total à cette tranquillité oppressante? L'Italienne agit sans vraiment réfléchir. À Monaco, il n'y a plus qu'une seule personne qui peut encore lui venir en aide. Elle appelle Arthur en faisant de son mieux pour que sa voix ne trahisse pas son désarroi.

- Allô?

- Arthur... tu fais quelque chose, là tout de suite?

- J'allais sortir courir.

- Tu pourrais faire ton footing jusqu'à l'Hermitage et m'y retrouver?

- Tu n'es pas avec Charles?

- Pourquoi est-ce que je t'appellerais si j'étais avec lui?

- Tout va bien?

- Ca va. Mais il me faudrait des anti-douleurs, du désinfectant et des pansements.

- Tu commences à me faire peur, Sofia...

- C'est rien de grave. J'ai juste besoin de voir quelqu'un.

- Alors j'arrive.

Arthur n'est pas Max, mais le petit frère de Charles a l'avantage d'être disponible. Le jeune pilote avale la petite heure de course qui le conduit jusqu'à l'Hermitage, sans oublier de s'arrêter dans une pharmacie. Transpirant et essoufflé, il frappe à la porte de Sofia en priant pour que la jeune femme aille bien. C'est quand elle lui ouvre qu'il comprend que la situation a dégénéré. Loin de lui l'idée de la mettre mal à l'aise, mais il ne peut s'empêcher de scruter son visage amoché. Il n'a pas besoin de demander pour savoir que Charles en est le responsable. Il balbutie:

Mission Ferrari // Max VerstappenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant