Mission Ferrari // Max Verstappen

23. pole position - mai 2021

Le week-end du Grand Prix, la circulation est pratiquement impossible à Monaco. Les fans de Formule 1 ont pris la Principauté d'assaut. Ils ne sont pas les seuls à être présents. Les célébrités ont aussi fait le déplacement. Les rues sont bondées, tout comme les restaurants et les hôtels. Cela fait déjà longtemps que tous les billets pour assister à la course ont trouvé preneurs. Sur les balcons de immeubles, des drapeaux sont suspendus. Charles Leclerc a forcément la côte. Il est l'enfant du pays, celui sur qui pèsent les plus grosses attentes. Même si Ferrari ne peut pas rivaliser avec Red Bull et Mercedes cette année, la monoplace s'annonce rapide sur les circuits urbains. Un problème réside: Charles est maudit quand il pilote à domicile. Le Monégasque n'a jamais réussi à franchir la ligne d'arrivée.

Mais aujourd'hui, jour des qualifications au Grand Prix, le pilote se veut confiant. Il a rejoint le paddock à l'aube pour se préparer mentalement. Il a pris le temps de regarder le soleil se lever sur le port en profitant de son café. Il est resté dans sa bulle, à l'écart de ses fans et de son équipe, pour ne pas être distrait. Il n'a peur de personne. Encore moins de Max Verstappen.

Le Néerlandais est d'ailleurs arrivé sur place avec du retard. Son visage est fermé. Après s'être fait remettre à l'ordre par Christian Horner, le pilote Red Bull s'est isolé dans sa chambre. Il n'est pas d'humeur. Cela fait déjà trois jours qu'il n'a pas de nouvelles de Sofia. Il l'a croisée au bas de son immeuble, mais elle l'a ignoré. Il ne sait pas comment rattraper le coup. Les horreurs qu'il lui a balancées lui trottent dans la tête. Il ne pensait rien de ce qu'il lui a dit, il voulait seulement la blesser. Une discussion sera forcément nécessaire. Ils ne peuvent pas en rester là. D'ailleurs, il espère que Sofia fera l'effort d'assister aux qualifications et à la course, même si elle lui en veut encore. Max lui a écrit un court message le matin même pour lui assurer qu'elle était toujours la bienvenue.

L'heure des qualifications approche. Toutes les écuries sont prêtes à en découdre. Charles est en grande discussion avec ses ingénieurs, alors que Sofia se fraye un chemin dans la voie des stands. Le Monégasque reconnaît sa silhouette. La rumeur raconte qu'elle serait en froid avec Max. Le pilote en profite. Il quitte le garage pour rejoindre l'Italienne dont les yeux sont cachés par des lunettes à soleil. Il trottine pour arriver à sa hauteur:

- Alors comme ça tu t'es disputée avec ton petit ami?

Sofia se retourne pour faire face à Charles. Elle soupire en voyant son sourire arrogant. Si elle est venue aujourd'hui, c'est uniquement pour montrer à Max qu'elle n'a pas tourné la page. Du moins, pas avant d'avoir pu lui parler.

- Qu'est-ce que tu me veux Leclerc?

- Détends-toi.

- Je suis pas d'humeur.

- Alors c'est vrai?

- Si tu veux vraiment tout savoir, je n'ai pas parlé à Max depuis trois jours.

- C'est pas bon pour la mission ça...

La mission? C'est le dernier des soucis de Sofia. Elle ne peut évidemment pas l'avouer, mais elle hoche la tête pour faire comprendre à Charles qu'elle d'accord avec lui. L'Italienne a toujours l'intention de protéger Max. Elle ne sait pas encore comment. Elle sait seulement qu'elle est prête à tout pour l'épargner. Et ceci même s'il la blessée. C'est le moins qu'elle puisse faire.

- Tout n'est pas perdu. Il a insisté pour que je sois là aujourd'hui. Je vais faire en sorte qu'on se réconcilie.

- T'as intérêt.

Charles s'en va aussi rapidement qu'il est venu, laissant Sofia poursuivre sa route. Elle passe devant le garage McLaren et baisse la tête pour passer inaperçue, mais Daniel Ricciardo et Lando Norris la repèrent. L'Australien et le Britannique, qui portent une combinaison aux couleurs de Gulf pour l'entier du week-end, accourent. Ces derniers jours, ils ont cherché à la joindre. Sans succès. L'Italienne soupire en voyant leurs sourires gênés. Elle n'a aucune envie de les écouter défendre leur ami. Ils ne savent rien de ce que Max a osé lui dire. À bout de souffle, Daniel est le premier à s'exprimer: