16. désolé - mars 2021

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Le reste du week-end à Bahreïn n'est pas beaucoup plus agréable. Max parle peu et quand il le fait, c'est pour se plaindre. Il ne cesse de ronchonner. Que ce soit le matin en se réveillant, à l'arrière de la voiture qui le mène au circuit ou avec son équipe. Tout est remis en question: le petit-déjeuner tiède, les fans un peu trop envahissants, le choix des pneus pour les qualifications, ... rien ne lui échappe. Tout le monde est habitué, même Emma qui est en charge de l'hospitalité et qui s'occupe de Sofia en l'absence du pilote. La Française prévient l'Italienne:

- C'est de pire en pire. Mais bon... le dimanche soir, après la course, on a généralement le droit à des excuses s'il est satisfait de son résultat.

Les seuls moments de douceur que Max dédie à Sofia sont ceux qu'ils passent au lit. Le jeune homme est tendre. Comme s'il avait besoin de répit. Mais le reste du temps, il se referme sur lui-même. Et le pire, c'est qu'il en a conscience. Le Néerlandais adorerait être plus jovial, faire le pitre devant les caméras ou bavarder avec ses ingénieurs, mais il n'a jamais osé. On lui a appris à rester en tout temps concentré. Son père lui a inculqué des valeurs qu'il n'a jamais remis en question. Même si Jos Verstappen n'est pas toujours dans les parages, son fils se sent observé. C'est pour lui qu'il pilote. C'est lui qu'il cherche avant tout à impressionner.

Tout cela, Sofia l'ignore. Elle ne peut que subir le sale caractère du Néerlandais. Elle espérait trouver grâce à ses yeux. Être celle vers qui il se tournerait pour partager ses doutes. Force est de constater qu'elle a été naïve. Elle ne se risque même pas à essayer de lui changer les idées ou de le détendre. Discrète, elle reste à distance. C'est ce qu'elle a toujours fait quand elle fréquentait des sportifs. Elle le soutient en restant silencieuse. Pour s'occuper, l'Italienne, livrée à elle-même, reporte toute son attention sur ce qui se passe sur la piste. Assise au fond du garage, un casque sur les oreilles, elle a suivi les essais et les qualifications. Emma lui tient parfois compagnie. Quand la RB16B joue avec les limites, il lui arrive même de serrer instinctivement la main de la Française dans la sienne. Elle étudie attentivement le bal des mécaniciens. Quand Max rentre au garage, elle n'a d'yeux que pour lui. Il lui arrive de lui adresser un regard ou un début de sourire quand il quitte sa monoplace. Des instants volés à la compétition qui suffisent à lui réchauffer le cœur.

Le dimanche, le jour de la course, Sofia est nerveuse. Elle prend discrètement place dans le fond du garage. Max a signé la pole position la veille. Il s'élancera devant Lewis Hamilton. Savoir qu'il va devoir lutter contre les autres pilotes pour conserver sa première place l'angoisse. Installée à quelques mètres de lui, elle ronge nerveusement ses ongles. Les monoplaces ont d'effectué le tour de formation. Elles se préparent à prendre le départ. Pour se rassurer, l'Italienne ne cesse de se répéter que tout se passera bien. Ses yeux sont rivés sur l'écran qui lui fait face. "Radio check". La voix à peine audible de Max s'invite dans son casque. Elle aurait aimé lui dire un mot avant qu'il s'élance. Quelque chose comme "je crois en toi" ou "sois prudent". Retardée par son travail, Emma débarque et s'installe à côté de Sofia au moment où les feux s'allument un par un. Ils disparaissent sans prévenir. Le silence laisse place au vrombissement des moteurs.

Max est l'auteur du meilleur départ. Le Néerlandais garde la tête. Et alors que l'Italienne l'imagine creuser son avance sur Lewis Hamilton, Nikita Mazepin commet une erreur et finit dans le mur. Safety car. Sofia grommelle. Elle se rassure en voyant que la RB16B reste devant. Les tours de piste défilent. Plus le temps passe et plus l'Italienne est nerveuse. Elle ne peut s'empêcher de laisser échapper un juron quand Mercedes réussit l'undercut. Max se retrouve derrière Lewis à cause de la stratégie mise en place par Red Bull. L'entier du garage peste. Le Néerlandais tente ensuite de rattraper les erreurs de son équipe. Il a seize tours pour tenter de revenir sur le Britannique. Il se rapproche gentiment mais sûrement, jusqu'à pouvoir déclencher le DRS. Max tente le tout pour tout. Il dépasse Lewis à trois tours de la fin. Sofia n'exulte même pas. Elle sait que le pilote devra rendre la première place puisqu'il est sorti des limites de la piste. Son intuition se confirme. Le Néerlandais laisse passer le Britannique, mais il refuse de baisser les bras. Jusqu'à la toute fin du Grand Prix, il met la pression. En vain. Lewis est le premier à franchir la ligne d'arrivée. Sept centièmes... c'est tout ce qu'il a manqué à la RB16B.

Mission Ferrari // Max VerstappenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant