Mission Ferrari // Max Verstappen

32. Mission Sofia - septembre 2022

C'est parti. La mission Sofia est lancée. Tout est sous contrôle. Daniel, Lando et même Arthur sont dans le secret. Max dirige les opérations. Le jeudi, journée prévue pour les conférences de presse et les obligations médiatiques, lui a paru long. Il a enchaîné les interviews, le regard dans le vague et la tête pleine. Vers vingt heures, enfin libéré par son attaché de presse, le pilote a pris la route de l'hôtel réservé par Ferrari. L'endroit n'est qu'à une dizaine de minutes du circuit de Monza, mais le Néerlandais a roulé comme s'il se battait pour la victoire, zigzaguant entre les voitures et utilisant son klaxon à tout bout de champ.

Et le voilà garé devant le bâtiment où Sofia attend patiemment le retour de Charles. Du moins, c'est ce qu'elle croit. Les mains de Max sont serrées sur le volant, ses yeux rivés sur l'entrée où se pressent les portiers. Il sent son cœur battre si fort qu'il est proche de transpercer sa poitrine. Le Néerlandais a peur d'être rejeté. Il ouvre sa portière en avalant difficilement sa salive. Ses gestes d'habitude sûrs sont devenus brouillons. Il donne les clés de sa voiture à un jeune homme en uniforme, en lui précisant:

- J'en ai pas pour longtemps. Laissez-la devant.

Le portier, qui a reconnu le pilote dès l'instant où il s'est extirpé de son bolide, hoche la tête. Inquiet mais déterminé, Max en oublie de lui laisser un pourboire. Il doit se retenir de ne pas courir vers l'entrée. La nervosité qui l'habite depuis qu'il s'est réveillé ne le quitte plus. Il évite l'accueil et se dirige droit vers les ascenseurs. D'après Arthur, Charles et Sofia occupent la chambre 316.

Au retour de Zandwoort, il a appelé à contrecœur le jeune Monégasque. Une discussion gênante et éprouvante qui aurait très bien pu lui faire perdre ses nerfs. Max a dû ruser pour convaincre Arthur. Il a fallu argumenter et surtout s'excuser, chose que le Néerlandais déteste faire. Il a obtenu l'aide du cadet des Leclerc en lui promettant de prendre soin de Sofia. Les deux hommes se sont entendus sur un seul et unique point: ils veulent le meilleur pour l'Italienne. Arthur a donc accepté de passer la soirée avec Charles. Il a invité son aîné à dîner, une distraction qui devrait laisser le champ libre à Max pour convaincre Sofia de le suivre.

Le Néerlandais attend nerveusement de pouvoir prendre l'ascenseur qui le conduira au troisième étage. D'autres clients de l'hôtel sont présents. Ils le reconnaissent et chuchotent dans son dos. Le pilote se balance d'un pied à l'autre, en ignorant les regards qui se posent sur lui. Quand les portes s'ouvrent devant lui, il est le premier à entrer. Il se poste à l'arrière de la cage métallique, les yeux baissés sur le sol. Tout est lent. Beaucoup trop à son goût. En quittant l'ascenseur, Max bouscule une dame âgée qui peste. Le jeune homme ne s'excuse pas. Déjà, il file vers le fond du couloir. Une goutte de sueur dévale le long de sa nuque. Il ne se rappelle pas avoir été aussi stressé et ceci bien qu'il soit habitué à piloter une monoplace qui atteint facilement les trois-cent kilomètres à l'heure.

Le Néerlandais déboule devant la porte de la 316. Ses mains sont humides, son front perlé de transpiration. Il frappe. Rien. Il recommence. Toujours rien. Bon Dieu... faites qu'elle ne se soit pas endormie. Max soupire bruyamment. Il est en train de composer le numéro de Sofia, quand la porte s'ouvre enfin. L'air hagard, l'Italienne se tient devant lui. Elle porte une nuisette qui couvre à peine ses cuisses. Le jeune homme détourne le regard et murmure:

- Je suis venu te chercher.

Sofia n'a pas le temps de répondre que Max se précipite à l'intérieur. Il scanne la suite de son regard déterminé. Seule la lampe de chevet est allumée. L'Italienne était probablement en train de lire quand il a fait irruption. Il se retourne vers la jeune femme pour lui ordonner:

- Fais tes affaires. On s'en va.

Sofia reste immobile. Elle n'y comprend rien. Que fait Max dans sa chambre? Et surtout, pourquoi veut-il qu'elle le suive? Elle bégaie: