Chapitre 6 : Promesse

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      J'entends toquer à ma porte et j'ordonne d'entrer malgré ma voix éraillée. Je suis couchée sur le côté, face à la fenêtre, serrant mon deuxième coussin contre moi. Ma tête repose sur le premier et je n'ai pas eu le courage de me placer sous la couverture pour être au chaud. Actuellement, je n'en ai plus la force ni le courage, même me retourner je n'en ai pas la volonté.

      Je tente de retenir mes larmes du mieux possible pour éviter de paraître complètement pitoyable. Je ne cherche pas nécessairement à faire bonne figure mais je considère qu'il est beaucoup trop tôt pour me montrer si faible. La peur qui m'a traversée durant les quelques minutes avec mon frère étaient de trop. Même si ça n'a duré qu'un fugace instant.

_ J'ignore ce qui te met dans cet état, mais...

_ Mêlez-vous de vos affaires. Crachais-je faiblement.

_ Jeanne, tu es au plus mal... Qu'est-ce qu'il s'est passer ?

_ Fichez-moi la paix.

       Une brève hésitation, la place à ma gauche qui s'affaisse, une tasse posée sur ma table de nuit et un soupir de dépit en comprenant que je ne parlerais pas avant que je ne le décide. Mes larmes reviennent, je les retiens du mieux que je le peux en me mordant la lèvre inférieure, le visage enfoui dans mon oreiller. Mon portable émet la vibration caractéristique d'un appel avant d'être brusquement mit en silencieux pour éviter tout bruit parasite.

_ Je serais en bas, si tu me cherches.

_ Jouez-moi quelque chose. N'importe quoi... Quémandais-je d'une voix brisée par les sanglots.

_ Il est quatre heures du matin.

_ Depuis quand est-ce que vous vous souciez de l'heure à laquelle vous jouez ?

_ Disons que notre logeuse ne s'est pas endormie pendant que je jouais. Certes, son réveil sera agréable mais je ne suis pas sûr qu'elle appréciera. Surtout avec le sommeil qu'elle doit rattraper. En revanche, n'hésite pas à descendre si tu ne veux pas être seule physiquement. Je ne forcerais pas la discussion.

      Il se lève, observant les murs à la lueur tamisée de ma lampe de chevet avant de se diriger vers ma bibliothèque, ce que je comprends au plancher qui grince et au bruissement du papier. Je ne fais aucune remarque, ne cherchant pas à savoir ce qu'il fait ou ce qu'il cherche.

     Je finis par fermer les yeux, évacuant mes larmes en silence comme j'ai appris à le faire les nuits qui ont suivi la perte de Max, sachant que mon grand-père n'aurait pas apprécier que je le réveille de cette façon. Enfin... en sachant plutôt qu'il m'a trouvé faible de pleurer autant pour quelqu'un que lui n'avait jamais supporter. Max et lui ne se sont jamais apprécier mais ils ont su trouver un terrain d'entente malgré tout.

     Nouveau bruit de plancher qui craque, grincement de porte et fermeture du battant. Je me redresse légèrement, prenant la tasse en faisant attention et je sens l'odeur. Ce n'est clairement pas du jasmin mais c'est une autre odeur que je connais. J'en suis tellement persuadée que je cherche dans ma mémoire où est-ce que je l'ai déjà sentie. Et tout s'éclaire brusquement, me ramenant à une nuit d'hiver bien précise chez Éléa qui m'avait invitée.

_ Plutôt thé vert ou thé blanc ? Me demande-t-elle.

_ Ce soir ? Fait tester le thé blanc. Répondis-je.

_ On va voir si ton odorat infaillible trouve à quoi il est.

_ Une mise au défi ? J'adore ça.

_ Tant mieux. Sourit-elle.

      Je reste assise dans le canapé pendant qu'elle s'affaire dans la cuisine, faisant chauffer nos tasses. Il est onze heures du soir quand Aymeric nous rejoint. Il toque à la porte, on lui ouvre en l'accueillant chaleureusement. Blond, les yeux noisette, la barbe de trois jours et ses éternelles lunettes noires sur le nez, il retire ses chaussures pour éviter de salir le sol et enlève son manteau pour le poser sur le dossier de la chaise la plus proche.

If love is just chimic, I'm a scientist (Sherlock Fanfiction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant