Chapitre 24 : Arrangements

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_ Madame, un appel pour vous. Me signale William en entrant dans la pièce.

_ Merci, Will. Répondis-je en prenant le portable en main.

      Il sort en refermant la porte, me laissant regarder à quel point mon père m'a suivi à la trace. Il savait tout ce que je faisais quand j'étais en France. Une façon un peu étrange de veiller sur moi mais ça fonctionnait tout de même. Et c'est assez incroyable à constater, pour le coup.

      Je porte le téléphone à mon oreille, signalant ma présence de l'autre côté et je reste surprise d'entendre parler en allemand. Je souris instantanément en sachant de qui il s'agit, pendant qu'il m'avait oublié. Ça ne m'aurait pas dérangé si ça avait été le cas.

_ Quelle bonne surprise, Hans. Tout se passe bien ? Demandais-je en allemand.

_ Ça ne pouvait pas mieux se passer. J'ai réussi à obtenir un logement à Edimbourg et j'ai toujours mon travail. Tout ça c'est grâce à vous, Jeanne. Merci infiniment. Si jamais je peux faire quelque chose pour vous...

_ Merci, Hans, mais ça ira. Soit heureux, ça sera la meilleure façon de me remercier.

_ Vous êtes sûre ?

_ Parfaitement sûre. C'était pour ça que tu appelais ? Ou il y a autre chose ? Demandais-je avec calme.

_ Non, c'est bon. Bonne journée à vous.

      Je le remercie et il coupe la communication. Je soupire profondément, comptant mentalement les jours jusqu'à la reprise des cours. Je ne suis absolument pas prête, de toute façon. Mais pas du tout. Ma pire hantise était de remettre les pieds dans une salle de classe une fois arrivée en Angleterre. On dirait que le destin a jouer contre moi.

      On n'échappe pas à son destin. Personne ne le peut.

     Cette voix qui résonne dans ma conscience est comme un vestige lointain d'un passé que j'ai toujours voulu oublier. Le jour où j'ai tout remis en cause après un énième refus du proviseur pour ouvrir les yeux. Si personne n'échappe à son destin, c'est parce que personne n'a le courage de l'affronter, tout simplement. Ça peut servir d'être philosophe à ses heures perdues, finalement. Et ce n'est pas plus mal, ceci dit.

      La porte de la pièce s'ouvre à nouveau, laissant entrer Jack qui s'excuse d'interrompre mes pensées. Je me contente de lui sourire, croisant les bras en l'invitant à entrer d'un signe de tête. Il soupire de soulagement, rassuré que je ne lui en veuille pas.

_ Il est l'heure. Me dit-il.

_ Votre fille sera là ? Demandais-je avec curiosité.

_ Oui, Joyce sera là, madame.

_ Merci pour l'information, Jack.

      Il sourit, j'enfile mon chapeau de feutre noir avec sa plume blanche et je lui fais signe que l'on peut y aller. Si mes trois autres gardes du corps sont surpris que je m'en aille avec leur collègue, William finit par expliquer la situation. Les soupirs de soulagement se font entendre quand je sors et on descend en silence. Je monte dans le véhicule côté passager et mon accompagnateur conduit, m'amenant chez lui sous le soleil brûlant de cet après-midi.

      Il ne grille pas la moindre priorité, conduisant de manière plutôt agréable. Ça change des taxis londoniens, dit donc. En même temps, il est habitué à avoir ma vie entre ses mains. Alors c'est normal que j'aie confiance, au final. Simple question de logique et d'habitude.

      On arrive quelques minutes plus tard et je descends du véhicule quand Jack m'ouvre la portière. On entre dans la maison de banlieue londonienne et le chien salue joyeusement son maître. Je ne suis pas étonnée de voir Jack accroupi en train de gratter le ventre du samoyède tout content. Cette vue me fait sourire de bon cœur et mon gardien n'est pas étonné de ma réaction quand il se redresse pour m'inviter à faire le tour du propriétaire. Mes yeux retiennent un paquet de détails sur ce qui m'entoure, m'imprégnant de l'endroit. Mais ce qui m'étonne le plus reste l'odeur.

If love is just chimic, I'm a scientist (Sherlock Fanfiction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant