Chapitre 5: Blessure du passé

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      Ma gorge sèche me signale qu'il faut que j'aille boire un verre alors je descends au salon, guidée par les notes du violon. Mes pas font grincer le plancher, l'instrument s'arrête, je me retiens de lâcher un bâillement sonore et je bois mon verre. Je le rince avant de le ranger une fois sécher et je me fige sur le seuil de la cuisine.

      Le brun me regarde avec attention, sans bouger de sa place, éclairé par la pleine lune. Je soupire profondément avant de prendre le premier livre à ma portée pour m'occuper en attendant que le sommeil vienne me chercher. C'est quand la lumière est allumée que j'essaie de résister à la vue assez tentatrice qui me fait face. Mais je me contrôle.

      Le courant d'air froid se fait à nouveau sentir, je pose la couverture sur mes épaules et je constate qu'il est trois heures du matin. Je me fige soudainement en sentant une présence supplémentaire dans la pièce et le regard de mon colocataire se pose sur le deuxième fauteuil un peu plus loin, face au sien.

_ Je deviens folle... Marmonnais-je en me passant la main sur le visage.

_ C'est la fatigue. Besoin d'une berceuse ? Raille-t-il.

_ Besoin de refaire l'isolation et de refaire le cadre des fenêtres, plutôt. Il gèle. A moins que... Ce n'est tout de même pas ce que je crois... Dîtes-moi pas que c'est pas vrai...

       J'ai droit à un sourire amusé pendant que je serre la couverture autour de moi et retiens mon cœur qui commence à s'emballer.

_ Tu as quelque chose à me dire ?

_ Vous aussi, apparemment. Et l'heure se prête aux confidences.

_ Ne soit pas ridicule, voyons.

_ Qui est-ce ? Ce n'est pas parce que je ne la vois pas que je ne la sens pas.

       J'entends un soupir exaspéré pendant qu'il va s'installer dans son fauteuil. Je me penche légèrement dans l'attente d'une histoire, ce qui ne tarde pas vraiment, pour mon plus grand soulagement. Même si je sens que je vais vite déchanter.

_ John et Mary se sont rencontrés pendant mes deux ans d'absence, après mon « suicide ». J'ai gâché sa demande mais j'ai tout de même été invité au mariage. Mariage durant lequel j'ai découvert que Mary était enceinte, soit dit en passant, en plus d'avoir résolu une tentative de meurtre. Mais là n'est pas le sujet. J'avais cherché à savoir qui était réellement Mary Watson. Durant cette recherche, en utilisant son nom d'avant le mariage, j'ai fini par comprendre qu'elle était une ex-agent secrète voulant une vie normale.

_ Mais encore ?

_ Mary s'est fait tirer dessus. J'aurais dû recevoir la balle, elle l'a prise à ma place. J'avais fait le serment de les protéger, John et elle, et j'ai failli à ma tâche. John m'en a voulu pendant longtemps mais c'est compréhensible. Je comprenais sa volonté de rester loin de moi.

_ Et vous dites que vous ne ressentez rien ? Sincèrement, je ne vous ai pas cru quand vous vous revendiquiez sociopathe. Peu de personnes on le privilège d'être dans votre entourage proche mais vous êtes capable de ressentir des émotions. Cessez de fuir ce que vous êtes réellement. Et désolée pour Mary. Elle devait être extraordinaire.

       J'ai droit à un regard étonné, ses yeux brillent, preuve qu'il retient ses larmes. Le deuil n'est toujours pas fait, la preuve avec la présence de Mary en tant que fantôme dans l'appartement. Elle veille sur ceux qui lui sont chers, même s'ils ne la voient pas. J'aurais aimé la connaître, mais c'est malheureusement trop tard.

_ Tu ne remontes pas ?

_ Je n'ai clairement pas le courage. Répondis-je en m'allongeant dans le canapé.

If love is just chimic, I'm a scientist (Sherlock Fanfiction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant